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Détail qui à son importance, il faudra s’armer de concentration pour le commun des mortels. Non pas que le film soit compliqué, il est même précis sous ses voûtes informatiques, mais le spectateur n’est pas pris par la main. Tout est expliqué, mais cela va vite, les novices du hacking ne seront pas perdus, mais pour cela il ne faudra lâcher aucun dialogue, au risque de trouver certaines séquences confuses.
Passé ce détail qui n’en n’est pas un, dès les premières minutes Michael Mann confirme qu’il est, et reste, un fin observateur de notre monde et des composants qui le constitue. Il met en scène avec talent les possibilités infinies du hacking, les représente physiquement (plan séquence du début) tout en les inscrivants dans un contexte actuel (post 11 septembre et société néo capitaliste sont des points sous-jacents).
Mais là où les premiers bugs arrivent c’est quand il s’aventure dans les « dossiers » sentimentaux. Présents dans chacun de ses films, souvent intéressants et maîtrisés, ici, les dé-clics émotionnels ne semblent être qu’un faire-valoir à l’avancer de pans de son histoire. Pire, on est presque gêné par le côté vintage, presque forcé et trop facilement amené de la relation sentimentale. Ombre qui obture une certaine limpidité à « Hacker ».
L’autre erreur de programme serait (...)
Passé ces éléments qu’on avait peu l’habitude de voir chez Mann, toujours proche d’un réalisme et d’un profond lyrisme, « Hacker » s’avère tout de même une belle réussite (désolé on a laissé notre objectivité dans la salle).
Le réalisateur confirme qu’il n’a aucun équivalent pour filmer les scènes d’action (fusillades qui rappellent celles de « Heat » ou comment rendre dynamique le hacking, en gros, des traques…sur écran d’ordinateurs).
Et quand le film s’inscrit lors d’autres séquences au plus proche de l’esthétique soyeuse du réalisateur (lumière, montage son exceptionnel), de l’élégance (mouvements de caméra, cadres et focales travaillés avec précision) et d’une dextérité, d’une technique inégalées dans le genre, on retrouve les ingrédients qui font que le cinéma de Mann est unique.
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Il difficile de croire que le film séduira le plus grand nombre, de part son postulat de vente, conjugué aux désirs premiers des spectateurs venus voir un divertissement léger, clair et efficace. Pour les autres, habitués du réalisateur, et ce malgré quelques artéfacts (faiblesse de certains pans du scénario notamment), le plaisir est de nouveau au rendez-vous, pas forcément total, mais le plaisir de retrouver les principaux ingrédients de la percussion « mannienne » sont bels et bien présents, un retour en forme du maître, qui, s’il n’est pas parfait, s’avère plus que savoureux.
A l’ère du numérique on peut composer notre objectivité de 0, et du plaisir de retrouver le metteur en scène un peu perdu lors de son précédent film, d’un 1, majeur et grand vainqueur.