"Fury" produit un effet et même un choc impressionnant, autant le dire de suite et sans ambages... On est en effet d'emblée complètement immergés dans cette fin de guerre, du reste assez peu évoquée en général, quand les Américains en avril 45 sont plongés en plein dans le territoire ennemi, l'Allemagne en déroute, dans des combats désespérés et jusqu'au boutistes, combats de la dernière cartouche où on a tout à gagner et tout à perdre ! Et c'est bien là que le film est brillant et puissant, par cette grande détermination encore sans faille que ce sergent Collier et ses soldats ont ensemble alors qu'ils se demandent tous ce qu'ils ont bien pu avoir fait pour être encore en vie... ! On reste subjugué par le jeu des acteurs tous époustouflants avec ces têtes abîmées, défaites et fatiguées, que ce soit Brad Pitt formidable et les autres également excellents ! Mais la palme revient vraiment au jeune Logan Lerman, par l'intensité de son jeu et de son regard, dont les fameux yeux bleus effrayés qui s'éclairent intensément dans le viseur du tank, resteront pour moi une référence. C'est justement ce tank, personnage à lui seul, qui va mettre en relief cette micro société où ces quelques hommes très différents par leur personnalité, cohabitent dans la plus grande promiscuité, dans les conditions les plus difficiles et aussi dans la plus grands douleur morale et physique. Ceux-ci nous offre une peinture saisissante et intelligente de la situation inextricable dans laquelle ils sont tous éperdument acculés... En tant que spectateur, on est donc en perpétuelle fascination devant le comportement et l'évolution de chacun, et en particulier par le très jeune Norman, hagard, fortement traumatisé et fragile, mais étonnant dans son insoupçonnée et lente adaptation dont la transformation est sidérante ! Les scènes de combats sont d'un réalisme à couper le souffle jusqu'à la fin absolument grandiose et surtout la chute finale très éloquente... Ce qui n'empêche pas à ce film de passer par des moments plus intimes, plus personnels, dont celui dans cet appartements où vivent deux Allemandes. Cette partie est littéralement bouleversante par l'observation des échanges et du comportement des uns et des autres ! Impressionnant là aussi ! "Fury" vaut immanquablement le détour par cet aspect d'un réalisme incroyable, presque documentaire et aussi par l'étude de la nature humaine très révélatrice de la complexité et de la diversité des caractères ! Cette folie meurtrière qu'il n'a pas été possible d'éviter nous laisse terrassé et presque dans un état second et bien que, même si notre époque est plutôt morose, nous n'avons finalement pas à nous plaindre face à cette période de l'histoire sanglante ! D'ailleurs, l'homme a-t-il su tirer des leçons de ces massacres quand on voit ce qu'il est capable de recommencer sans état d'âme aucun ?