L’on ne sait décidément pas pourquoi, à maintes reprises, les tentatives de polar à la française tombent inlassablement dans une forme de routine qui leur est préjudiciable. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer, ici l’essai est signé Olivier Panchot. A l’image du très morne Les Lyonnais, pourtant attendu au tournant, d’autres exemples sont légions, le film noir de Panchot, doté d’un titre très fin, peine sincèrement à trouver son rythme de croisière. Sans doute à vouloir noircir incessamment le tableau, le metteur en scène omet de donner une âme à ses personnages, des protagonistes qu’il semble apprécier torturer. En somme, le cadre a du potentiel, le propos pourrait être conséquent, mais le manque d’attachement aux divers intervenants plombe littéralement l’appréciation que l’on pourrait avoir de l’œuvre. Oui, ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Le tout, sans âme, lisse à force de vouloir titiller le réalisme absolu, peine à convaincre. A l’image de son acteur principal, Jalil Lespert en mode Bad-Ass, le film tourne au ralenti, dans un faux rythme handicapant qui ne permet pas l’identification aux diverses parties du polar. Des corses, truand de montagnes débarquées historiquement à Marseille. Des arabes, maghrébins peu farouche avides de prendre le pouvoir du banditisme dans la cité phocéenne. Là au milieu, une famille déchirée, un fils exilé de retour, après désertion de la Légion. Un père ayant délaissé son empire criminel pour sauver l’honneur de sa famille, la vie de son fils. Soyons certains, un propos bien plus dramatique se cache sous cette ersatz de polar traditionnel, jamais vraiment violent, à une exception près, jamais réellement prenant, là sans exception. Oui, voilà que sous ses allures de film de gangster, se cache un drame familial. Certes.
L’expérimenté, n’ayant pourtant jamais réellement percé en France, Tchéky Karyo, endosse le costume du doyen, du père absurde rongé par les secrets. La complémentarité entre le faux-héros, Lespert, et son père, s’avère tout autant inexistante que l’intensité du récit. Tout semble relativisé, tout semble fluet, alors que le metteur en scène s’efforce de faire de ses personnages de victimes du drame qu’il orchestre. Peu convaincant. Par ailleurs, sa mise en scène s’avère très fragile, mollassonne, constat incontestable lors des quelques phases d’action, aussi peu bruyante que spectaculaire. En gros, quand Jalil Lespet se bat, le tout sent clairement la chorégraphie minutieuse. Il en va de même lors des quelques accrochages en véhicules.
Bref, une nouvelle tentative infructueuse dans l’univers français du polar, alors qu’Outre-Atlantique, le genre fait figure de valeur sûre. Olivier Panchot ne fait donc pas mieux que ses prédécesseurs et démontre un grand nombre de faiblesses dans sa mise en scène, trop molle et trop peu engagée. On ne s’attache décidément pas à ses personnages, on peine sincèrement à s’intéresser au drame qui couve sous ce polar traditionnel. En gros, la marque d’un film insuffisant, d’un essai infructueux qui ne convaincra que peu de monde. Les bonnes intentions, lorsqu’il s’agit de s’affirmer, ne sont clairement pas suffisantes. En voici la preuve. 06/20