En regardant la bande d'annonce, les critiques sur ce film et deux du dernier filme de Gondry ainsi que les clips du dernier film de Gondry, je pensais trouver un filme de génie. J'ai bien aimé écouté Chomsky, mais l'animation était fatigant et répétitif. Le directeur répétait sans cesse les mêmes images à un rythme qui ne variait pas beaucoup et de manière assez rapide et psychédélique, ce qui peut être amusant pour un clip vidéo de 3 minutes mais qui est hypnotisant, endormant et agité pour un long métrage. Je trouvé, même si l'idée est bonne, ça rendait le sujet plus compliqué et moins agréable à écouter. J'aurais aimé voir Chomsky davantage et en plus grand. Parfois les images étaient bien vu, mais plein de fois ils auraient pu se ralentir, s’arrêter ou s'intercaler avec davantage de clips de Chomsky le train de répondre ou des images de la vie.
J'ai apprécié par contre les questions biographique que le directeur à posé à Chomsky et les animations de ceux ci.
Je ne regrette pas d'y être allée, mais je ne le recommanderais pas forcement, ou bien: à vos risques et vos périls...
Inutile de connaitre à amont Noam Chomsky, son travail de linguiste, ses théories métaphysiques et son militantisme droit-de-l'hommiste, pour se frotter à ce documentaire hors du commun dès l’instant l’où fait un tant soit peu confiance au génie créatif de Michel Gondry et à sa persévérance pour mettre autant de cœur à ses petites réalisations intimistes qu’à ses fictions plus grand-public. Filmée à la pellicule via une vieille caméra Bolex 16mm, l’interview de cet intellectuel vieillissant et chaleureux n’apparait qu’à moins de 10% de l’image, le reste étant fait de dessins animés grâce auxquels Gondry parvient à donner de la vie aux conversations tantôt philosophique, tantôt plus intimes entre ces deux individus à l’esprit bouillonnant qui ne semblent pas gênés la barrière de la langue (l’accent et le vocabulaire anglais de Gondry sont limités, mais il s’en amuse). Parfois confus et rébarbatif, au grand dam des spectateurs les moins ouverts, cette expérience sensorielle sans précédent artistique, qu’est celle de donner autant d’importance aux propos de l’interviewé qu’à la conceptualisation visuelle de l’interprétation qu’en fait l’intervieweur, est pourtant particulièrement intéressante tant sur le fond que sur la forme puisque toutes deux poussent, à sa manière, à la liberté de penser par soi-même.
Commençons par rappeler une évidence: dans ce film, l'intérêt majeur c'est son sujet (Chomsky), et pas son réalisateur (Gondry). Je la rappelle ici parce que M. Gondry m'a donné l'impression agaçante de vouloir tirer la couverture à lui. Sa démarche m'a fait penser à ces fans, sincères mais quelquefois mufles qui, quand ils ont la chance de rencontrer leur idole, se font photographier à côté d'eux. Et c'est exactement le propos de ce film, d'ailleurs énoncé en préambule par Gondry lui-même: faire un film avec Chomsky avant qu'il ne meure. Pour la muflerie, ça se pose là. Et encore, je ne relève pas tous les indices qui révèlent combien Gondry se moque de la pensée de Chomsky. Ce qui compte à ses yeux de fans, ce n'est pas ce que Chomsky dit, mais qu'il soit là, dans son film. C'est petit. Quant à l'emploi de l'animation, je dois dire que j'étais curieux de voir comment elle servirait à illustrer le propos de Chomsky, rigoureux et sévère quoique plein de bienveillance. L'idée me semblait originale et prometteuse. Eh bien sachez qu'elle se révèle contre-productive: impossible de se concentrer sur les deux, tant l'animation fait figure de digression, de rêverie, de divagation s'appuyant sur la voix de Chomsky. Elles ne s'épaulent pas, elles s'ignorent mutuellement. Au final, était-ce vraiment pertinent? En fait, la seule raison valable d'aller voir ce film, c'est d'adopter la même démarche de son auteur, et de ne le voir que pour le plaisir de dire ensuite:"J'ai vu le film de Chomsky/Gondry", en fonction de celui que vous admirez bêtement. Ce film est raté. A la place, je vous recommande "La Fabrique du consentement", qui de surcroît vous dira mieux que moi pourquoi ce film, en plus d'être mauvais, est nocif.
Ceci n'est pas un film, ni un documentaire, c'est un objet non identifié. Ceci est pour tous ceux qui partagent la culture de la science, du doute, de la remise en cause, de la déconstruction, de la réflexion, de la discussion, de la polémique, de la philosophie, de l'épistémologie, et tout simplement de la culture et du savoir. Ceci est une conversation avec l'un des plus grands penseurs vivants trop méconnu, reconnu et lu en France notamment. Ceci est une invitation à entrer quelque peu dans la pensée de Noam Chomsky, célèbre linguiste et philosophe américain. Depuis ses souvenirs d'enfance à ses grands travaux et la construction de sa théorie sur le langage. Ceci est un voyage animé "pinkfloydien" dans une conversation entre le réalisateur français Michel Gondry, de notamment Eternal sunshine of the spotless mind, et ce grand savant qu'est Noam Chomsky.
On sait que Michel Gondry a un véritable goût pour l'intimisme mélangé à un univers fait de bric et brac qui n'appartient pas qu'à lui. C'est d'ailleurs cela qui donne à ses long-métrages un parfum de naïveté magnifiquement mélancolique. Sa rencontre avec un grand intellectuel tel que Noam Chomsky n'est donc qu'une semi-surprise car bien que les concepts intellectuels très ordonnés du linguiste semblent a priori peu convenir aux trouvailles débordantes de fantaisie de Gondry, on retrouve au sein de cette conversation un artiste intimidé qui fait profil bas face à l'intellectuel. "A ce moment-là je me suis senti ridicule, adresse-t-il au spectateur, mais je devais vous montrer cette séquence". En dressant le portrait admiratif de Chomsky, Gondry nous fait part indirectement de sa propre image qui ressemble en tout point à son cinéma. Une sincérité émouvante émane de sa voix lorsqu'il interroge Noam Chaumsky ou lorsqu'il livre quelques anecdotes de sa propre vie (les objets dans la salle de montage du "Frelon Vert" dont il avait la sensation de les identifier directement par leur vécu, l'obsession de son épouse pour l'astrologie...). Mais le philosophe, par sa pudeur, noue aussi une certaine complicité avec le cinéaste et donne des arguments très riches à sa théorie. Il est vrai que dans ce flot continu d'explications souvent complexes, on peut aisément s'y perdre et un autre visionnage ne serait pas de trop afin de comprendre toutes les subtilités du raisonnement de Chomsky. Néanmoins, on se rend compte que sa démarche scientifique est à la recherche d'une certaine simplicité enfantine. Comment un enfant peut-il de façon aussi rapide comprendre les codes du langage qui l'entoure? C'est en partie de là que part la théorie de la grammaire générative. Un retour à la source qui est sans nul doute un point en commun à ajouter au cinéma de Michel Gondry. L'intellectuel, s'il est parfois "perplexe" face au monde, n'est-ce pas aussi celui qui est encore capable de s'étonner, de porter un regard bienveillant sur les choses? "Nature is simple" dira-t-il et c'est peut-être cela qui en fait sa beauté.
C'est vrai que la brève animation avec sa femme est toute en retenue et magnifique, j'ai bien aimé aussi l'exposé sur son éducation et plusieurs autres points MAIS dans l'ensemble, je regrette d'y être allée, j'ai failli partir en cours de projection et je voyais mes voisins se tâter aussi : très orienté linguiste, prise de chou... ok c'est un linguiste mais j'aurais préféré plutôt qu"il expose ses convictions/positions hautement plus intéressantes
Chacun ses loisirs. En doux malade et entre le montage du Frelon vert et le tournage de L’écume des jours, Michel Gondry, obsessionnel parmi les obsessionnels, n’a rien trouvé de mieux à faire que de consacrer deux ans de sa vie à monter dans son coin cet étonnant documentaire animé de sa rencontre avec le grand Noam Chomsky. Document assez unique par son intégrité intellectuelle et artistique, le dernier Gondry est un vrai éloge de la curiosité, un vrai Gondry donc.
Ceux qui s’attendent à trouver dans cette Conversation animée avec Noam Chomsky autre chose qu’un objet intellectuel risquent d’être déçus. Ceux qui ont au contraire soif de pure réflexion conceptuelle seront au contraire servis : malgré ses jolis dessins, le dernier Gondry est bien un pur esprit, uniquement occupé de sautiller gaiment d’une idée à une autre.
Bien sûr les animations de Michel Gondry, d’une fantaisie rafraichissante et maline à la fois, permettent à l’esprit de digérer un peu mieux 90 minutes d’une rare densité, et l’on retrouve là le Michel Gondry qu’on connaît bien, artisan avant tout et depuis toujours passionné par le remodelage du réel. Mais comme il tient à le préciser dès les premiers instants, l’essentiel n’est pas là : le plus important est bien de profiter de ce rare moment d’échange entre un cinéaste ramené à sa condition de simple mortel et l’un des intellectuels les plus marquants de l’après-guerre, que ses 80 ans passés ne semblent jamais entraver dans sa capacité de démonstration.
Mais plus qu’une simple retranscription d’entretien, cette conversation animée est aussi un documentaire sur le documentaire. Persuadé que les documentaires classiques ne sont finalement que des films biaisés qui ne s’avouent pas, et il a quelque part raison, Gondry prend résolument le parti-pris d’une linéarité totale, sans montage grossier ou discours sous-jacent. Il reste bien sûr un peu de mise en forme, ne serait-ce que parce qu’il n’a pas tout gardé et qu’il faut bien un peu accentuer certains passages, mais difficile de ne pas reconnaître à Gondry cette intégrité : son film est bien l’élégant mais fidèle récit d’un dialogue entre un vieux sage et un jeune béotien essayant laborieusement de se mettre dans ses pas.
Et Gondry de se perdre parfois lui-même dans la sinueuse pensée de Chomsky, et de nous en faire part à chaque fois qu’il a le sentiment que la barrière de la langue (surprise pour un artiste si transnational, Gondry parle anglais comme une vache espagnole) et de l’habitude intellectuelle (60 ans de travail intellectuel d’écart entre les deux quand même) se mettent en travers de sa volonté d’exploration et de questionnement. C’est aussi dans ces intervalles montrés au grand jour, d’habitude passés sous silence, que naît l’originalité et l’intérêt de cet objet finalement plus intellectuel qu’artistique, dont la capacité probable à ennuyer certains (mieux vaut effectivement s’intéresser un tout petit peu au fond du débat) est finalement peut-être le meilleur compliment. Arte au cinéma, c’est possible.
Réflexion sur la science, l’homme et la liberté, Conversation animée avec Noam Chomsky est la preuve que l’on peut encore produire et distribuer des œuvres n’ayant pas la moindre aspérité commerciale, si tant est que l’on ait un grand nom et qu’on l’on soit prêt à s’en servir pour la bonne cause. C’est aussi évidemment un admirable essai de vulgarisation sur la théorie du langage, qui persuadera peut-être certains de creuser un peu plus un sujet en apparence aride mais recelant au final une infinité de questions toutes plus existentielles les unes que les autres.
Je ne comprend pas très bien que l'on puisse mettre une note intermédiaire à ce film ; il est pour moi une expérience inédite, un voyage à la fois confus et naïf, une perte de repère à la fois picturale et philosophique, qui illustre la pensée et la personne de Chomsky comme jamais - ce qui est évidemment le but et l'intérêt de ce documentaire. Je ne comprend pas car pour moi c'est ou l'on adhère, l'on accepte de se laisser porter par ces vagues de couleurs fluos, de théories surréalistes, soit l'on accroche pas. Je reprocherai à la majorité de la critique une frilosité intellectuelle un peu décevante, moi qui ait été totalement conquis - qui plus est après la bouse tirée du best-seller de Vian qui tint lieu de dernier film à Gondry. Une vraie surprise, jamais on n'avait parlé de philosophie comme ça, jamais on n'avait vu de telles images, jamais on n'avait vu telle rencontre, et malgré ce que la friction des mondes peut avoir de déconcertant et de parfois maladroit (c'est le lot de toute expérimentation), ce sont aussi ces élans d'imprévisible inspiration qui nous font adorer le cinéma.
Début extrêmement jouissif. Le fond et la forme sont vraiment passionnants. La pensée bouillonne, le dessin aussi, et l'humour agrémente l'ensemble. Peu à peu, hélas, les questions se révèlent poussives, anecdotiques. Le dessin très agité, voire agressif, prend dès lors toute la place, et l'ensemble fatigue. Le bouillon est devenu épais, et le narcissisme (du réalisateur) envahissant.
J'ai déjà lu le livre sur le bien commun de Chomsky et vu l'excellent documentaire Chomsky et Cie (voir sur le site Allociné) et je suis allée voir le film de Michel Gondry et ai été très déçue. Je m'endormais à un moment tellement certaines explications sont confuses et je ne mets pas en cause Chomsky mais Gondry car ce que j'ai lu et le documentaire Chomsky et Cie avait montré une pensée trés claire de Chomsky. Dans le film de Gondry, il n'y a pratiquement rien sur Chomsky comme militant en dehors du rappel qu'il a été emprisonné, je ne me souviens pas que Gondry ait parlé de la Fabrique du consentement alors que c'est un apport majeur de Chomsky. Je trouve donc que ce documentaire dessert Chomsky. D'ailleurs il y a eu une critique dans le journal de La voix du Nord où le journaliste ne parle que de Gondry et pas de Chomsky. Donc si vous voulez connaitre Chomsky , regardez plutôt les deux documentaires Chomsky et Cie de Olivier Azam et Daniel Mermet. Ils sont visibles en direct sur le site des Mutins de Pangée.
Fidèle à sa démarche bien personnelle, Gondry replace les propos dans le temps en faisant référence à ses autres tournages, évoquant ses maladresses linguistiques et la difficulté de présenter correctement ses questions. Mais pour que chacun puisse saisir la portée des paroles de Chomsky, Gondry use d’un outil inattendu : une animation bien plus psychédélique que didactique. Quitte à déstabiliser plus encore, Gondry dessine lui-même, parfois sur la pellicule, la plus subjective des illustrations. Sa référence en la matière est évidente et revendiquée : Emile Cohl. Les curieux sont invités à décortiquer les coffrets Gaumont consacrés au Cinéma Premier pour découvrir le travail de ce précurseur de l’animation. Comme lui, Gondry joue d’une animation fantasmatique, qui constitue un support imaginaire pour les idées évoquées. Raconter les pensées d’un génie avec une fantaisie et une légèreté totalement inapproprié est assez déstabilisant. Ça l’est d’autant plus lorsque la magie opère. Lorsque l’image se superpose à des propos et que l’ensemble fait sens, comme une évidence. Inévitablement, il est difficile de saisir du début à la fin toute la teneur des échanges, d’autant que les sous-titres, souvent bien utiles, nous font décrocher du fil de l’animation. Mais l’audace de ce documentaire unique à de quoi passionner le moins philosophe d’entre nous…