Premier à faire la critique de ce film, je commencerai en disant que c’est une très bonne surprise, même si on est loin d’un chef d’œuvre. Mas negro que la noche est un métrage raffiné, visuellement splendide, avec de superbes décors, une photographie riche (même si la qualité dans laquelle j’ai vu le film était plutôt médiocre), et une mise en scène plaisante, avec quelques plans très recherchés. On est tout à fait au niveau des métrages des Hammer de la grande époque, avec un zeste de gialli seventies (j’ai parfois eu le sentiment de voir Argento, celui de la trilogie animal). Coté casting, c’est non moins bons. Les quatre actrices principales ont un jeu qui a un peu vieilli, mais elles apportent une fraicheur décapante, et donne corps à leurs personnages avec conviction. Taboada exploite par ailleurs intelligemment leurs atours, filmant les quatre jeunes femmes en nuisettes, en sous-vêtements, en mini-jupes avec beaucoup d’élégance. Ce n’est jamais vulgaire et on dirait presque que la caméra glisse innocemment le longs des jambes des demoiselles ! La domestique de son coté dans son rôle antithétique des précédents joue sans originalité mais correctement.
Les acteurs masculins (clairement moins présents) ne sont par contre pas trop concernés par l’affaire, et leurs rôles m’ont paru bâclés. Taboada ne semblait en vouloir qu’à son quatuor, et franchement je le comprends !
Là où le bas blesse avec Mas negro que la noche, c’est au niveau du scénario. L’idée de base est très enthousiasmante, et fait penser vaguement à Hausu, un peu plus tardif. Mais le déroulement en lui-même manque de relief, s’avère mou voir très mou par moment, et sans ses actrices qui s’investissent franchement, le film de Taboada serait dur à avaler sur la fin (d’autant qu’il dure plus d’1 heure 40). Cette fin d’ailleurs est plutôt connue, et ne créée pas vraiment d’effets de surprise. En fait c’est assez plat, et le scénario manque de profondeur, d’intensité. J’ai été déçu de ce coté là, et c’est ce qui me fait relativiser ma note.
Pour ma part Taboada livre néanmoins un métrage abouti, qui mériterait d’être bien mieux connu car il a des qualités substantielles. Je souligne cependant que ce film n’est pas du tout horrifique, et lorgne vers un fantastique atmosphérique, fait d’apparitions et d’illusions. Il est heureux que le festival de Geradmer lui ait rendu hommage, car Taboada a sa place aux cotés des grands noms du cinéma d’épouvante.