Le réalisateur de Robert sans Robert Bernard Sasia est le chef monteur de Robert Guédiguian depuis plus de 30 ans. C'est à partir de Ki Lo Sa? (1985) qu'il a monté tous les films du metteur en scène jusqu'aux Neiges du Kilimandjaro (2011). Avant cela, les deux hommes se connaissaient déjà puisque Sasia avait été stagiaire mise en scène sur le premier film de Guédiguian, Dernier été (1980), et premier assistant réalisateur sur Rouge midi (1983).
Le réalisateur Robert Guédiguian a demandé à son monteur Bernard Sasia s'il connaissait quelqu'un pour réaliser un film sur lui dans le cadre d'une rétrospective du metteur en scène pour "Marseille 2013, capitale européenne de la culture". Le monteur se propose alors grâce à une idée qui lui effleurait l'esprit depuis des années : "Il m’est arrivé plusieurs fois en montant un film de Guédiguian de me dire 'Tiens, si je mettais le plan d’un autre film de Guédiguian. Sans le dire à personne. Est-ce que quelqu’un s’en rendrait compte ?'"
Robert sans Robert a la particularité de ne contenir que des images faisant partie de la filmographique de Robert Guédiguian. Un personnage extérieur vient s'intégrer à ces images, celui du monteur qui est alors une voix off par-dessus les images. La voix est naturellement interprétée par le réalisateur, Bernard Sasia.
Robert sans Robert est la première réalisation de Bernard Sasia, plutôt habitué aux bancs de montage. Il s'agit d'une coréalisation dont la seconde personne du duo n'est autre que Clémentine Yelnik, elle aussi dans le poste de réalisatrice pour la première fois, elle écrit cependant beaucoup pour le théâtre.
Robert Guédiguian a eu quelques réserves à voir son chef monteur attitré, Bernard Sasia, réaliser ce film. Lorsque celui-ci s'est proposé, Guédiguian a d'abord émis un long silence et à force d'entendre les arguments de son ami, a fini par donner son autorisation. Au final, lorsqu'on lui demande quelle a été la réaction du metteur en scène face au film, Sasia répond : "Bonne. Nous ne nous sommes pas fâchés ! Je l’ai même vu rire ! (...) Ces histoires parlent de Robert, de son cinéma, de la tribu, de notre amitié qui a marqué 30 ans de ma vie, mais aussi, de ma conception du montage, de mes rêves à moi."
Lorsqu'il s'agissait de remonter tout un film avec les éléments de toute la filmographie de Robert Guédiguian, Bernard Sasia n'a pas fait un travail de recherche habituel. En effet, il n'a pas revu les films de son mentor. Il explique : "Je me suis laissé guider par ma mémoire. Les plans qui sont dans le film sont principalement ceux dont je me souviens. Pas forcément les plus beaux, ni les plus significatifs."
Le travail entre les deux réalisateurs Bernard Sasia et Clémentine Yelnik était très intuitif selon le premier, qui raconte : "Nous étions chacun devant un ordinateur. Sur celui de Clémentine, un programme de traitement de texte pour écrire avec les mots (...) Sur le mien, un programme de montage pour écrire avec les images (...) Entre nous, un écran de télévision pour voir ensemble le résultat. Le film s’est écrit ainsi, sans scénario préétabli, devant et au regard des images."
En plus d'avoir fait partie de la rétrospective de Robert Guédiguian dans le cadre de "Marseille 2013, capitale européenne de la culture", Robert sans Robert s'est également invité à la Cinémathèque Française de Paris, encore une fois pour une rétrospective du réalisateur. L'évènement s'étant déroulé en février 2013, le film était donc présenté au public bien avant sa sortie nationale en salles.