Il y a des films méconnus qui passent en direct-to-video et qui mériteraient un passage en salle quand d’énormes bouses insultantes qui ont coûtées entre 100 et 200 millions de dollars se retrouvent à l’affiche de plus de 800 salles !! Et bien "Extracted" fait partie de ses petites perles qui devraient avoir une réputation bien plus élevée que celle dont elles jouissent. Partant avec un budget extrêmement réduit mais avec un scénario béton niveau écriture, le jeune Nir Paniry décide de réaliser lui-même son bébé, ce thriller futuriste où un ingénieur a inventé un dispositif permettant d’entrer dans l’esprit d’une personne et d’observer ses souvenirs. Afin de terminer le financement de son œuvre, il accepte à contre cœur d’aider le département de la justice à prouver qu’un détenu a bien commis le meurtre dont il est accusé. Malheureusement, il se retrouve piégé dans l’esprit du détenu, laissant derrière lui son corps inconscient et sa femme enceinte. Au bout de quatre années coincé dans cet esprit, il décide de tenter le tout pour le tout pour se sauver en entrant en contact avec le détenu dont il est « prisonnier ». Et bien voilà un pitch qui aurait sans conteste bien plus à l’auteur de SF Philip K. Dick, dont les œuvres ont déjà été largement adapté à Hollywood ("Blade Runner", "Total Recall", "Paycheck", "Next", "Minority Report", "A Scanner Darkly", "Planète Hurlante"), tant "Extracted" ressemble bien à son style si particulier. Cela peut aussi nous faire penser au film de Tarsem Singh, "The Cell", à la différence que Singh interprétait à l’écran l’esprit de son tueur par d’incroyables scènes de fantasmagories baroques, alors que Paniry prend le parti pris de l’authenticité des souvenirs sans aucun artifice. Et, à partir de cette réalité sans esbroufe, il arrive à bien explorer les possibilités que lui offre son script, avec une construction narrative soignée amenant son lot d’originalités (le système de « checkpoints » dans les souvenirs pour se donner rendez-vous est une excellente idée) et de réflexions (Que sont nos souvenirs ? Pouvons-nous les créer de toutes pièces ? Sommes-nous influencés par la vision ou les propos des autres ?). Le tout est très bien interprété par les deux rôles principaux Sasha Roiz (Tom) et Dominic Bogart (Anthony), dont la justesse de leurs prestations est tout à leur honneur et donne une crédibilité incroyable au film, jusqu’à cette fin originale baignant dans une atmosphère mélancolique : dantesque.
"Extracted" est donc l’exemple parfait qu’un film sans argent n’est pas forcément mauvais, bien au contraire : petit bijou de science-fiction humaniste, il arrivera à vous captiver et à vous ravir à la fin de sa vision. Mr Paniry, j’attends votre prochaine réalisation avec impatience !!