Roger Christian est loin d’être un génie, alors je me suis lancé dans Stranded sans conviction, attiré par un visuel attrayant. C’est un huis clos spatial assez faible, mais pas honteux.
Les acteurs font à peu près le travail, le film s’appuyant sur un casting un peu dégingandé, avec la tête d’affiche Slater, le second couteau dont on sait qu’on l’a vue quelques part mais on ne sait pas où Brendan Fehr, et une pléiade d’acteurs de secondes zones. Globalement on sent Slater un cran au-dessus, avec une prestation nettement plus marquante. Il n’est pas excellent ici, mais il impose une présence à l’écran lors de ses apparitions qui montre qu’il est tout de même d’un niveau supérieur à ses collègues. Fehr de son coté est convenable, mais sans être transcendant, et les autres assument plutôt honorablement leurs personnages. Stranded ne casse pas des briques de ce coté là, mais j’ai globalement apprécié des interprètes qui sont sérieux et appliqués, à défauts d’être géniaux, et qui donnent un peu de consistance à des personnages en revanche plus que moyens. C’est classique.
Le scénario est, comme le récent Créature que j’ai vu, inspiré d’Alien, teinté d’un soupçon de The Thing. Il y a des défauts cependant. La créature apparait peu, le film débute vite mais tend du coup à avoir une gradation discutable. Le film joue un peu aux montagnes russes, et ce n’est jamais du meilleur effet. De surcroit il y a beaucoup de lieux communs, avec même des citations trop explicites (sur la fin). Disons que l’ensemble se laisse regarder, mais que c’est un peu du remâché maladroit, sans réelle tension. Je rejoins quelques avis qui trouve que sur la fin ca devient prometteur, avec le sentiment que l’on rentre dans le vif du sujet. Et je ne peux pas leurs donner tort, puisque c’est finalement le seul moment où la créature semblant prête à en découdre nous dévoile vraiment son allure.
Coté réalisation Roger Christian nous fait donc du Alien-like. De ce point de vue c’est clair. Sa mise en scène est plutôt passable. En fait Stranded souffre tout de même d’un coté assez quelconque, avec une caméra qui n’est pas des plus judicieusement placée, et qui peine du coup à faire flipper dans les couloirs ! Le huis clos spatial est un art difficile, mais Christian ne démérite pas. La photographie en revanche tend à être un peu trop sombre, mais je pense que c’est pour dissimuler un peu les décors relativement limités. On sent quand même dans Stranded un manque d’ambition flagrant de ce coté là, lié surement à un manque de moyen Pourtant Créature que j’ai critiqué, datant de 1985, se positionnant sur un thème similaire et avec aussi peu de moyens proposait un travail plus soigné et abouti. Les effets horrifiques sont finalement très peu nombreux. En fait je n’en ai relevé qu’un véritablement, et il surprendra d’ailleurs par sa violence au milieu d’un métrage au bout du compte des plus soft. Enfin la bande son n’apporte rien niveau ambiance ou tension, j’attendais clairement plus, j’imaginais même un truc rock ou electro, un peu à la manière de Doom avec Dwayne Johnson. J’imaginais d’ailleurs que le film aurait entretenu plus de rapport avec ce genre de série B bourrine, je pense que ca lui aurait été profitable, plutôt que de se positionner maladroitement dans les traces d’Alien, et du genre délicat du huis clos spatial.
En clair, Stranded n’est pas déméritant. Disons qu’il se laisse regarder, avec des acteurs corrects, quelques bons moments, et un ensemble visuel faiblard mais pas infâme non plus pour une petite production. Toutefois il aurait du être conscient de ses limites, et il aurait du essayer d’offrir un spectacle fun et décomplexé, où ses limites seraient apparues moins criantes. Je lui accorde 2.