Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Fêtons le cinéma
709 abonnés
3 080 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 11 octobre 2021
Geronimo: The Story of a Great Enemy s’ouvre et se referme sur un discours politique affirmant la nécessité de « sécuriser les frontières de notre pays » après la guerre de Sécession ; le récit-cadre ne sera ainsi que l’illustration de cette donnée, le chef indien apparaissant aussitôt telle le bouc-émissaire d’une violence d’État qui, par la guerre, lui arracha sa famille et fit naître une soif de vengeance. Le film de Paul Sloane a l’intelligence de redoubler cette thématique de la frontière par celle du conflit familial ; ce faisant, il déplace le caractère fratricide des affrontements depuis l’historique vers l’intime, la relation houleuse qu’entretient John Steele junior avec son père autoritaire et froid. D’un côté, nous avons un héros militaire qui ne sait plus comment assumer sa paternité – il est hanté par le spectre de Napoléon, général tyrannique et rigide – ; de l’autre, nous observons la guerre intestine entre deux visages de l’Amérique. Nul hasard, par conséquent, si Geronimo finit par se déguiser en soldat pour tromper ses ennemis : il n’y a qu’un costume et qu’une couleur de peau qui séparent ces individus, réunis sinon autour d’une même humanité elle aussi ébranlée par les heurts.
Divertissement bien exécuté, fort de séquences d’action rythmées et mises en scène avec talent, Geronimo: The Story of a Great Enemy s’affirme comme un western de qualité qui revisite la légende du chef indien à la lumière des préoccupations géopolitiques de son temps – nous sommes au début de la Seconde Guerre mondiale, et la notion de frontière est d’actualité –, un long métrage injustement tombé en désuétude, voire disqualifié sous le prétexte d’un racisme qui n’a aucune raison d’être.
Ce western n’est pas un grand film mais il sort de l’ordinaire par son originalité et l’intérêt du sujet traité d’une façon très réaliste pour l’époque. Il a du à sa sortie bousculer les idées de nombreux spectateurs par son coté impitoyable et violent. Le pire étant l’assassinat par les indiens d’une femme âgée totalement effarouchée et innocente en tout. Le traitement réservé à un des héros de l’histoire, le plus intéressant des trois et lui aussi très insolite, personne ne peut s’attendre à ce qu’il advient à Preston Foster et que les dernières images du film lui reviennent. Le point faible du film portant essentiellement sur John Steele dont la personnalité manque de charisme. Le point fort demeurant Cochise tant pour l’interprète convaincant et le personnage ultra vindicatif.