Outre la performance toute en nuance de Tom Hardy qui porte le film sur ses épaules, l'originalité du scénario assumé qui respecte la règle des trois unités du théâtre classique (unité de lieu, de temps, d'action), ce "Locke" qui pour beaucoup pourrait paraître ennuyeux à l'heure du tout mâché et d'une course aux rebondissements et autres effets spéciaux, m'a enthousiasmé à plus d'un titre.
l'introspection du personnage principal, coincé tout le film dans l'habitacle de sa voiture, est d'une formidable et efficace simplicité. Face à ses quatre interlocuteurs du présent et son interlocuteur du passé, un père qui l'obsède et à qui il refuse de ressembler,Ivan Locke a décidé de faire face à ses erreurs quel qu'en soit le prix à payer. Chacun de nous peut alors réfléchir à sa propre histoire, à ses propres choix quand il s'est retrouvé à devoir choisir un chemin plutôt qu'un autre, au risque de voir s'écrouler ce qu'il a construit, et c'est là toute la quintessence du propos du film: assumer ou ne pas assumer, faire face ou ne pas faire face. Ivan Locke est un héros de tragédie grecque, qui va se dresser contre tous pour aller au bout de ce qu'il croit être la bonne décision, avec une rigueur et une détermination sans faille.
A l'intelligence du fond se greffe l'intelligence de la forme, avec cette route vers laquelle il avance inexorablement, courageusement, ces voitures qu'il croise, dépasse, ces lumières qui changent, rythment ses pensées, ses humeurs. "Locke" n'est pas forcément facile, il se mérite...