Autant commencer par la remarque inévitable concernant ce « Game Night » : oui, c’est clairement dans la veine de « Comment tuer son boss ? » ! Je le dis tout de suite parce que je pense que ça va poser beaucoup de choses d’entrée. Certes, ce n’est pas vraiment le même film - personnellement je trouve même ça plus abouti et plus subtil – mais ça reste quand même plus ou moins construit de la même manière, avec les mêmes qualités et défauts, et tout cela selon le même état d’esprit. Et si à présent vous vous attendez à ce que je vous fasse dans la foulée la petite liste de ces qualités et défauts, eh bien – je vous le dis aussi tout de suite – vous êtes pour le coup vraiment mal tombé avec moi ! Parce que, oui, étant très client de ce genre de démarche, j’avoue que tout ce qui pourrait apparaître à certains comme des défauts, pour moi s’en ai jamais vraiment. Pourtant c’est vrai que tout est au fond assez simple et assez superficiel dans ce film : les personnages sont caricaturaux, les situations sont très scriptées, et la réalisation n’entend clairement pas révolutionner le cinéma. Mais d’un autre côté j’ai du mal à voir comment on peut reprocher ça à ce « Game Night » car, pour moi, ces caractéristiques participent clairement à l’efficacité du dispositif. En gros c’est la petite comédie qui entend faire simple et efficace et qui, pour moi, a su se focaliser surtout sur les points cruciaux de ce genre de cinéma. Pour ce qui est du scénario par exemple, on sent que les efforts ont surtout été fournis sur le rythme et la simplicité. Alors oui, c’est vrai que le tout début flotte un peu, le temps de tout bien poser. J’ai envie de dire que c’est le prix à payer pour la limpidité même si d’autres films observant le même schéma (je pense notamment à « Very bad trip » et « Projet X ») s’en sortent quand même largement mieux en terme d’exposition. Dans ces deux films, chaque détail est présenté de telle manière à ce qu’on puisse déjà anticiper les galères à venir. Pas de ça dans « Game Night » qui est beaucoup sage et scolaire. Mais au moins a-t-il le mérite de gérer ça très vite, et passé dix minutes, on est déjà dans le vif du sujet. Dès lors, le film parvient à dérouler intelligemment – sans à coup – et enrichit progressivement son récit de couches successives. Certes, je n’ai jamais été subjugué par la dynamique affolante de l’intrigue, mais d’un autre côté à aucun moment je n’ai senti de temps mort ou de ventre mou, et en fin de compte le climax final monte tranquillement mais sûrement, avec une conclusion que j’ai trouvé vraiment bien ficelée. Et c’est dans cette logique là que je trouve que la simplicité globale de ce film fait au final vraiment mouche. Parce que oui, les personnages sont caricaturaux, c’est vrai. Mais c’est aussi grâce à cela qu’on les cerne très rapidement et qu’on parvient à anticiper toutes les situations et problématiques à venir. De même, le fait que les situations soient scriptées font qu’elles sont lisibles et qu’elles peuvent s’emboiter sans rupture. Et surtout, concernant la réalisation… eh bah au fond je lui tire mon chapeau. Parce qu’à bien y réfléchir, face à un tel dispositif reposant essentiellement sur un humour de situation, il n’est jamais évident de se montrer inventif et audacieux. L’humour repose souvent sur l’usage ou la rupture de codes. Il faut donc savoir s’en tenir au bon abécédaire de la réalisation et pour le coup c’est vraiment le cas, ce qui n’est pas forcément toujours évident. (…ou alors il faut avoir le talent de Ben Stiller, mais ça c’est une autre histoire !) Mais bon, malgré tout, l’air de rien, au milieu de toute cette démonstration de discipline, le duo Daley / Goldstein se risque tout de même à quelques courses poursuites sobres et bien ficelées, avec notamment quelques détails que pourraient envier quelques blockbusters. (
Moi je dis notamment chapeau pour la course-poursuite sur l’aéroport, avec la bagnole qui vient déglinguer le train avant du jet. Pas évident à mettre en place et très claire. Idem pour cette caméra dont le cadre suit parfaitement l’axe des véhicules. Perso, je ne sais pas comment ils ont fait. Est-ce qu’il y a une fixation retirée ensuite numériquement ? En tout cas, chapeau !
) Et preuve qu’il n’est pas forcément utile d’en faire des tonnes pour faire efficace, je trouve qu’au final toute la pertinence de ce « Game Night » repose dans son sens de la mesure. Mesure au niveau de l’humour qui évite le pipi-caca-culcul-coke qu’on retrouve souvent dans ce genre de production. Mesure aussi dans l’interprétation des personnages qui savent ne pas trop en faire. Mesure aussi dans la manière de ne pas trop surappuyer les péripéties. Et c’est parce qu’il n’en fait pas trop qu’il fait très bien ce film. Alors après – attention quand même ! – pas de chef d’œuvre non plus. Mais d’un autre côté ce n’était clairement pas la prétention de ce film qui affiche ouvertement pour seule ambition celle d’être un spectacle sympathique, agréable et drôle. Eh bah pour le coup, je trouve que les gars ont misé juste. J’ai passé un très bon moment et pour sûr que je me le reverrai un de ces quatre, histoire de repasser un moment sympa… Bon après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)