Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu de Wakamatsu (ça doit marcher par période), et c'est vraiment un film sublime que j'ai pu voir. Déjà le titre, on a beau dire, mais Wakamatsu a toujours des titres qui donnent immédiatement le ton du film et qui sont d'une grande beauté, peut-être pas aussi beau que les titres de Fassbinder, mais quand même !
J'aime la proposition de cinéma que je viens de voir, Wakamatsu montre, à ceux qui veulent bien voir, qu'on peut faire du cinéma et du grand cinéma avec quasiment aucun budget, juste quelques acteurs, dans un terrain vague (et surtout quelques actrices qui se déshabillent), tout le reste après c'est de la mise en scène pour réussir à intéresser sur cette histoire qui a priori ne casse pas des briques. Parce que ce qui est offert est réellement somptueux, c'est poétique, violent, mais ça a également une douceur, ou du moins de la passion.
Le film ne s'embête pas à être réaliste, il se passe beaucoup de choses qui ne sont pas plausibles et pourtant vu comme c'est fait on ne peut que l'apprécier, on ne peut que rentrer dans le film, car celui-ci possède certes une bonne dose de symbolisme, mais surtout un côté réellement mystique. Ceci se voit par le passage du noir et blanc à la couleur lors de scènes vraiment fortes, mais aussi avec la réaction des bandits lorsque le héros revient, ils semblent avoir peur de lui, comme s'ils avaient vu le diable. Ils lui obéissent, ils le craignent et n'osent pas s'élever contre lui. Tout ça a réellement un côté hallucinatoire, on ne sait pas où on est, quand on est, tout n'as pas forcément de logique et pourtant ça a un sens, comme dans un rêve.
Les plus belles scènes sont celles où le héros et l'héroïne sont réunis, je pense à cette scène merveilleuse au début où le type est attaché, il ne trouve rien de mieux que de lécher la poitrine de la fille à côté de lui (logique imparable), il reconnaît la fille qui l'aime et qu'il aime... Puis ils sont attachés l'un à l'autre, la fille assise sur ses genoux, si on voit très bien qu'ils pourraient s'évader, défaire les noeuds de leurs liens, etc, non ils choisissent de s'embrasser. Et je trouve ça fabuleux.
Je suis sans doute passé à côté de pas mal d'aspects symboliques du film, enfin je vois que s'en est, mais je ne vois pas forcément ce que Wakamatsu voulait dire, avec par exemple cette fille crucifiée (on a droit alors à des plans sublimes où le héros se met à genou face à la croix...), mais je ne pense pas que ça soit grave car au lieu de comprendre j'ai ressenti et c'est assez rare au cinéma pour être signalé.
C'est vraiment un film qui en jette, un film beau et fort.