Voici le second spin off de l'univers Star Wars.
Si Rogue One expliquait ce qui se passait entre deux épisodes officiels, ici, le but était de comprendre le personnage mythique d'Han Solo.
Et ce point est déjà raté. Aucun des éléments de scénarios ou des évènements et intrigues auxquels il est lié dans ce film, ne nous fait comprendre pourquoi il devient le héros mythique de la saga.
L'introduction du personnage est expédiée, et plutôt que de le comprendre à travers différentes périodes de sa vie, ou plusieurs histoires qui ont fondé sa psychologie, le réalisateur nous envoie directement dans un climax du pauvre avec affrontement d'un tyran, course-poursuite et séparation fracassante avec sa petite-amie.
Après un bref passage en mode militaire qui donnait le sentiment que le film devenait "sérieux", voici que l'Han "le rusé" tombe sur des voleurs et devient leur larbin pour les aider dans un braquage de diligence/chemin de fer.
À ce moment, le début d'aventure trépidante se termine brutalement par la mort de deux side-kicks (dont l'éphémère Thandie Newton échappée de Westworld pour l'occasion).
Et le film bascule en mode Ocean's Eleven du pauvre, pour se la jouer "trahison", "double jeu", sur fond de groupes rattachés à l'Empire ou la future Rébellion.
Il ne manquait plus que l'apparition d'un colonel russe du GRU ou du chef du programme balistique nord-coréen pour rendre cette histoire encore plus limpide et surtout crédible.
Au-delà du scénario qui n'a aucun sens par lui-même, ni dans la continuité de la saga, on regrettera les choix désastreux de casting, la direction d'acteur transparente, les retournements de situation digne d'un soap drama.
Quand je vais voir un Star Wars, je veux être dépaysé, surpris, pris dans une aventure hallucinante, drôle et improbable à la fois, avec des héros trop choux et des méchants qu'on adore détester. Ce n'est jamais le cas ici.
Derrière les beaux paysages, les aliens bizarres, les costumes, vaisseaux spatiaux, effets spéciaux, on constate le vide, la vacuité du propos, l'absence de véritable concept au film.
Quant je vois le gâchis du génial Woody Harrelson, le jeu totalement à contre-courant de la charmante Emilia Clarke, ou la figuration grotesque du sympathique Paul Bettany, je me dit qu'il se sont vraiment plantés sur toute la ligne.
Quitte à faire un film sur Han Solo, faites-en une histoire raccord avec le personnage, qui raconte une de ses aventures du début à la fin, sans s'appesantir sur des détails que vous n'aurez pas le temps ni l'envie de développer.
Au final, on arrive à un pur produit dérivé, pour les jeunes qui rebutent à voir la vieille trilogie, pour le public chinois (l'unique raison du changement de titre du film), et pour les fans ultimes qui auront un sourire devant n'importe quel clin d'œil racoleur, égrené ici ou là.
Si la question est de savoir si faire un film Star Wars est difficile, la réponse est non. Mais faire un film audacieux, résolument novateur, sans tomber dans l'écueil du jeunisme ou les raccourcis scénaristiques simplistes, cela nécessite le génie d'un auteur inspiré et talentueux, qualité qu'on ne retrouve pas chez notre "plan B" Ron Howard.