Vous reprendrez bien un peu de Star Wars? Six mois après l'opus 8 "controversé", on retourne dans l'univers mais quelques décennies en arrière. Comme son nom l'indique, Solo va donc s'intéresser au célèbre contrebandier carburant à la tchatche et au blaster.
Est-il encore utile de rappeler le development hell qu'a traversé ce spin-off? Rumeurs de tournage chaotique, les cinéastes Phil Lord et et Chris Miller limogés pour "différents artistiques" sans parler des réécritures intensives après l'arrivée de Ron Howard au poste de réalisateur, ...Bref, comme si l'ordre de marche industrielle imposé par Disney ne suffisait pas pour entamer le charme évènementiel de la saga, voilà qu'en plus les batailles en coulisses laissaient présager une standardisation de ses films.
Pour certains, Solo est un bidon de lessive estampillé Star Wars. À mes yeux, Solo est surtout un Star Wars javellisé. Il n'est pas la catastrophe industrielle annoncé selon moi. Bien qu'il ne soit pas de bonne qualité. À la sortie, aucune rage. Juste une indifférence polie mais néanmoins difficile à camoufler. Oui, il y a du fan-service à tout va. Oui, l'histoire n'a pas grand intérêt. Et oui, le personnage manque cruellement de charisme (surtout comparé à la version d'Harrison Ford). Dîtes vous que le film va TOUT raconter : la rencontre entre Han et Chewie, le Faucon Millénium, Lando Calrissian, le raid de Kessel en 12 parsecs. Mais aussi les dés en or, le blaster, l'origine du nom Solo ! ...Quoi? Vous vous en foutez ? Bah c'est pas grave, on va vous le raconter quand même! Quitte à faire du contresens sur le personnage. Très clairement, ce spin-off contient sûrement la plus grande concentration de références et clins d'œils à la saga, et c'en est épuisant. Le drame, c'est que de l'autre côté, les "nouveautés" n'ont pas non plus grande saveur.
La mise en scène de Ron Howard est fonctionnelle, la photographie incroyablement sombre (certaines scènes sont presque illisibles tant l'obscurité domine), les comédiens sont - à l'exception du réjouissant Donald Glover (Lando)- au mieux corrects au pire fades. Je ne leur reproche pas, car vu les problèmes de production, ils ont probablement dû faire avec le peu qu'on leur donnait à jouer. Seules deux scènes d'action globalement trépidantes permettent au film d'éviter le mur, mais il est quand même malheureux de se dire que le film rejoindra la (très longue) liste de divertissements interchangeables et oubliables qui pullulent.
À la différence de l'épatant Rogue One, Solo cristallise à lui-seul le problème d'un rouleau compresseur tel que celui mis en place par Disney. Non seulement son existence n'était absolument pas obligatoire, mais il pose frontalement les limites de la logique primaire du studio aux grande oreilles. Quand George Lucas a vendu la franchise, c'était aussi une formidable opportunité pour tenter des choses, étendre l'univers. Pourquoi donc le réduire en s'acharnant sur ce(ux) que l'on connait déjà? Espérons au moins que l'échec de Solo aura remis les pendules à l'heure et permettra aux autres projets de se montrer plus modernes et entreprenants.