Comme le veut désormais la coutume où l'on alterne entre un Star Wars canonique et un spin-off par an, cette année on a le droit à un spin-off sur la jeunesse de Han Solo. Après un très bon Rogue One en 2016 qui montrait que cette envie d'opus alternatif n'étant pas forcément une mauvaise idée, on se retrouve sur quelque chose d'assez différent avec ce Solo. Un opus qui soulève plusieurs craintes, tout d'abord qu'elle est l'intérêt de raconter la jeunesse d'un tel personnage ? Surtout que le risque est de finalement le démystifier lui qui est devenu un des protagonistes les plus cultes et emblématiques de la saga. Mais aussi quel est l'intérêt pour ces spin-offs de vouloir absolument combler le vide entre la prélogie et la trilogie originale en nous contant des histoires qu'au final on connait déjà un peu, là où la saga pourrait essayer de faire quelque chose de nouveau. On sent un manque d'imagination certain et un manque de prise de risque pour des opus secondaires qui veulent capitaliser sur le succès des principaux au lieu de créer leur propre univers.
Surtout que ce Solo a même eu un développement chaotique, lors que les réalisateurs initialement attaché au projet, à savoir Phil Lord et Christopher Miller sont partis en plein tournage pour cause de différents artistiques et furent remplacés au dernier moment par Ron Howard. Le film partait donc avec un sérieux handicap alors que le projet était de base peu alléchant. Car là où Rogue One se concentrait sur des personnages inconnus et arrivait à créer des enjeux autour d'eux, Han Solo lui est un personnage culte. On sait que rien de grave lui arrivera à lui ou aux autres personnages connus de l'univers (Lando ou Chewbacca) et surtout comment imaginer un autre acteur que Harrison Ford dans le rôle ? Et pourtant, malgré tout ces craintes, le film arrive quand même à s'en tirer avec les honneurs surtout au niveau du casting. Même si Alden Ehrenreich n'a pas le charisme de Ford dans le rôle, il arrive a se montrer plutôt convaincant notamment dans sa manière de réapproprier la malice du personnage. Il arrive à faire perdurer sa classe et trouver le bon dosage pour lui faire honneur. Jamais mémorable mais il s'en sort pas trop mal. C'est surtout Donald Glover qui impressionne ici dans le rôle de Lando en conférant au personnage un aura et une profondeur qu'on ne lui connaissait pas tout en transcendant le charisme et la nonchalance qu'on lui prêtait. Ils sont soutenus par des seconds rôles impeccables, Woody Harrelson en tête, même si tout les personnages ne sont pas si intéressants.
Il est difficile de prêter de l'intérêt à des personnages dont on sait qu'on ne reverra pas et qui prennent part à une histoire sans réels enjeux. Ici le méchant manque de substances pour vraiment donner l'impression de créer un danger tandis que la romance entre Solo et son premier amour ne se montre pas engageant car elle souffre de la comparaison avec ce que l'on sait du personnage. L'avenir de Solo étant déjà connu on ne peut jamais prendre cette romance au sérieux. Reste son mentor qui arrive à donner un peu d'épaisseur et de nuance à son origin story. Car le but principal de l'histoire et de venir nous expliquer les anecdotes que l'on a pu entendre sur lui durant la trilogie originale. De sa rencontre avec Chewie, de celle avec Lando en allant au fameux raid de Kessel en 12 parsecs, tout y passe mais sans que jamais le film nous offre bien plus sur le personnage. Malgré tout, ce qu'il raconte il le fait globalement bien et même si l'ensemble manque d'enjeux et de nouveautés, on reste face à une histoire qui se suit sans déplaisir. Arrivant même ici et là apporter des choses intéressants car l'intrigue s'inscrit dans un tout plus grand et annonce des futurs spin-offs qui seront probablement connectés entre eux. Un point qui pourrait se montrer vraiment intriguant, même si ici cela se résume surtout à un caméo certes excitant mais assez mal exécuté.
La réalisation est par contre impeccable. Même si le film ne brille jamais par son scénario, il offre quelques moments spectaculaires soutenu par des effets spéciaux impeccables et un bestiaire plus varié mais aussi plus inventif que les derniers Star Wars. Très lovecraftienne, les créatures présentent ici marque l'esprit et s'accompagnent avec une bonne direction artistique. En plus on note aussi un travail assez osé sur la photographie, où Bradford Young offre une direction très tranché et qui accompagne très intelligemment le récit. Parlant surtout de personnages asservis qui cherche l'émancipation, il prend le parti de commencer le récit avec une photo très sombre et saturé qui donne un cachet plutôt étrange à ce Star Wars avant d'illuminer de plus en plus son travail au fur et à mesure de l'accomplissement des personnages. L'ensemble se montre radical mais aussi très beau accompagné d'une mise en scène des plus efficaces de Ron Howard. On aura connu le bougre plus inspiré mais il accouche quand même de scènes d'actions prenantes, parfois même percutantes et avec un sens de la chorégraphie et du mouvement impressionnant de fluidité.
Solo: A Star Wars Story est un film plutôt plaisant même si il se montre finalement assez inutile au sein de la saga Star Wars. Il n'apporte que peu de nouveautés et même si il sert de portes ouvertes à d'autres spin-off, en lui-même il reste relativement léger. Pourtant le divertissement est là et le film ne fait pas l'erreur de dénaturer l'aura de son personnage emblématique. Accompagné d'un casting convaincant et d'une bonne réalisation, Solo fait son taf honorablement. Il divertit, il amuse et on souligne surtout le travail osé sur la photographie qui va diviser mais qui se montre souvent somptueuse. On en attendait rien et on craignait même le pire, et même si c'est sans doute le Star Wars le plus faible depuis la reprise de la franchise par Disney, Solo: A Star Wars Story reste un blockbuster assez sympa.