Deuxième spin off (film dérivé) de la saga « Star Wars », « Solo » a créé l’attente par l’envie de découvrir l’histoire du personnage certainement le plus emblématique de la série : Han Solo. Seulement ce film suscite autant l’envie que l’inquiétude tant son aventure fut jalonnée de faux départs avec un scénario qui eut bien du mal à voir le jour, des réalisateurs qui ne parvenaient pas à trouver l’angle d’attaque puis un duo qui tourna les trois quarts du film pour être finalement débarqués, pour divergences artistiques, et un autre réalisateur qui fut finalement désigné mais qui dut utiliser le matériaux déjà existant pour suivre la vision de Kathleen Kennedy, la toute puissante productrice au service de Disney, qui compte bien capitaliser à fond sur la licence qu’elle acheta plusieurs milliards.
Et le résultat, j’ai envie de dire, est forcément une déception ! D’abord parce que le film se concentrant sur la figure la plus populaire de la licence, suscite un tel intérêt qu’il ne peut que provoquer des frustrations auprès des fans. Ensuite parce de telles mésaventures autour d’un tournage, dont on aura très vite compris que le produit servira à alimenter les caisses d’une production qui tourne à plein régime, ne se fera pas sans cicatrice. Et la première d’entre elle, en est le résultat général ! Un film de très bonne qualité, avec effets spéciaux renversants pour une bonne partie d’entre eux, des batailles spatiales qui font penser à la première trilogie, avec des clins d’œil récurrents, comme un dialogue entre Han Solo et Tobias Beckett qui se trouve être quasiment mot pour mot celui entre Solo et Skywalker dans l’épisode 4, ou encore la présence à l’écran de Warwick Davis (Willow) dont le premier rôle fut celui de Wicket le petit Ewocks copain de la princesse Leïa. Mais des choix narratifs viennent, dans un premier temps, plomber l’ensemble. D’abord l’arrivée aussi impromptue qu’inutile d’un personnage, qui ne servait déjà pas à grand-chose dans l’episode 1, mais qui là ne sert clairement à rien ! Puis un manque d’humour subtil qui puisse nous faire retrouver le personnage de Han Solo, réputé pour son verbe et sa capacité à tout prendre à la légère ou servir des expressions à l’emporte-pièce.
Ce qui est flagrant avec « Solo », c’est que l’on ne se sent pas transportés par une histoire, qui ne brille pas forcément par son originalité, mais qui semble souffrir d’une envie de raccorder cette histoire à une base narrative en lien avec les différentes trilogies Star Wars. Hors Han Solo est justement un personnage qui, tout d’abord se sentait totalement étranger à cette lutte entre l’empire et les rebelles, mais également, avant de revenir donner un coup de main à Luke restait un contrebandier sans scrupule. Et le film ne parvient jamais totalement à nous éloigner de la saga, bien au contraire, elle enfonce le clou en ajoutant des référence qui ne viennent que perturber le spectateur. Du coup nous souffrons plus que nous apprécions ce film qui aurait dû nous renverser comme le fit « Rogue One » lors de sa sortie. Et c’est bien là tout le problème de « Solo : A Star Wars Story », le film pêche par un manque de prise de risque ! Rien n’est renversant, la mise en scène est sans âme et le montage manque de rythme à certain moment. Le scénario est bavard et ne parvient jamais à totalement nous captiver. Et même si l’on peut tout de même lui trouver une certaine qualité narrative, notamment sur les personnages secondaires, à commencer par Chewbacca, on regrette tout de même un Han Solo assez fade, sans relief qui ne cesse de vouloir ressembler à l’original sans toutefois y parvenir.
Et pourtant, même si son acteur Alden Ehrenreich (Ave César) fait le « job », il semble enfermé dans une nécessité de prendre les mimiques d’Harrison Ford pour pouvoir donner corps au personnage. Du coup le comédien est bridé au maximum et n’arrive pas à y insuffler une touche personnelle qui puisse rendre son « Han Solo », un peu original. Même le personnage glamour du film, interprété par Emilia Clarke (Game Of Thrones) finit par manquer sa cible et ne parvient jamais totalement à nous séduire. Seul le personnage de Lando Calrissian, joué par Donald Glover (Spiderman : Homecoming) tire son épingle du jeu avec un jeu bourré d’humour, un brin tricheur et pourquoi pas vaurien. Cela ne vous fait pas penser à quelqu’un ? Et bien oui il semblerait que les auteurs aient inversé les personnages de Lando et Han.
En conclusion, il serait injuste de dire que « Solo » est un mauvais film, c’est certainement un film qui a souffert de la première guerre intestine entre la productrice et son équipe. Du coup, le film en ressort sans âme, sans texture et sans saveur. Difficile de le trouver renversant tant il souffre de la comparaison avec la mise en scène ultra inventive de Gareth Edwards avec « Rogue One ». Ici Ron Howard nous livre un film pauvre en véritable sensation qui ne parvient toujours pas à toucher les fans et qui laissera dubitatif les néophytes de « Star Wars ».