Oh, on est quand même méchant avec ce film. Ce n’est certes pas le péplum du siècle, mais il fait des choix intéressants, dommage qu’il ne s’y tienne pas jusqu’au bout.
Niveau casting il est clair que celui qui s’en tire le mieux c’est Scott Adkins. Ici dans un rôle un peu plus étoffé que de coutume, il montre vraiment qu’il a du potentiel comme acteur, surement capable de faire une carrière solide dans le genre de The Rock ou jadis de Schwarzie. Il s’impose à l’écran, et l’on se prend presque à regretter qu’il n’est pas hérité du rôle titre. Kellan Lutz n’est pas mauvais, et je dirai même qu’il s’en titre pas mal. Malheureusement il faut reconnaitre que le personnage d’Hercule est ici assez fadasse en bouche, ramené à pas grand-chose d’autre qu’un monsieur muscle (et encore il ne fait rien de si extraordinaire que cela). Il faut avouer que là il y a eu une sacrée lacune d’écriture qui pose un problème de taille. De fait Hercule se fait voler la vedette par ses comparses. Liam McIntyre, déjà plus attrayant, et Liam Garrigan qui joue le traditionnel frère vils et jaloux déjà souvent vu avec un certain plaisir et de la conviction. Rade Serbedzija est en revanche très bon, bien à sa place, pas comme les rôles féminins, pas désagréable mais très attendues et très clichés.
Le scénario mise sur une démarche qui se veut réaliste. La dimension mythologique est donc limitée à sa portion la plus congrue, au profit d’un métrage qui cherche à faire d’Hercule un héros qui aurait pu exister et qui aurait été entouré d’une légende a posteriori pour ses exploits, style le roi Arthur. C’est un choix respectable, même si de fait il ne faut pas s’attendre à des monstres, à des mythes et donc aux 12 travaux, à Héra, Zeus et tout le tralala ! Hormis un passage dispensable vers la fin, tout pourrait être crédible, même le combat avec le lion après tout (un des rares travaux qui pouvait être exploité ici). Toutefois le métrage peine à convaincre, car tout ou presque a déjà été vu ailleurs en mieux. On évolue entre Troie, Alexandre, Gladiator, Conan (les références sont toutes plus évidentes les unes que les autres) et il y a un terrible manque de personnalité dans ce film. Le héros aurait pu être le videur du nightclub local que l’histoire aurait pu être radicalement la même ! Là c’est dommage d’avoir ignoré la part sombre du héros qui aurait pu donner du volume à l’ensemble, qui, comme vous l’aurait imaginé, repompe certes, mais en moins bien, voir en nettement moins bien (l’inspiration Gladiator est très en dessous du modèle).
Coté réalisation Harlin nous livre comme toujours une mise en scène pleine d’effets de style. C’est bien fait contrairement aux dires de certains. Certes il y a quelques ralentis abusifs mais c’est toujours mieux que les montages épileptiques où l’on ne voit strictement rien car tout va à deux cent à l’heure. Harlin utilise bien ses décors, il y a un combat final tout à fait décent, disons que ça roule bien de ce côté-là. Il y a tout de même un gros ratage avec le combat contre le lion, qui en plus arrive vite dans le film et pourra en faire rire plus d’un. La photographie n’est pas vilaine non plus, échappant aux bidouillages numériques abusifs des Immortels par exemple, pour un travail plus naturel. Les décors sont inégaux. Globalement pas mal, il faut avouer que les effets spéciaux se craquèlent pour des scènes comme celle dans le grand cirque qui fait pâle figure face au Colisée de Gladiator. Les effets spéciaux justement sont dans l’ensemble très acceptables. Le film n’a que 70 millions de budget, aussi il faut bien penser à ne pas le mettre à égalité avec des films à plus de 100 millions, comme Les Immortels par exemple qui en plus ne faisait pas mieux du tout. On notera que ce film ne cède pas trop à la facilité actuelle des gerbes de sang pour attirer le public et propose quand même des affrontements violents décents (sauf le lion donc), parfois un peu trop courts. Sinon la bande son est soignée. On a le sentiment d’avoir entendu ce genre de son dans pas mal d’autres films, mais ça fait toujours son effet.
En clair, Hercule version Harlin est un métrage correct. Pour ma part il a fait un choix casse-figure, celui de vouloir rendre authentique un héros de légende. Du coup les fans de mythologie pourront s’exaspérer (et le film lui-même, bien conscient de ce problème essaye péniblement à la fin de s’échapper un peu de sa logique). Il a fait aussi le choix d’être trop consensuel, avec un Hercule trop lisse. 3.