On pensait que le premier « Avengers » était définitif dans ce qu’on pourrait appeler la réunion de super-héros ultime. Fun, impressionnant et maîtrisé, il avait fait date dans ce sous-genre du blockbuster devenu incontournable depuis une dizaine d’années. Sa suite moins réussie avait encore élevé le niveau en rajoutant quelques noms. Mais à l’annonce du diptyque « Infinity War », on a un peu halluciné en apprenant le nombre de super-héros de l’écurie Marvel qui allait apparaître à l’écran. Pas moins d’une soixantaine de personnages à faire exister sur deux films de deux heures et demie ! Sacré casse-tête pour les frères Russo pourtant responsables du meilleur film Marvel à ce jour, « Captain America, le soldat de l’hiver ». Ils se sont fait la main avec brio sur la suite « Captain America, Civil War » qui regroupait déjà la plupart des principaux Avengers. Ici le pari est réussi sur la plupart des points mais il n’en demeure pas moins que le trop peut parfois être l’ennemi du bien et qu’on est tout de même un tantinet déçus par ce grand raout.
En effet, le film semble très long, notamment dans la première partie. Le temps de tout remettre en place sur dix ans (et presque le double de films) tout en clarifiant les enjeux pour le spectateur, qu’il soit profane ou fan de la première heure. Et même si on ne saisit pas toujours tout en détail lorsqu’on n’est pas un adorateur absolu de l’univers Marvel, des pouvoirs aux buts poursuivis par chacun, la trame générale nous apparaît assez fluide dans son ensemble. Mais force est de constater que la mise en place par groupe semble parfois pénible et que le scénario en lui-même manque quand même d’épaisseur. On va d’un groupe à l’autre de manière trop attendue et régulière, attendant que le fameux Thanos récupère ses Pierres d’infinité. Un enjeu quelque peu limité pour un film de cette teneur. Mais, surtout, difficile de faire exister tous les personnages qui n’ont, pour la plupart, droit qu’à quelques répliques, certains semblant terriblement effacés (Black Widow supplantée par Scarlet Witch ou encore Captain America et Nebula). Les répliques ne volent jamais très haut et semblent seulement fonctionnelles, en gros destinées à faire avancer l’action. Quant aux vannes et aux références, jamais elles n’ont été si peu drôles et pertinentes.
En revanche, en ce qui concerne les affrontements dantesques, on est plus que servi. Il y a du budget, certainement le plus gros de tous les temps pour les deux épisodes dont la suite est à venir dans un an tout juste, et cela se voit à l’écran. La mise en scène est impeccable et les frères Russo font encore une fois preuve d’un savoir-faire indéniable dans la chorégraphie de morceaux de bravoure et de scènes de destruction massive qui en mettent plein les mirettes. Leur maestria visuelle est à saluer, tels des chefs d’orchestre ils coordonnent une impressionnante armada technique, humaine et visuelle qui n’a certainement aucun point de comparaison à l’heure actuelle. Les deux affrontements finals sont carrément hallucinants. Cependant, on a déjà été tellement impressionnés au cinéma récemment avec les progrès des effets spéciaux qu’on peut sembler blasés et ne pas apprécier ces batailles orgiaques à leur juste valeur. Mais, pour une fois dans un blockbuster récent, on y voit clair, le montage n’est pas charcuté et on parvient à discerner qui fait quoi. Ce premier volet de « Avengers, Infinity War » est n’est donc peut-être pas le blockbuster ultime qu’il prétendait être mais un bon divertissement qui souffre d’avoir voulu en mettre trop. Il fera cependant date pour ce qu’il représente : dix ans de blockbusters super-héroïques qui auront marqué le cinéma.
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