Un film riche fort, dense et pourtant qui nous laisse une impression ambiguë. Il y a des choses, très réussies : une esthétique de l’image, la splendeur des montagnes, ce lieu magique de l’université de Lausanne, comme un vaisseau spatial échoué, des moments surréalistes, et pourtant on en ne trouve pas le souffle habituel des Larrieu. Il n’y a pas l’humour caustique, voir l’esprit rebelle habituel. Il n’y a pas non plus cette impression d’enchaînement , de fluidité, de rythme allègre, de dynamique. Le film paraît très statique, beaucoup de plans très longs : ces montées interminables en voiture au chalet, ces marches solitaires dans la neige , un peu inutile. Des errances dans la nuit . Tout cela bien sûr crée un climat, mais c’est parfois un peu soporifique. On a perdu l’esprit festif et mutin qui caractérise le cinéma des Larrieu , pour s’engoncer dans un esthétisme presque intellectuel. Le meilleur exemple en est Amalric, moins bon que d’habitude, bien loin de sa sublime performante du « Derniers jours du monde ». Il récite, il est triste, il est « mou », sous performant. De même pour Karine Viard, dans un rôle intériorisé, qui joue en dedans, moins percutante que d’habitude, on ne la reconnaît pas. Pourtant le personnage d’ Amalric était intéressant ce prof brillant, intellectuel, charmeur, qui séduit toutes les filles sur son passage, pris dans une intrigue policière. Ses cours sont magistraux, diffusion de « l’Age d’or" de Bunuel , lecture de textes. Il y a des scènes où l’on retrouve un peu du souffle : la surprise party du président d’université sur la terrasse avec d’autres collègues, un peu surréaliste, puis l’ invitation chez Sara Forestier ( très bonne par contre , la seule à tirer son épingle du jeu) , son jeu de séduction ,puis son plongeon si sexy dans sa piscine. L’intrigue policière est molle, pas vraiment un fil conducteur même si le dernier quart d’heure nous révèle une surprise de taille. ( très belle scéne dans un Bungalow moderne , au bord du lac Léman) . Une impression mitigée donc, pour cet opus des Larrieu, qui reste malgré tout un grand moment de cinéma, original, atypique et précieux , mais en dessous de leur meilleures réalisations (i.e. "Un homme, un vrai").