Mon âme par toi guérie...Le titre est particulier, la phrase est particulière aussi. Dernier film de François Dupeyron (Drôle d’endroit pour une rencontre, La chambre des officiers), oeuvre elle aussi particulière dans le fond et dans la forme.
Oui je vais défendre ce film qui ne sera plus à l’affiche dans une semaine, même s’il y a des moments chiants et des scènes non essentielles. Le pitch ? Fredi a peut être le don de guérison hérité de sa mère. Pourtant il le renie. Jusqu’au jour où il renverse un enfant qui va sombrer dans le coma.
Fredi, c’est Grégory Gadebois, ours au grand coeur, néanmoins un peu mal léché, qui est omniprésent et très convainquant. Plus encore, ce mec est bouleversant d’intensité, de fragilité, d’intelligence de jeu, et porte le film quasiment à bout de bras, et ce pendant deux heures chrono. En revanche d’autres personnages moins intéressants nous détournent de l’action et de l’affection portées d’emblée à Fredi. Son ami d’enfance, personnage lourd et pas essentiel, incarné par un comédien qui en fait des tonnes qui casse la poésie de l’ensemble et n’apporte rien à rien.
La mise en scène ne ressemble à aucune autre, surtout aujourd’hui dans l’ère du speed, car Dupeyron prend le temps de se/nous poser et propose de longs plans, des champs/contre-champs où celui qui parle n’est pas toujours celui que l’on voit. Il impose un rythme plutôt lent, dans une lumière du sud, orangé mais crue, un savant cocktail original que l’on ne voit pas souvent à l’écran. L’histoire racontée est triste, les personnage le sont aussi, le lieu, la côte d’Azur est également mélancolique, mais malgré cela le film propose un espoir, une petite lumière qui sauve tout.
Signalons une bonne fois pour toutes, que Céline Sallette est peut être la plus grande actrice de sa génération, et que sa composition d’alcoolique, rôle casse gueule à souhaits, remet pas mal de pendules à l’heure.
Ce n’est pas un film à mettre entre toutes les mains, mais c’est un film qu’il faut aider coûte que coûte. Je poste en même temps le papier de Grégory Marouzé dans lequel il fait état du coup de gueule de François Dupeyron sur l’état de la production dans le cinéma français d’aujourd’hui. Je recommande.