Bien franchement, ce n'est pas le meilleur Dupeyron... Il paraît que François Dupeyron a du mal à faire financer ses films. Là, il est parti d'un très bon sujet: un type a hérité du don de guérisseur de sa mère qui vient de mourir. Mais ce don, il n'en veut pas. Il le rejette. Finalement, il va se décider à l'accepter, après avoir plongé dans un coma irréversible un petit gamin renversé par sa moto, alors que l'enfant courait, la nuit, derrière son chien. Bon point de départ. Malheureusement, Dupeyron ne savait pas où aller. Et dans ce cas là, on va où? Dans le mur.
Frédi (interprété par l'épatant Grégory Gadebois) est un ours pas très bien léché. Epileptique occasionnel, il a perdu son job d'élagueur et survit de petits boulots. Il n'est pas gai. Il a des cauchemars en noir et blanc qui l'emmènent dans un paysage rocailleux et désertique. Il a peur de la vie. Son âme est malade. Il vit dans un camp de mobil homes, dans un endroit si moche, le long d'un canal, qu'on ne soupçonnait pas que la Côte d'Azur puisse en abriter! Tous ces semi-clodos sont copains. Ici, on se murge à la 1664. Grosses plaisanteries, petites bagarres. Son voisin direct, Nanar (Philippe Rebbot, très pittoresque) se casse avec une jeunette, et son épouse Josiane (Marie Payen) vient pleurer sur l'épaule de Frédi. Il est brave type, Frédi: le malheur des autres le touche. Mais il n'a de vraie relation qu'avec son père, récemment veuf et chômeur, qui vit dans une cahute pas très loin de la mer -une longue grève: Jean Pierre Darroussin saisissant comme d'habitude. De temps en temps, il va voir une pute. Tout cela est bien dessiné, bien cadré, et on attend quelque chose qui justifie le film, qui justifie cette description minutieuse et réussie d'un caractère. D'une atmosphère. Eh bien: rien. Ou plutôt si, notre héros tombe amoureux de Nina (Céline Sallette), la jeune veuve riche et très alcoolique d'un peintre -elle, elle ne se murge qu'au champagne. Mais bizarrement, elle a l'air aussi prolotte que les autres; pour Dupeyron, une femme, c'est quelqu'un qui a des cheveux longs, gras et sales vaguement ficelés sur la nuque. Non seulement on ne croit pas du tout à cette histoire -mais on s'en tamponne le coquillart.
Mon conseil: sortez au bout d'une heure. Vous aurez vu l'essentiel