Faut-il avoir vécu un " processus " de deuil de quelqu'un de très proche pour saisir le propos du film ?
Bonne question...
Comment un film, qui, par définition, nous place dans la peau d'un spectateur peut-il réussir à nous faire vivre du dedans ces moments particuliers.
Même un livre ne peut pas réellement et complètement se rapprocher du ressenti profond de la personne qui " subit " le deuil de l'autre, comment un film pourrait-il y réussir ?
Ce film tente, et y parvient, même si c'est de façon poussive au début, de nous faire vivre de " l'intérieur " un deuil.
Comment une disparition inattendue et violente d'une personne aimée fait basculer celui qui " reste " dans un autre monde ?
Comment l'autre, " parti " et disparu prend " possession " des pensées ?
Après le temps de la sidération et le choc mental produit par le décès, les souvenirs, certains souvenirs banals ou importants ( la première rencontre ) reviennent de façon lancinante.
L'autre est présent, à travers l'endroit de vie partagé, ses habits, sa chaise vide, le souvenir des paroles échangées, etc
Cet autre monde où " l'absent " est omniprésent par la pensée, omnipotent. Un monde où l'absent s'impose, impose sa présence et où le ressassement des images, des mots échangés, des images vidéos de routes et de passages de motos, cent fois vues et revues, se succèdent encore et encore.
Ainsi, la vie de tous les jours ( repas, logement, activité professionnelle, etc ) devient secondaire et le basculement dans la dépression et la " folie " n'est pas impossible.
Ce film transcrit cet univers chaotique, sans logique, avec une présence illusoire, des bruits imaginaires, où les rêves ( cauchemars ? ), sans cesse, sont subis.