C'est un remake d'après le chef-d'œuvre Voyage à Tokyo(東京物語)de Yasujirō Ozu (quelle audace!) par Yōji Yamada, réalisateur de quatre-vinghtaine renommé pour la série de films Otoko wa tsurai yo (48 titres entre1969 et 1995). La projection commence par le même logotype du Mont Fuji de la production Shochiku, comme celles d'Ozu. Le début diffère déja de celui d'Ozu. La fille cadette Kyoko, institutrice, qui vivait avec ses parents à la province est supprimée dans ce remake (dont le rôle est un peu remplacé par la collégienne de la maison voisine), et l'histoire commence directement par les scènes à Tokyo. Ce n'est pas la locomotive à vapeur mais le Shinkansen, nous somme au XXIe siècle.
Les personnages (frère, sœur, leurs époux) sont les mêmes et la conversation aussi (le dialogue est emprunté du film original). La caméra est en quelque sorte à position basse comme Ozu. Mais le film ne file pas, ne marche pas. Ce qui m'a même donné la crainte de la gâtisme du réalisateur âgé; ni l'image, ni la scène, ni le jeu des acteurs n'est maîtrisé. Cependant, petit à petit, la narration commence à démarrer. Dans le film original la charmante actrice Setsuko Hara a joué gracieusement la belle-fille, veuve du deuxième fils mort à la guerre. Ce fils décédé n'existe pas dans ce remake et le fils cadet, cheminot, qui vivait à Osaka, grande ville qui se situe entre la capitale Tokyo et leur province, est remplacé par le deuxième fils Shoji habitant aussi à Tokyo, dont la fiancéé Noriko (jouée par Yû Aoi) est le rôle qui succède celui de Setsuko Hara. Visitant avec sa femme, les enfants à Tokyo, le père n'est pas tout à fait content de leur condition de vie (travail, logement etc...). À ses yeux les enfants n'ont pas réalisé son attente idéale. Mais quand même le père avait la juste discrétion de ne pas le leur avouer.
Par contre, dans ce remake le père reproche surtout fortement Shoji sans emploi fixe. Ici l'histoire tombe d'un coup à une simple comédie familiale très banale. Ce qui nous attire un film d'Ozu, c'est quelque chose de plus philosophique; la condition humaine de la solitude par exemple. La conversation et l'image sont très bien calculées, avec sa diction de la langue japonaise plus ou moins peu naturelle. Contrairement à l'apparence d'une description banale d'une famille traditionnelle à la japonaise, son point de vue était plus occidental, dire individualisme, seulement avec une dose de nostalgie. Ozu savait bien la solitude originaire de nous, les mortels. C'était là la charme d'Ozu.
La conversation monotone et lente avec sa diction un peu irréelle (peut-être pas pour les spectateurs qui ne comprennent pas japonais mais on a, nous les Japonais, l'impression de cet aspect factice de la langage). L'infraction exprès de la règle des 180 degrés pour le champs-contrechamp. L'effacement de l'escalier dans la maison à un étage (pas très stricte dans Voyage à Tokyo) comme pour situer les deux espaces du rez-de-chaussée et de la première étage aux univers d'une autre dimension; on a pour ainsi dire une impression que les deux univers ne se communiquent pas. Et il y a aussi sa fameuse position basse de la caméra. Avec tout cela, disons sa technique, et sous une apparence d'une simple comédie familiale, Ozu poursuit et exprime la recherche de l'existence humaine fondamentale.
Tous à la fin du film remake, Yōji Yamada a mentionné Dédié à Yasujirō Ozu. Toutefois ce réalisateur de la série Otoko wa tsurai yo n'appréciait pas jadis les œuvres d'Ozu; étant trop banale et toujours les histoires semblables, selon lui. Il ne pouvait peut-être pas comprendre ce que Ozu voulait rechercher philosophiquement. Et puisqu'il a fait cette adaptation en trop banale comédie, quoique la dédicace, il ne le comprend toujours pas.