Voilà un petit film qui a su créer le buzz autour de lui : en effet il a été tourné en cachette dans des parcs d’attraction Disney aux USA, et ce sans aucune autorisation. Pour y arriver, les acteurs et les techniciens ont dû entrer incognito en mode « touristes » en achetant des pass à la fois pour Disneyland et Disneyworld et se séparer en plusieurs petits groupes pour ne pas attirer l’attention. Le tournage dura dix jours en Floride et deux semaines en Californie, pour communiquer entre eux et lire leur texte, les acteurs utilisent leurs smartphones ; ces derniers servirent même à enregistrer le son. Et pour palier au fait de ne pouvoir utiliser aucun éclairage pour ne pas être repérés, le réalisateur Randy Moore décida de filmer en noir et blanc à l’aide de deux appareils photo numériques. Un véritable petit tour de force qui a eu vite fait le tour d’Internet. Alors, de quoi ça parle "Escape From Tomorrow" ? Une famille est en vacances. Le dernier jour,Jim, le père, apprend qu’il vient de se faire licencier. Ne voulant pas gâcher la dernière journée de vacances, il décide de ne pas aborder le sujet et se rend avec sa femme et ses deux enfants à Disneyland. Dans le monde magique de Mickey, on ne peut qu’être heureux… Malheureusement, Jim ne peux oublier la situation dans laquelle il se trouve et va commencer par se sentir épier. Simple paranoïa ou début de dépression nerveuse ?... La vraie force d’ "Escape From Tomorrow" est de dépeindre la tourmente de ce père de famille qui voit sa vie s’écrouler devant lui. Et le fait d’avoir choisi le parc de Mickey, endroit merveilleux où on vit un rêve éveillé, pour illustrer le basculement vers le cauchemar constitue un très joli paradoxe contextuel. Ne pouvant contenir totalement son désarroi, Jim va inquiéter sa femme et des tensions vont naître entre eux ; et de ces tensions vont apparaître des fantasmes refoulés au plus profond de lui. C’est pourquoi son attention va alors se focaliser sur deux jeunes françaises. En ajout de cela, Jim va alors se sentir de plus en plus espionné et, submergé par la paranoïa, il va commencer par voir des illusions puis des visions étranges et cauchemardesques : le parc magique va alors révéler son côté diabolique et malsain et cela va nous donner des séquences assez angoissantes comme les yeux des enfants devenant entièrement noirs ou encore cette scène super bien faite où, visitant sur un bateau le monde des poupées, Jim va voir le visage de ces dernières se transformer en faciès démoniaques !! A partir de ce moment précis, on ne suit plus Jim, on est dans la tête Jim : un univers parallèle où le temps et la logique semble être absents, où l’univers de Disneyland est complètement détourné. Ici, pas de princesses ou de gentils animaux, que des sorcières et autres personnages bizarres ; angoisse et tension sexuelle remplace féerie et enchantement. Malheureusement pour nous, alors que tout était presque parfait dans ce film et dans son récit, c’est le moment qu’a choisi Randy Moore pour partir encore plus loin dans la folie et le non-sens, poussant à l’extrême le concept de « Est-ce réel ou est-ce que tout est dans la tête de Jim ? » jusqu’à perdre les spectateurs dans cette narration finalement trop évoluée. Je n’arrivais plus moi-même à comprendre ce qui se passait devant mes yeux…j’avais paumé le fil conducteur…mais au final, n’est-ce pas ce que cherchait le réalisateur ? Au niveau du casting, on va aller vite car il n’y a pas beaucoup de protagonistes important : si on ne peut pas dire grand chose sur les enfants du couple, la mère/Emily est honnête en femme inquiète et perdue face à l’attitude désinvolte de son mari, les deux françaises sont ridicules à mon sens à force de répéter pendant tout le film la même chansonnette frenchie qui finit par vous briser les tympans. Non en fait, il n’y a que la prestation de Roy Abramsohn qui interprète Jim qui interpelle réellement dans ce film.
Pour un premier film, Randy Moore nous livre une pellicule surréaliste, sorte de crise de la quarantaine tournant au cauchemar, à mi-chemin entre film d’horrreur et critique sociale et dont le visuel noir et blanc ne pourront finalement que vous donner l’impression d’assister à un long épisode de « La Quatrième Dimension » dopé aux stéroïdes et complètement psychédélique ! Et tout cela serait parfait si "Escape From Tomorrow" ne finissait pas par nous embrumer l’esprit et nous perdre dans sa narration jusqu’à nous affubler d’un final à 100% dans le non-sens, donc incompréhensible…