« Si je reste » est une nouvelle adaptation tirée d'un roman écrit par Gayle Forman. Le long-métrage a été concrétisé par RJ Cutler qui signe sa première réalisation pour le cinéma. Avant d'être attribué à ce dernier, le projet avait été confié à Catherine Hardwicke (Thirteen, Twilight Fascination) puis à Heitor Dhalia (Disparue). La question est donc de savoir si M. Cutler a réussi sa première réalisation, en donnant de la consistance à une histoire dont le principal risque était de tomber dans la mièvrerie.
L'idée de base de l'histoire est assez originale et intéressante. Une fille tombe dans le coma après un accident et suit l'évolution de ses proches via une projection mentale. Partant de là, le réalisateur a fait des choix de mise en scène intéressants.
Tout d'abord, il joue avec les oppositions. Le film mélange du rock avec du classique et arrive à en faire un univers attrayant et surprenant. Il nous fait passer de moments de bonheur à des situations dramatiques, avec des transitions très abruptes qui jouent avec le ressenti du spectateur. Enfin, il alterne entre l'expérience d'une relation amoureuse entre adolescents et l'expérience de la mort qui fait mûrir.
La romance développée est l’élément qui pose le plus d'inquiétudes à cause d'un risque de mièvrerie. Le début du film gère assez bien cet aspect en allant assez vite dans l'évolution de leur relation. Cela est d'autant plus appréciable que ces séquences nous permettent de mieux comprendre le personnage principal et de nous y attacher. Malheureusement, dans la seconde moitié du film, les scènes se rallongent et certaines situations sont redondantes, avec un jeu de « je t'aime, moi non plus » qui nous a un peu gêné. JR Cutler est un peu tombé dans le piège qui lui était tendu. Heureusement, les moments ne traitant pas cet aspect nous ont maintenu dans le film (bien qu'à la toute fin cela commençait également à devenir longuet), jusqu'au final très bien réalisée et à la hauteur de nos espérances.
En effet, tout reposait sur le choix de Mia : continuer à vivre ou partir définitivement. Les différentes alternances entre flashback et « vie » de la projection mentale visaient certes, non seulement à nous faire comprendre qui est cette jeune fille et à nous y attacher, mais également à brouiller les pistes quant à la possible fin. Des indices sur la mort ou la survie du personnage principal sont présentés tour à tour et permettent de garder le suspens jusqu'à la dernière minute. Cela marque une grande réussite pour le scénario et la réalisation du film puisque tout l'enjeu résidait dans ce choix.
Un élément important du film est cette fameuse projection mentale du personnage principal. On a apprécié le fait qu'elle soit utilisée comme une personne normale qu'on ne peut ni voir ni entendre mais avec une certaine consistance matérielle (comme une personne d'un monde parallèle), et non comme un fantôme capable de passer à travers les murs. On évite des clichés vus et revus et cela permet de renforcer la détresse du personnage lorsqu'elle traverse des épreuves difficiles tout en augmentant en conséquence l'empathie que nous avons ressenti pour elle.
L'autre composante notable est la musique puisque les deux adolescents se tournent vers cette discipline et se rencontrent grâce à elle. Comme nous l’avons dit, le rock et le classique coexistent. Il en ressort une BO très riche, qui pourrait aussi bien satisfaire les âmes rockeuses que les amoureux de la musique classique. Elle pourrait même arriver à les réconcilier et les rassembler comme c'est le cas pour nos deux protagonistes.
On finit avec le casting. On retrouve Chloé Grace Moretz, qui ajoute une corde à son arc avec ce personnage fragile et sensible qu'elle interprète très bien. Ce rôle augmente sa panoplie déjà très impressionnante quand on sait qu'elle n'a que 17 ans. Elle est accompagnée par Mireille Enos (Gangster Squad, World War Z) et Joshua Léonard (Le Bal De L’Horreur, Le Projet Blair Witch) qui jouent ses parents. Ils sont très bons et leurs performances sont magnifiées par des dialogues de très bonne qualité. Du coup, on se régale à voir les séquences d'échange familial entre ces trois personnages formant une famille assez atypique, surtout au début du film. Le reste du casting nous a paru un peu en dessous mais aucun est insupportable.
En conclusion, « Si je reste » est une bonne surprise. Il n’a pas bénéficié d’une promo de grande ampleur en France, mais il mérite d’être vu. Une mise en scène et un scénario originaux et intéressants ainsi qu’un casting assez sympathique compensent largement les quelques longueurs. Nous, on a vraiment passé un bon moment.
Pour débattre de cinéma :