Avec cette adaptation d’un roman génialement dérangeant, David Fincher signe son retour et confirme comme à chaque fois sa méticulosité et son sens du détail.
Adapté en scénario par son auteur, Gillian Flynn, Gone Girl parvient à rester très fidèle à sa version papier de 600 pages et ce malgré sa durée relativement courte de 2h29. Une belle prouesse tant le roman de Gillian Flynn est dense, tant en rebondissements qu’en développement de personnages. Naturellement le film perd certains passages du livre, certaines couches, mais David Fincher parvient au dosage parfait livrant un film suffisament riche pour ne pas dénaturer l’oeuvre originale, et ce sans rendre le développement trop rapide par la sur-accumulation de scènes. Si le concept d’un long-métrage dépassant les 2 heures peut rebuter certains spectateurs, moi le premier, chaque minute de Gone Girl est essentielle et tient en haleine jusqu’à la conclusion, fidèle au roman !
Après Seven et Zodiac, David Fincher revient au thriller mais axe son film essentiellement sur la relation entre les personnages, David le mari, et Amy sa femme disparue, présumée morte. Gone Girl est un testament magnifique sur les relations maritales, les attentes des hommes et des femmes, et la vision que chaque clan à de l’autre. Femme idéale, mari idéal, concessions, manipulation et déception, le film comme le livre évitent les lieux communs et offrent un portrait cinglant du mariage.
Comme avec Zodiac, le film d’une époustouflante maitrise est aussi d’une rare sobriété. Le montage précis donne un rythme parfait alors que les cadrages et plans jamais tape-à-l’oeil témoignent d’une vision au millimètre d’un réalisateur au sommet de son art. Si David Fincher nous impressionnait en début de carrière avec ses plans alambiqués, c’est la retenue dont il fait preuve ici qui prouve toute sa grandeur et son statut de maestro.
Fidèles depuis The Social Network, Atticus Ross et Trent Reznor rempilent et signent un score atmosphérique efficace et sobre. Les solos de pianos aux tonalités lounge se marient parfaitement aux trips électros aéeriens donnant au final une bande originale particulièrement envoutante.
En plus du scénario, de la réalisation méticuleuse et du score efficace, le film peut compter sur l’ensemble de ses comédiens avec bien sûr en tête Rosamund Pike, trop rare sur les écrans, et Ben Affleck surprenants.
Si le film est d’une indéniable réussite je dois tout de même reconnaitre pour ma part une certaine déception… En effet, comme tout bon film policier Gone Girl peut compter sur une ribambelles de surprises et de retournements de situation, hélas déjà connus de tout lecteur. Donc un conseil, ne lisez pas le roman avant !!! Vous prendrez plus de plaisir à y dénicher davantage d’informations après avoir vu la version de David Fincher.
Impossible de terminer cette critique sans évoquer les magnifiques affiches signées Neil Kellerhouse, déjà à l’oeuvre sur le poster du film Under the Skin avec Scarlett Johansson.
En conclusion, David Fincher confirme sa maitrise du genre et livre un film à la fois intelligent et glaçant dont le dénouement ne devrait pas vous laisser indifférent. À voir absolument !