Avis : Gone Girl - Page 6

Le thriller offre plusieurs niveau de lecture, épingle la télé des vautours, montre les aléas du mariage, se joue du spectacle judiciaire à l'américaine. Un thriller impeccable et prenant.

Astucieusement construit en glissant de nombreux flash-back dans le déroulement de l’histoire, "Gone Girl" s’avère être, en plus d’un passionnant thriller, une charge sévère de la société américaine : le couple américain en prend pour son grade, mais ce n’est presque rien à côté de la dénonciation des médias, de l’hypocrisie qui, partout, règne en maître, de la police et de la justice, trop souvent à côté de la plaque, n’en jetez plus. La distribution contribue à placer très haut le niveau de ce film avec, en particulier, un Ben Affleck tout en nuances et la britannique Rosamund Pike digne de faire partie de la famille des blondes hitchcockiennes. On ne trouve finalement qu’un défaut à ce film : il emprunte un peu trop souvent le ton et les tics de réalisation des séries télévisées américaines, ce qui n’est pas forcément un compliment. Résultat : on se surprend à ne pas vouloir en perdre une miette pendant près de 2 heures 1/2, tout en ressentant souvent une sorte de malaise face aux nombreuses invraisemblances et à la misogynie ambiante.

Attention, cette critique discute de Gone Girl en prenant en compte son twist final.

A défaut d'être un film titanesque, chef-d'oeuvre d'un genre rempli de classiques, Gone Girl est un excellent film, une expérience qui marque par tout un tas de qualités rarement trouvées ailleurs avec tant de profusion. Tout d'abord, on tient là le rapprochement de deux grands réalisateurs : d'un côté David Fincher, de l'autre une inspiration sous-jacente de l'art d'Alfred Hitchcock. Une belle rencontre qui promet non seulement un divertissement d'exception ainsi qu'un film d'auteur marquant.

Alors on met du temps à se projeter dans l'histoire : entre cette histoire de mari violent, les indices laissés mystérieusement et ces faux-semblants dans lesquels on plonge, trop d'informations sont amenées trop rapidement sans qu'on puisse toutes les digérer, ou même les comprendre dans leur contexte. Ce qui permet alors de maintenir l'intérêt n'est autre que la mise en scène plastiquement admirable d'un David Fincher auquel on ne peut plus, vraisemblablement, apprendre grand chose.

Placé maître dans la tension et la manipulation de son public, et outre le fait qu'il continue de nous manipuler pendant plus de deux heures pour quelques petits twists sympathiques, il affiche non seulement un sens du cadrage détonnant (ce n'est pas étonnant, en même temps), mais gère la lumière et la géométrie avec une virtuosité rare : les carreaux des vitraux de chez Ben Affleck et Rosamund Pike sont, par exemple, un objet de fascination à chaque plan. Verts, parfaitement mis en valeur, ils démontrent toute la maîtrise de Fincher au sujet de sa photographie.

Et tandis que l'homme s'amuse avec sa caméra et qu'on le ressent, ressortent des acteurs au sommet de leur art, si ce n'est de leur charisme : Ben Affleck, figure virile d'homme trompé, trahi, trouve ici la posture, la classe, que dis-je, la prestance des acteurs du temps d'Hitchcock : on se croirait face à un genre de star hollywoodienne de l'époque, qui accorderait plus d'importance à l'aura qu'il dégage qu'à la complexité de son jeu. Il affiche toujours ces mêmes expressions qui l'ont rendues célèbres, avec cette classe presque animale en plus, et ce jeu certes rigide mais fort, solide.

Rosamund Pike représente, quand à elle, son exact opposé : pas bien solide, pas bien classe, on la croirait plutôt sortie du Tarantino des années 90 ou début 2000 (un côté Kill Bill pendant le twist final, génialement balancé après une heure de film), voir du Fincher de Seven. Profondément diabolique, le regard fou, possédé, elle traverse l'histoire comme LA révélation du film, dans lequel elle semble s'épanouir à jouer les rôles à contre-emploi, et prouver ainsi au public que plus qu'une actrice de physique, elle peut et sait surtout jouer les rôles complexes, profonds, riches.

Cela, elle le fait admirablement bien et s'en sort haut la main, dépassant le casting entier sans qu'il ne puisse ne serait-ce que rivaliser; seul Ben Affleck la suit de près, prêt à épouser son statut d'acteur charismatique de Gone Girl. Si elle interprète la folie avec un talent inattendu (son regard dans la salle d'interrogatoire est effrayant), Affleck campera son rôle avec une sobriété et une justesse exemplaire. Quoi que Neil Patrick Harris, dans ce rôle de grand névrosé stalker, marquera aussi par son changement abrupt de style d'interprétation, dont on ne reconnaîtra en conclusion que ce sourire narquois qu'il ne peut pas refréner.

Un acteur qu'on suit finalement très peu, et qui prend un semblant d'épaisseur en fin de film, avec un jeu d'inversement des rôles intéressants; chasseuses chassées, homme trahi qui contrôle son ancien amour au point de la forcer à commettre l'irréparable. Une superbe histoire de malaise s'installe entre les deux, jusqu'à conduire à cette scène de coucherie hachée menue proche du Psychose d'Hitchcock, et qui marque autant par son côté très pictural (la colorimétrie est magnifiquement gérée) que par la violence de son montage et le cadrage inventif de ses plans.

En voyant cela, on pouvait naturellement s'attendre à une conclusion à la hauteur des attentes; et c'est là que Gone Girl blesse : bâclé sur sa fin, rapidement expédié, il nous renvoie le couple en statut quo comme s'il fallait esquiver les conclusions prévisibles à la "elle finit en prison/il la tue/il meurt par sa faute/il va en prison puis est exécuté/...", sans que la conclusion de l'enquête ne trouve jamais de logique, de crédibilité.

En voyant Pike raconter son histoire, mener elle-même ses propres interrogatoires, répondre froidement, sans afficher la moindre émotion et tout en méprisant l'inspectrice qui lui tient tête, sûrement que la consultation d'un psychiatre, profiler, comportementaliste n'aurait pas été de trop pour résoudre cette enquête conclue en queue de poisson. Sûrement que la logique de la fin est sacrifiée au profit du propos du film : dans le sens où Pike est devenue une icône médiatique nationale, elle semble avoir atteint le stade de surhomme, et se place de fait comme supérieur aux règles de logique humaines.

Ultime trait de critique, le film se termine sur un plan posé là pour faire réfléchir, et laisse l'impression désagréable d'avoir deux heures d'un excellent film, profond, travaillé, oppressant, angoissant, pour se boucler en une petite demi-heure trop vite expédiée, bâclée. Sûrement qu'il aurait mérité quelques minutes en plus, en un quart d'heure et une demi-heure, pour qu'on puisse enfin dire que Gone Girl est, en plus d'être un grand film, un authentique chef-d'oeuvre. Là, on a tout de même l'un des films les plus proches de ce que pouvait faire Hitchcock de qualitatif, sans pourtant l'égaler ou le surpasser.

A charge de revanche, David.

Merci M Fincher, vous nous donnez encore là un superbe exemple de votre maîtrise du thriller. Les personnages sont juste à tomber tant ils sont torturés et on cherche jusqu'au bout le fin mot de l'histoire et le pourquoi du comment. Malgré quelques baisses de régime dans le courant du film, il en reste un superbe thriller comme finalement on en voit peu après ceux des années 90.

Voilà un film difficile à décrire! Sidérant, malaisant, machiavélique, il part comme un thriller classique puis vient ce point tournant qui surprend, et la suite joue avec notre psyché... Ce que je tiens à souligner tout particulièrement, ce sont les performances stupéfiantes de Ben Affleck, impuissant et fou de rage sans le laisser paraître, et Rosamund Pike, tantôt envoûtante, tantôt inquiétante...

On ne va pas se le cacher, cela fait bien longtemps que chaque film de David Fincher crée une attente certaine et cette adaptation du roman "Les Apparences" de Gillian Flynn ne fait pas exception à la règle. Flynn elle-même signe le scénario de "Gone Girl" qui prend ici des allures de thriller où de grandes institutions comme les médias et le mariage en prennent pour leur grade. Nick Dunne voit sa vie bouleversée le jour où sa femme Amy disparaît. Il ne reste que quelques traces de lutte dans la maison et Nick appelle aussitôt la police. Au fur et à mesure de l'enquête, Nick paraît être le suspect idéal : son mariage n'était plus heureux depuis un moment et les médias le montrent comme un sociopathe meurtrier. Le coup de génie de Fincher est d'ailleurs de donner le rôle principal à Ben Affleck, qui a rarement été aussi bon. Il faut dire que le personnage de Nick, incapable d'exprimer la moindre émotion, semble avoir été créé pour l'acteur qui se retrouve ici très bon dans un rôle qui lui ressemble énormément. Mais Rosamund Pike n'est pas en reste. A vrai dire, elle trouve le rôle le plus complexe de sa carrière en la personne d'Amy, la femme sublime que tout le monde a envie d'aimer mais qui est loin d'être aussi sage et raisonnable qu'elle n'y paraît. Tout réside dans les apparences, celle de Nick qui donne l'impression d'être coupable, celle d'Amy qui semble tout à fait innocente, celle d'une histoire amour qui a tout pour être heureuse mais qui dérape... Avec sa maîtrise habituelle, de plus en plus sobre et de plus en plus nette en terme de mise en scène, Fincher filme le tout avec aisance, nous entraînant tout au long de cette histoire pleine de surprises pendant 2h30. Certes, le film traîne parfois en longueurs et il faut être capable d'avaler ses rebondissements pour être vraiment à fond dedans mais on ne peut nier ses immenses qualités. Celle de Fincher d'abord, excellent conteur mais aussi celles de deux acteurs principaux qui se retrouvent totalement en osmose avec leurs rôles. "Gone Girl", s'il est finalement un thriller assez classique, fait preuve d'une telle maîtrise qu'on ne peut que le saluer. Et il est certain que si l'on se penche de près sur le film pour l'analyser, il y aurait énormément de choses à dire sur ce que l'histoire raconte à propos de la femme (on pense à la scène de sexe avec Neil Patrick Harris) et du mariage.

Un mari délaissant sa femme la voit disparaître, et se retrouve pris dans les griffes des médias et de la police, qui le ciblent comme suspect. "Gone Girl" est un polar qui débute de manière conventionnelle, pour enchaîner sur quelques twists bien construits, et sur des sujets inattendus. Le film traite en effet le thème du voyeurisme médiatique, en dépeignant les journalistes comme des vautours. Mais il aborde également celui du mariage, en en dressant un portrait peu optimiste (une histoire d'amour qui se transforme en combat malsain). Ben Affleck est très à l'aise, dans un rôle de mari exprimant peu ses sentiments qui lui va comme un gant. Rosamund Pike s'avère surprenante, avec un personnage beaucoup plus ambigu qu'il n'y parait au premier abord. Derrière eux, des seconds rôles de qualité, et un scénario solide. La réalisation de Fincher est à la fois sobre et esthétique, avec quelques séquences marquantes spoiler: (une scène de sexe évoquant "Basic Instinct" notamment...)
. "Gone Girl" est donc un polar de qualité, avec des niveaux de lecture intéressants.

Après son adaptation du best-sller mondial "Millenium", D. Fincher accepte ce pur film de commande qu'il arrive à déguiser sous les airs d'un grand film grâce à une maîtrise technique toujours plus affirmée et surtout plus épurée. Son découpage très vif permet de donner beaucoup de rythme à un film qui décolle lentement, explorant la face sombre sombre de l'âme humaine et grattant le vernis d'une certaine Amérique. Le film est aussi un peu long, quand bien même la fin est un poil expédiée (je serais bien reparti pour 1/2 heure en plus car il y avait matière à) mais le réalisateur démontre aussi que son savoir-faire est toujours aussi impressionnant, avec quelques scènes de haute volée et que ses capacités à instiller le malaise, à faire monter la tension, à obtenir de ses acteurs d'excellentes performances sont toujours aussi impressionnantes. Si le film s'avère bien construit, avec un scénario béton, il reste encore plus intéressant pour moi dans sa dénonciation du monde des médias, très acide, et ça prouve que même au sein d'un film de studio, Fincher est encore capable de mordre très fort. Ce n'est pas le classique instantané espéré pour moi, ce n'est pas mon Fincher préféré mais c'est un excellent film quand même, qui surclasse la concurrence par sa maîtrise technique, la classe de ses interprètes et la parfaite mécanique de son scénario. D'autres critiques sur

Avec "Gone Girl", David Fincher s'inscrit dans sa veine sobre et épurée qui a déjà fait de magistrales preuves sur "Zodiac" ou "The Social Network". Ici, il range sa nouvelle entreprise sous une double bannière car derrière le vibrant exercice de style se décline en filigranes une réflexion impitoyable sur la vie à deux. C'est en effet ce mariage infernal qui constitue le principal fil rouge de ce thriller puissant et implacable, d'une rare maîtrise et au découpage narratif absolument sans faille. Une minutie complète si l'on peut dire, où le cinéaste n'en oublie pas pour autant d'explorer d'autres éléments de notre quotidien psychologique, tel le pouvoir des médias et (surtout) des réseaux sociaux, composantes désormais à la fois essentielles et terrorisantes de notre monde contemporain. Cette maestria visuelle et scénaristique trouve également ses autres ressorts vers l'interprétation ; en effet, tandis que Fincher nous épate à nouveau, Ben Affleck trouve quant à lui sans aucun doute le rôle de sa vie.

Brillant Fincher qui arrive à tenir en haleine durant 2h30 le spectateur grâce à une réalisation pointilleuse et détaillée. Le tout servi par de brillants acteurs et un scénario assez tordu, certes improbable mais bien ficelé. Maîtrise à souhait et nouvelle réussite dans la belle carrière de Fincher.

Ce dernier thriller de David Fincher a de quoi nous satisfaire. L’histoire de ce couple tourmenté est assez simple et l’enquête pour retrouver la disparue digne d’un épisode de Colombo mais comme toujours que de compléments enrichissant le scénario et que de détails de mise en scène de Fincher pour agrémenter son film. Pourtant on ne peut pas dire que la 1ère heure soit très passionnante à voir déambuler Ben Affleck peu motivé, cherchant à peine sa femme et affrontant sans conviction les médias qui vont s’en donner à cœur joie pour le démolir. Mais à la manière de son précédent « Millenium », il casse soudainement le rythme dévoilant complètement l’intrigue de son sujet par cette monstrueuse séquence où les masques tombent et que la remarquable Rosamund Pike nous fait une véritable démonstration. La construction entière du film est franchement similaire et comme on a la même prodigieuse équipe technique pour nous en mettre plein les mirettes et les oreilles, de quoi pourrions-nous nous plaindre ? Car c’est encore une fois l’envoutante musique de Reznor/Ross qui nous donne le ton et il n’y a plus qu’à rester ébahi et les yeux écarquillés devant ce festival d’images somptueuses au montage toujours aussi percutant. Il a beau conserver ce style depuis « Zodiac », on ne s’en lasse pas alors si les médias annoncent un prochain long métrage, je me fierai peut-être aux apparences…

Une très belle machination que jamais je n'aurai imaginée sur une feuille blanche, avec une hypocrisie conjugale ou non, en supplémentaire ! J'ai adoré les plans, les montages et les contrastes parfaitement signés David Fincher toujours dans le style sombre. Dans le film, ça pue la jalousie provoquant une incroyable sociopathie chez la femme disparue... interprétée par l'époustouflante actrice Rosamund Pike. Quant à Ben Affleck, comme d'habitude, il croit bien joué son rôle : ses expressions sont toujours floues !!!

Sans être un chef d'oeuvre, cet excellent film du réalisateur de "Seven", "Fight Club", "Zodiac" et "The Game" vous plonge dans l'univers démoniaque du Roman de Gillian Flynn ("Les Apparences").

Il vous promet un policier réchauffé et vous sert finalement un Thriller d'exception où la magistrale interprétation de Rosamund Pike ("Die Another Day", j'ai mal pour les actrices ayant refusé le rôle, comme la superbe Charlize Theron, et Reese Witherspoon -qui pourtant coproduit le film-, mais elles ont sûrement leurs raisons...) contrebalance le jeu monocorde de Ben Affleck.

2h30 de rebondissements dans une histoire qui démontre que, s'il ne faut pas toujours se fier aux apparences, ce sont en fait les seules choses qui comptent véritablement dans notre monde actuel.

Un roman adapté (qui n'est pas sans rappeler un des épisodes de la vie d'Agatha Christie, bien réel), et qui malheureusement a subit quelques modifications, et notamment nous livre une fin qui nous laisse un peu sur...notre faim (oui j'ai osé !), pour ne pas dire un sentiment de dénouement bâclé, mais qui n'enlève rien à l'intérêt et à la qualité intrinsèque du film.

David Fincher devient un maitre de l'adaptation de best-sellers tout en conservant son univers. Gone Girl est un film très réussi surtout grâce à son histoire pleine de rebondissements. A aucun moment on sait ce qu'il va se passer et tant mieux. Les retournements de situations sont très bien amenés, filmés et joués. On reste bloqué sur son fauteuil car on veut savoir la suite. La mise en abîme de la vision du mariage, la relation qui peut exister entre des jumeaux, la puissance des médias sont les thèmes abordés tout au long du film et ils sont palpitants. La réalisation est parfaite. Il y a juste quelques longueurs qu'on pourrait éviter, mais bon ça passe. Le casting est bien trouvé et fonctionne à merveille. On risque de voir plus souvent Rosamund Pike sur les grands écrans, soyez-en sûr. Un grand film comme on aime en découvrir. Maintenant la question se pose: Oscar ou pas Oscar ?

Pas facile de faire une critique sur un thriller, sans rien dévoiler, alors déjà, disons que les acteurs sont parfaits, ils sont tellement vrais avec leurs défauts, leurs certitudes, (là je pense au duo de flics qui au départ et à la fin ne voit pas les choses de la même façon), qu'aussitôt on est embarqué et on y croit. Etait-il coupable ou pas? A t-il tué sa femme ou pas? L'intrigue est simple, mais haletante, certains personnages sont machiavéliques et d'autres n'hésitent pas à chercher de quelle façon tirer la couverture à eux, comme la tornade médiatique ou l'ex-petit-ami. La chose qui m'effrayait est la durée du film, 2h30. J'avais peur que l'intrigue ne traîne des pieds, mais non, tout file très vite, sans aucune longueur et la conclusion et la fin sont encore pire que ce qu'il est imaginable. Bravo à Ben Affleck, Rosamund Pike, mais aussi à tous les autres acteurs. Du grand David Fincher ! A voir absolument pour tous les amateurs de Thriller avec un énorme T.