Incarnant l’image même du couple modèle lors de leur mariage, Nick et Amy (Ben Affleck et Rosamund Pike) se supportent de moins en moins. A tel point que lorsqu’il rentre chez lui le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, Nick est bien décidé à demander le divorce. Mais il trouve le salon dévasté et Amy semble avoir bel et bien disparu…
Aux côtés de Quentin Tarantino ou Martin Scorsese (quoiqu’il reste de l’espoir pour ce dernier), David Fincher fait partie de ces réalisateurs qui ont fait le choix de ne montrer l’humanité que sous son jour le plus sombre. A l’image des deux précédemment cités, Fincher se complait donc dans sa crasse et sa violence, comme pour souligner qu’il n’y a vraiment plus rien à espérer de l’homme. Un constat qu’on pourra, je l'espère, m'excuser de trouver un peu réducteur et qu’il réitère dans "Gone Girl". S’il y délaisse sa noirceur esthétique, il n’en fait rien de la noirceur morale qu’il se plaît à disséminer dans ses films.
On aura donc l’habituelle succession de scènes glauques, certes réduites en nombre, mais outrancières dans leur vulgarité et leur violence (la scène du meurtre, particulièrement pénible à regarder pour l’une et l’autre raison), que la durée excessive du film n’aide pas à faire passer, pas plus que le jeu d'acteurs correct sans plus (Affleck a comme d'habitude l'air de se demander ce qu'il fait là, mais Pike se débrouille suffisamment pour compenser).
Sur le fond, on retrouve également le pessimisme habituel de Fincher, sans aucune lueur d’espoir (où alors elle est bien cachée), qui ne décrit le mariage comme rien d’autre qu’une sorte d’arène où combatte deux êtres dont on se demande bien pourquoi ils se sont unis, si ce n’est pour mieux se détester… Vision atroce qui nous fait nous réjouir de n’être pas dans la peau de Fincher pour pouvoir se laisser aller de temps à autre à l’optimisme, une thérapie que le réalisateur de "Fight Club" et "Seven" devrait tester, sans hésitation.
Il faut dire que ce pessimisme nous offre tout de même une vision intéressante – et qui, cette fois, touche juste – des médias et de leur capacité à manipuler l’opinion publique, ainsi que de la fâcheuse tendance qu’à cette dernière à virer à 180 degrés du jour au lendemain. On pourra aussi goûter la dénonciation de ce culte que les Américains (mais pas seulement eux, soyons-en sûrs) semblent vouer à l'apparence... au détriment de la réalité, bien sûr.
Mais en-dehors cela, on ne voit pas bien ce qui devrait retenir notre attention, ni ce qu’on est censé retirer de ce film, hormis une sérieuse envie de se pendre…