Le nouveau David Fincher est toujours un événement. Seven, Fight Club, L’étrange histoire de Benjamin Button… On trouve les films du réalisateur rarement mauvais, même si Zodiac nous a profondément déçu. Alors que nous réserve-t-il avec Gone Girl, tiré d’un roman de Gillian Flynn ?
Les bases de l’histoire restent très simples : Nick Dunne rentre chez lui et découvre avec stupéfaction que sa femme, Amy Dunne, a disparu. Du sang dans la cuisine, une table retournée : il appelle aussitôt la police, pensant qu’elle s’est faite enlever. Sans réelle piste, les inspecteurs suspectent d’emblée le mari, trop louche dans ses réactions.
Honnêtement, on pourrait continuer à écrire le récit encore longtemps, mais il serait dommage d’avancer d’autres détails tellement Gone Girl nous balade dans un jeu de piste totalement improbable. Le bouquin dont il est tiré s’appelle Les apparences, et c’est un titre qui correspond parfaitement à son sujet. Si on parle ici des apparences dans le crime, dans celles du mari, de la femme ou encore dans l’enquête avec ses indices, on comprend parfaitement que ce message s’adresse à tout un chacun. Rien n’est avéré, voir même réel. On colle des étiquettes aux gens, on les aime ou les déteste, mais au final, que connaissons-nous vraiment d’eux ? Même en étant dans l’intimité de notre entourage, rien ne nous assure que Jacquie est quelqu’un de mauvais, ou Michel une personne de confiance.
Gone Girl parle sans cesse de ça (des faux-semblants, pas de Jacquie et Michel) et pousse le concept à l’extrême, avec des découvertes stupéfiantes qui nous font basculer nos convictions sur ce qu’on croit savoir, ou des scènes cocasses avec, par exemple, ces médias qui abusent tellement sur les déclarations sans fondements que ça en devient doucement comique. C’en est « drôlement étrange ».
Par ailleurs, son déroulement tortueux ne lésine pas dans les faux indices, les vrais mensonges, les secrets à la pelle, ou les pensées carrément psychopathes de certains. David Fincher dévoile subtilement ses cartes, prend son temps, le tout dans une ambiance à la limite du macabre (pour un personnage malsain), tout en restant léger (quelques plaisanteries surplombe le tout).
Et si ça fonctionne sans la moindre anicroche, c’est principalement dû au fait que tous les acteurs dans cette histoire sont d’une justesse impressionnante. Applaudissons à outrance le casting, on ne plus parfait. Ben Affleck est brillant, tout en retenue, avec un brin d’humour qui sonne juste à chaque fois, Rosamund Pike explose littéralement l’écran, et les rôles secondaires ne nous laisse aucun goût amer, bien au contraire. De la sœur déboussolée à l’avocat sûr de lui en passant par la flic impliquée dans l’enquête, aucune fausse note n’est à déplorer.
Gone Girl fait donc partie d’un énième chef d’œuvre de Fincher, et on le classerait même parmi ses meilleurs films tout court.
Pour les Flemmards : Dans une ambiance sinistre brille un Ben Affleck et une Rosamund Pike exemplaires, ainsi qu’un réalisateur toujours au sommet de son art.