Voilà un film qu’il vaut peut-être mieux ne pas regarder avec sa bien-aimée ! Parce que, oui, ça commence pas trop mal : quelques flash-backs nous montrent l’idylle entre les deux personnages principaux, c’est le couple modèle des temps modernes, on a envie de leur ressembler. Mais ça ne va pas durer, et « Gone Girl » va s’amuser à déconstruire pièce par pièce toutes les parties de ce couple, parfois jusqu’à l’insoutenable… David Fincher retrouve enfin, selon moi, un sujet à sa hauteur, en observant les extrémités de la perversion humaine, dans la lignée de « Seven ». Si le propos est centré sur le couple, et plus précisément l’institution du mariage, pour mieux dévoiler ses facettes sombres, « Gone Girl » attaque aussi d’autres thématiques avec efficacité : c’est tantôt un miroir à peine déformé de la perversité des médias, tantôt une exploration des failles la justice, ou encore un témoignage de l’aliénation que peut représenter la famille. L’écriture des personnages est très dense, personne n’est épargné. Bref, à travers l’histoire d’un couple, c’est finalement c’est toute la société américaine et ses apparences illusoires qui sont flinguées par la caméra cynique de Fincher. Même si cette caméra, justement, pourrait parfois être plus présente ; j’ai l’impression que le cinéaste se repose parfois sur son bon scénario et ses bons dialogues, sans prendre trop de risques dans la mise en scène. Ceci dit, la maitrise narrative est totale, le réalisateur nous manipule une fois de plus de fausse piste en fausse piste, maintenant le suspens de bout en bout, sans que l’on sache jamais exactement où le film va nous mener. Enfin, Ben Affleck m’a causé quelques soucis au début, j’ai du mal à croire aux premiers instants du couple, qui m’ont semblé trop calculés pour être vrai ; ensuite, ça passe mieux, et le comédien correspond au personnage, qui, après tout, se caractérise justement par un manque d’expression ! Pour rester dans le casting, je suis un peu sceptique sur le choix de Neal Patrick Harris, encore trop prisonnier de son image de Barney Stinson pour totalement convaincre. Rosamund Pike, par contre, m’a beaucoup plu dans un profil assez hitchcockien. Ces petites réserves mises de côté, « Gone Girl » reste un excellent film, et le retour de Fincher à son plus haut niveau depuis « Fight Club » ! Espérons qu’il continue sur cette voie. Je vous le conseille donc, mais préparez-vous à avoir envie d’être célibataire à la fin du film !