J’enlève la demi-étoile de ma vraie note juste pour le gâchis autour d’une matière première aussi riche. « Gone girl » est un bon film, un bon thriller assez conforme aux attentes, sans non plus avoir sa place parmi les meilleurs du genre. C'est une histoire d'enlèvement ou de meurtre (?), à la suite de laquelle au fur et à mesure que l'enquête avance, des révélations sur le passé des principaux protagonistes sont progressivement révélées. Néanmoins, on n'a pas vraiment le coeur qui s'emballe, il n'y a pas réellement d'action ou de suspense à couper le souffle, l'histoire suit juste son cours tranquillement en s'avérant quoi qu’il en soit intéressante avec son lot de rebondissements. Pas mal de situations inattendues suscitent l'intérêt, pour voir suivant quel cheminement elles ont éclos et comment elles seront appréhendées. Le jeu d'acteur lui, c'est une toute autre histoire, si Rosamund Pike a su plus ou moins se mettre dans la peau de son personnage, Ben Affleck lui, garde un tempérament très froid du début jusqu'à la fin, il fait ce qu'il y a à faire sans que rien ne l'angoisse, rien ne le choque ni rien ne l'exaspère, enfin pas à ce point mais on ne le ressent clairement pas assez.
Sa femme disparaît, tant bien même qu'il la déteste, que son couple va mal, il réagit avec le minimum d'étonnement, comme si c'était normal, et s’en va calmement tout raconter à la police laissant même esquisser un petit sourire, même pas un semblant d’inquiétude. Nouvel exemple parmi tant d'autres, il demande à l'admiratrice de supprimer le selfie, celle-ci refuse puis s'en va, lui passe à autre chose avec apathie...
Il, et donc le film, aurait gagné en crédibilité en étant plus expressif, son personnage n'en aurait été que plus intéressant et l’histoire moins mollassonne. À vrai dire la réalisation non plus ne s'attarde pas trop sur les réactions émotionnelles des personnages vis à vis du déroulement des événements, la caméra dédaigne s’emparer des expressions de visage. À côté de cela, le plus gros défaut de "Gone girl" est certainement le trop convaincant du récit et les explications bien trop de claire des faits, le spectateur n’est pas assez manipulé. Dans un thriller, plus la place au doute est présente, plus les interrogations sont nombreuses, et plus l'intrigue devient palpitante et le film réussi. Dans "Gone girl" on n'est que trop sûrs de ce qui est en train de se passer, du coup les éventuelles remises en questions de nos points de vue sur les personnages ne sont jamais suffisamment crédibles pour venir nous perturber.
Nick est innocent, c’est clair et sans bavures, rien ne nous permet de vraiment douter suffisamment de lui. Même quand la presse le diabolise on ne comprends que moyennement pourquoi. Peut-être en tant que thriller, valait-il mieux au contraire diaboliser Nick au fur et à mesure des révélations, qu’on tombe justement en plein dans le piège d’Amy jusqu’au point d’être convaincu de sa culpabilité, avant que le coup de théâtre de la supposée disparue dévoilant son plan machiavélique ne vienne bousculer les choses. Aussi, si un duel à distance s’était à un moment installé entre les deux époux, le concept aurait pu être poussé plus loin, et aspiré à plus de machiavélisme dans ce jeu. À la manière d’un « Death Note », élaborer des pièges astucieux à distance jusqu’à la soumission n’aura qu’élevé le niveau du film.
. Même la fin, aussi originale et étrange soit-elle, n’est pas suffisamment travaillée, elle reste très moyennement crédible. Ce film est quand même bon, il aurait pu donner lieu à un véritable chef d'oeuvre, le scénario en avait largement le potentiel, mais on est loin d’un thriller palpitant et déroutant, faute à une narration trop bancale, et à des apparences pas suffisamment trompeuses.