David Fincher est le réalisateur de sa génération que je préfère, celui que je suis le plus assidûment et avec le plus d'enthousiasme, le seul capable de me faire déplacer dans une salle de cinéma pour aller voir un film avec Ben Affleck. J'adore le cinéma de David Fincher...
Et ce n'est certainement pas cette très grande réussite qui va me faire changer d'avis sur le cinéaste. Techniquement, Fincher oblige, pas la peine de s'étendre, pour la photographie, le choix des cadres, le montage, c'est la perfection qui règne. Quant à la musique de Trent Reznor et d'Atticus Ross colle à merveille à l'ambiance.
Pour le casting, Ben Affleck m'a très agréablement surpris. D'habitude, je trouve cet acteur sans la moindre once de talent mais là il sait faire preuve d'une sobriété remarquable en type dépassé par les événements et écrasé par la pression des médias. Les seconds rôles sont excellents aussi, mention spéciale à Carrie Coon, dans le rôle de la sœur cynique mais dévouée du protagoniste.
Mais celle qui est incontestablement la plus mémorable, la plus brillante, la plus bluffante dans non pas juste un rôle en or mais carrément dans le rôle d'une vie c'est Rosamund Pike.
La comédienne passe avec une véritable maestria du registre de l'épouse au foyer bafouée et terrifiée à celui de véritable garce manipulatrice
. Elle mérite l'Oscar...
Quant à David Fincher, il dévoile une nouvelle facette de son immense talent : celle d'un redoutable satiriste. Plus que le thriller que semblait annoncer le synopsis, on est dans une critique sarcastique du mariage et de sa façade trop idéale pour être vraie, d'une société victime de la Crise, et surtout des médias, qui n'hésitent pas un seul instant à tronquer un événement, un fait, une image et même à le ou la provoquer pour retourner une opinion facilement influençable à sa guise. Soit on marche avec eux, soit on crève... Le titre original du roman qui a été adapté ici est "Les Apparences", il aurait aussi correspondu à merveille au film. Et le ton est tellement sarcastique qu'on est parfois proche de la comédie. Dans cette optique, la seconde partie est franchement un summum de jouissance.
Et en plus, "Gone Girl" ne ménage pas en rebondissements particulièrement diaboliques. Cela et le reste font qu'on est complètement happé, hypnotisé du début jusqu'à la fin ; un pur plaisir de cinéma...
David Fincher est franchement franchement un géant...