Bon même si le réalisateur n’était pas parti depuis bien longtemps depuis « Millénium » ca fait quand même sacrément plaisir de le retrouver. Et en plus en pleine forme.
« Gone girl » est fidèle aux réalisations de Fincher, long métrage sombre, violent, psychologiquement dérangeant, étonnement bien écrit et rudement bien mis en scène. Le film part sur un film policier simple mais néanmoins efficace. Le commencement ressemble à s’y méprendre à ce qu’avait fait Villeneuve l’année dernière avec son excellent « Prisonners » dont beaucoup avaient dis que c’était le meilleur drame policier depuis « Zodiac » du même David Fincher. On a donc cependant peur que « Gone girl » soit trop proche de « Prisonners », de l’esthétique, au sujet de disparition et de recherche d’un être aimé par un homme honnête et respectable aidé par un flic qui change de camp régulièrement, paraissant incompétent, mais qui est pourtant assidu dans son travail. Heureusement Fincher prend une autre route dans son travail, prenante et surprenante. Après cette introduction de film policier simple et de qualité le réalisateur part sur tout autre chose et les spectateurs n’ayant aucune connaissance du roman, ni aucune information sur le film sont pris au dépourvu.
En vingt minutes Fincher nous apporte la paranoïa, puis très vite les sentiments s’enchainent et le spectateur bon public passera par une palette de sentiments importante et diffuse. On continue et Fincher nous fait ressentir pour la toute première fois de l’histoire du cinéma de la véritable empathie pour Ben Affleck, vient ensuite la haine, et enfin le dégout total et la peur inconditionnelle.
Fincher nous a montré encore une fois ses talents d’écrivain, mais aussi de manipulateur. Une fois de plus le réalisateur joue avec nous, et nous offre un film à tiroir, a pallier, véritable chasse au trésor, où les éléments et les rebondissement arrivent les uns après les autres à la manière de « Seven ». Mais ces nombreux rebondissement et retournements de situation ne nuisent jamais au film, les personnages sont respectés et bien présents, jamais effacés par la mise en scène tape à l’œil.
Le scénario tient la route, même si il apparaît par moment un peu poussé à l’extrême et contient quelques scènes de remplissages assez décevantes, ou certains passages un tout petit peu tirés par les cheveux, on ne s’ennuie pas un seule instant pendant les 2h30 qui nous offre le film.
L’esthétique est une fois de plus très réussie, l’image noire, l’ambiance et le rythmes très pesants, les personnages inquiétants. Ben Affleck joue une fois de plus un mec banal, aux capacités normales, mais néanmoins assez débrouillard pour tenir face aux ennuis qui lui tombent dessus. Pike est terriblement inquiétante, joue d’une justesse encore inconnue venant de cette actrice, et nous offre les moments les plus psychologiquement intenses.
Fincher mélange une fois de plus les axes temporels et nous laisse des signes dans la réalisation pour nous guider facilement. On se laisse pourtant balader comme des débutants devant tant de maitrise. La violence physique reste assez absente, elle n’apparaît que le temps d’un instant, un meurtre tout simplement hallucinant et terriblement violent.
Le réalisateur en profite aussi pour immiscer une petite critique des médias, trop popularisés, cherchant absolument à créer le scandale par tous les moyens possible sans fondement journalistiques réels.
« Gone girl » reste une fois de plus une œuvre sombre de Fincher, très réussi sur un plan formel, qui offrira un fond plus ou moins séduisant en fonction des attentes exprimées par les spectateurs. La tension est palpable, les rebondissements sont presque trop nombreux et trop mécaniquement parfaits, le long métrage apparaît comme une sorte d’escalier, et chaque marche que l’on descend nous emmène un peu plus vers l’horreur de Fincher jusqu’à un plan final qui fait terriblement froid dans le dos…
Ce « Gone girl » fait parti des œuvres du Fincher deuxième version, qui se case dans ses films les plus aboutis, les plus calmes, à la musique efficace et pleinement en adéquation avec le long métrage, à l’action physique absente, ou presque, pour laisser place à la profondeur de l’esprit.