Film événement de ce mois d'octobre 2014 et que j'attendais beaucoup, Gone Girl est la nouvelle réalisation de David Fincher qui succède donc à sa précédente réalisation qu'est le thriller Millénium : Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes sorti en 2012. Cela faisait deux ans que nous n'avions pas eu un film de David Fincher à nous mettre sous la main et finalement on a bien fait d'attendre car Gone Girl confirme toute nos attentes. Le réalisateur nous offre ainsi une œuvre aussi dense que captivante, très intelligente et brillante, qui est sans doute l'un de ses meilleurs films,... encore une fois me direz-vous. A l'occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et de l'affolement des médias, l'image du couple commence à s'effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ? Attention cette critique contient de gros spoiler pour les besoins de sa rédaction, revenez la lire après avoir vu le film si le cœur vous en dit. En 2014 beaucoup de films comptaient parmi les plus attendus, X-Men : Days of Future Past, Les Gardiens de la Galaxie, Godzilla ou encore La Planète des Singes : L'Affrontement, que des blockbusters. Et je ne parle même pas de ceux qui ne sont pas encore sortis comme Interstellar, Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées ou Exodus : Gods and Kings. Mais le film qui pouvait l'être autant qu'eux et qui n'est pas un blockbuster à plus de 150 millions de dollars de budget, c'était bien le nouveau Fincher : Gone Girl. Après une petite aventure dans le monde des séries télévisées avec son excellente série politique House of Cards avec Kevin Spacey, on se demandait quand allait revenir le grand réalisateur qu'est David Fincher après son adaptation du célèbre roman de Sieg Larsson qui compte parmi ses œuvres les moins mémorables même possédant une grande qualité de mise en scène. Et c'est donc avec un film de commande que revient le réalisateur des cultissimes Seven, Fight Club, Zodiac et autre The Social Network. Rappelons également qu'un autre des films de commande de Fincher, Panic Room, est considéré comme l'une de ses œuvres les plus mineures de sa filmographie. Mais ce ne sera pas la cas cette fois avec Gone Girl. En adaptant le célèbre best-seller américain intitulé Les Apparences en version française de la romancière Gillian Flynn, également la scénariste du film, David Fincher signe l'un de ses films les plus déments. Porté par d'élogieuses critiques, cette dixième réalisation du maître des thrillers connu un excellent démarrage sur le sol américain effectuant ainsi le meilleur démarrage pour un film de David Fincher et qui est bien parti pour être un de ses plus grands succès. Au moment même où j'écris cette critique le film a déjà rapporté plus de 78 millions de dollars aux Etats-Unis et plus de 140 millions dans le monde, le tout pour un budget de 65 millions de dollars. Donc comme je le disais, le réalisateur de Seven et Fight Club livre une autre de ses œuvres phares de sa brillante filmographie avec ce Gone Girl, un thriller qui possède selon des airs de Basic Instinct de Paul Verhoeven. Dans Gone Girl, le spectateur comprend enfin la nouvelle orientation de la réalisation de David Fincher, à savoir son perfectionnisme poussé à l'extrême, ce qui lui permet de confirmer qu'il est désormais le cinéaste le plus perfectionniste qui soit dans le Septième Art. Le film est encore plus détaillé que Zodiac, son brillant thriller d'investigation sorti en 2007, et pourrait ressembler à une sorte de chronique sur l'histoire d'un couple qui se déchire lentement, le tout ponctué d'une enquête policière et d'une affaire médiatique à scandale. David Fincher filme les moindres faits et gestes de ses acteurs, ce qui vire à un sens du détail dément, on voit même, brièvement bien sûr, le sexe de Ben Affleck sous la douche ! Le réalisateur raconte donc jour après jour l'avancée de l'enquête sur la disparition de la femme du héros et utilise d'habiles flashbacks pour nous amener a comprendre comment ils se sont rencontrés et nous montrer ainsi la destruction de ce couple, au départ magnifique, ce n'est pas de la neige mais du sucre, somptueux. Le film avance tranquillement dans son intrigue, on pourrait lui reprocher une longue mise en place où l'on doit s'habituer à l'ambiance sobre et noire ainsi qu'à son montage très intelligent, mais nous restons tout de même prit dedans jusqu'à la fin, car fasciné par cette histoire qui aborde le thème du mariage sans amour où nous apparaît un couple en apparence sans problème mais qui cache en réalité et aux yeux de tous, ses conflits les plus sensibles et violents. De plus le film offre une critique des médias aux Etats-Unis qui n'hésitent pas a envahir le quotidien des témoins ou des victimes jusqu'à les faire passer pour des assassins ou des sociopathes comme c'est le cas avec le personnage interprété par Ben Affleck. Mais je dois bien avouer m'être fait avoir par la promotion du film très futée qui n'a montré dans les bandes annonces que la première partie du film où Nick Dunne est accusé du meurtre de sa femme Amy.
Le film prend alors contre toute attente un gros virage où nous apprenons qu'en réalité c'est Amy qui manipule tout le monde depuis le début et même nous spectateurs un pe naïf parfois, qui sommes influencé par les écrits de son journal intime avec notamment des phrases comme « Cet homme-là pourrait véritablement me tuer. ». Et c'est là que le scénario de Gillian Flynn est très fort, c'est qu'il arrive, grâce à la narration à la première personne d'Amy, à nous faire croire qu'elle est LA victime et que son mari est son assassin, ajoutez également le comportement parfois très suspect de celui-ci lorsqu'il dit ne pas connaître les amis de sa femme, son groupe sanguin, ce qu'elle fait chaque jour ou encore la fameuse scène où il la jette d'une manière violente au sol suite à une dispute qui aggrave son cas auprès du spectateur. Le film maintien donc un certain suspense sur le personnage de Nick Dunne pendant un certain temps, tous les soupçons portent sur lui jusqu'à l'un des rebondissements du film où l'on apprend qu'Amy n'est pas morte, mais que c'est elle qui a mis en place un plan parfaitement bien huilé pour se venger de l'infidélité de son mari. Et là le film de Fincher bascule dans le thriller plus psychologique où il s'attarde d'avantage à la psychologie du personnage d'Amy qui s'avère être bien plus complexe que la simple victime d'un mari soit disant violent. Le spectateur comprendra bien plus tard les motivations de la jeune à travers la scène la plus marquante du film, assez insoutenable où l'on comprend que nous avons à faire à une véritable psychopathe paranoïaque et terriblement intelligente. Le film maintient le suspense jusqu'au bout, Nick est-il l'assassin, que va faire Amy durant sa cavale, comment Nick va réussir à prouver son innocence ou encore comment celui-ci se sortira de sa relation avec Amy suite à son retour dans sa vie ? David Fincher multiplie ainsi les fausses pistes et réussit parfaitement les retournements du scénario de Gillian Flynn jusqu'à en modifier la fin, qui n'est pas la même que dans le roman original, enfin, elle est la même mais ne se passe pas dans la même situation apparemment. Et là où le film est encore plus brillant c'est bien évidemment dans cette conclusion où l'on déduit que le personnage de Ben Affleck est piégé à jamais avec sa femme, il est condamné à vivre avec celle-ci. Pas de moral, pas d'emprisonnement ou de disparition du mauvais personnage, le film casse les codes des films des années 1970 ou 1980 où il fallait à tous prix terminer l'histoire par un happy-end avec l'arrestation du méchant. Dans Gone Girl rien de cela, le héros s'est fait avoir, le méchant est toujours de ce monde et le film s'arrête brutalement, sans doute l'autre petit reproche qu'on pourrait lui faire, mais cela reste tout de même très osé de la part de Fincher de le conclure ainsi
. Etant une indéniable réussite sur le plan du scénario, on reste prit dans le film pendant ses 2h15, et Gone Girl est aussi une grande réussite sur le plan technique. Que ce soit la mise en scène perfectionniste de Fincher, la superbe bande-originale de Trent Reznor et Atticus Ross, l'image sombre et encore accompagnée de cette indispensable lumière jaune qui peuple tous les films du réalisateur, le montage avec ses nombreux flashbacks parfaitement bien intégrés à l'histoire principale, la photographie,... bref Gone Girl est un film qui fait plaisir à voir tant c'est maîtrisé de bout en bout. Et enfin, l'autre point fort du film se tient dans son casting brillant. Dans le rôle de Nick Dunne, Ben Affleck enchaîne une fois de plus avec un personnage passionnant : tueur ou pas tueur, mari fidèle ou mari infidèle, mérite-t-il ce qu'il lui arrive ?... l'acteur-réalisateur, oscarisé pour Argo, est excellent dans ce film qui lui vaut sans doute l'un de ses meilleurs rôles de sa carrière. Ben Affleck est vraiment un superbe acteur et je lui porte désormais un grand intérêt depuis que j'ai vus les impressionnants The Town et Argo ainsi que Jeux de Pouvoir. Désormais je crois en lui à 100% dans le très attendu Batman v Superman : Dawn of Justice de Zack Snyder où il tiendra le rôle de Bruce Wayne alias Batman, rôle pour lequel il s'est fait énormément basher. Vas-y Ben tu vas y arriver, on croit en toi ! Ensuite la performance qui m'a bluffé c'est bien sûr celle de Rosamund Pike, brillante dans le rôle d'Amy Dunne,
qui cache parfaitement son jeu, au départ défendue par le spectateur, qui s'en méfie ensuite après avoir compris son plan pour piéger son mari et qui finit enfin par la détester par ses actes violents et dérangeants.
Quand on voit une telle performance on ne peut que se dire que l'actrice qui a débuté dans le métier en tant que James Bond Girl dans Meurs un autre jour avec Pierce Brosnan, joue dans ce qui est son meilleur rôle et aussi son meilleur film à ce jour. Le duo Ben Affleck / Rosamund Pike fonctionnant parfaitement bien, les seconds-rôles sont très bon mais éclipsés par les deux acteurs principaux de Fincher sauf peut-être Neil Patrick Harris, très très bon dans le personnage de Desi Collings, un ex-petit ami d'Amy un peu intriguant qui tient à la reconquérir, ensuite il y a donc Tyler Perry qui joue l'avocat de Nick Dunne, Carie Coon dans le rôle de la sœur jumelle de Nick et enfin Kim Dikens dans le personnage de l'officier Boney. Gone Girl est donc une totale réussite, l'un des meilleurs films de son réalisateur, un thriller plus psychologique que spectaculaire, qui va plus dans une ambiance de drame humain que dans une ambiance oppressante comme dans Panic Room ou Zodiac et qui prend son temps pour développer son histoire et ses personnages. David Fincher prouve définitivement qu'il est un grand réalisateur, perfectionniste, virtuose et brillant, la réalisation fluide de son Gone Girl permet au film de gagner en complexité et en intensité et les prestations exceptionnelles de Ben Affleck et Rosamund Pike contribuent à la grande qualité de ce thriller plus complexe qu'on ne le pense. Sans doute le meilleur film de l'année que j'ai vu avec X-Men : Days of Future Past de Bryan Singer.