Parfois, le froid peut rapprocher les corps égarés. De temps en temps, une ville morte perdue au fin fond de la Bourgogne peut donner lieu à des rencontres mémorables, mais à des films qui le sont moins. Quelquefois, nous sentons que le temps s'est faufilé dans la pellicule pour nous faire sentir de terribles impatiences où l'attente de l'être cher devient pesante, et le poids des années difficile à supporter. Bienvenue à Tonnerre, où un rockeur, son père et une jeune journaliste vont tenter de vivre.
Ici, l'ambiance est hivernale, fixée dans le temps, telle les habitants figés dans leur propre quotidien, terne et sans saveur. Parmi eux, un extraterrestre au nom de Maxime, rockeur déséquilibré de trente ans. Avec cet homme et après La bataille de Solférino, l'excellent Macaigne campe un nouveau personnage fragile, abîmé, inconstant. L'amour peut aussi vite nous faire pousser des ailes que nous les brûler. Attention alors aux conséquences qu'il engendre, car elles peuvent être terribles.
Tonnerre traîne toutefois en longueur et sa lenteur lancinante lassera probablement l'auditoire, notamment lors de l'épilogue. Malgré ce souci rythmique, le réalisateur recèle de bonnes intentions, comme le fait d'interroger son héros sur la place qu'on occupe sur cette Terre. Cette question renvoie à la propre condition de ce sentimental déprimé. Idem pour cette relation père / fils faite de non-dits et de rancœurs, qui réussit par décoller à certains moments sans vraiment nous toucher. Enfin, sa liaison amoureuse est elle aussi sensible mais manque d'originalité pour vraiment nous accrocher.
Finalement, le film tout entier ressemble à une sorte d'anecdote humaine, peu mémorable mais bienveillante, qui, à certains moments, réchauffe également nos cœurs. Pourquoi ? Parce qu'on sent émerger de ce chaos quelque chose qui ressemble à de l'amour.