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brunetol
193 abonnés
179 critiques
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4,5
Publiée le 29 mars 2014
Un village du Kazakhstan. Rudesse de la vie à la campagne. Pauvreté. Racket au collège, où les petits caïds font régner une terreur mafieuse suivant l'exemple des grands frères, perpétuant une tradition immémoriale et universelle. Darwinisme social. Les dominants, les boucs émissaires, la masse amorphe et consentante des dominés. Ce n'est qu'une question de degré, on a tous plus ou moins connu ça, mais chez les Kazakhs, c'est du lourd. Une victime malmenée rumine sa revanche : on assiste progressivement à la naissance d'un psychopathe, sous le regard entomologiste d'un réalisateur qui dès son premier film démontre une originalité et une maîtrise rares. La violence reste souvent hors champ, le scénario est troué d'ellipses étonnantes, Emir Baigazin laisse au spectateur le soin de combler les manques avec son propre imaginaire. Visuellement, le film est totalement abouti, parcourus de séquences sidérantes de beauté, de trouvailles formelles. spoiler: Cafards sur la chaise électrique, mouton qui marche sur les eaux, lézard décapité... On peut seulement lui reprocher la longueur complaisante des séances de tortures spoiler: pendant la garde à vue des deux enfants , et supposer qu'il y a là une volonté politique de dénonciation, dans un pays sous la férule du dictateur Nazarbaïev, où la démocratie semble encore un horizon lointain voire inaccessible.
Aslan, 13 ans, est élevé par sa grand mère dans une ferme perdue au fin fond du Kazakhstan. Enfant solitaire et ingénieux, Il aime l’ordonnancement de la nature et la géométrie des choses. Il aime aussi construire des stratagèmes pour piéger les cafards. Et il est capable de saigner un mouton, sans émotion apparente...
Au collège, Aslan brille dans toutes les matières, mais ne s’intègre nulle part. Souffrant peut-être de cet isolement qui frappe certains enfants surdoués… En tout cas, il ne se mêle pas aux pratiques des petits caïds qui rackettent les plus jeunes, pour venir en aide aux « grands frères » en prison. Mais quand lui-même est humilié par un camarde, il réagit froidement. Avant d'être interrogé par la police qui le suspecte de meurtre.
Dès lors qu'elle quitte le collège pour devenir celle de la société, la violence franchit un cran supplémentaire. Pas la peine de s’en faire pour Aslan : « il a toujours un coup d’avance sur tout le monde ». Mais pour le reste ! Ces « leçons d’harmonie » ne sont, bien entendu, que dissonances. Même le justicier, qui ne cesse de se laver comme pour se purifier du mal, n'a pas les mains blanches...
La dureté du propos contraste avec la sérénité apparente de l'adolescent et la majesté des grands espaces. Ce film sombre et fort, d'une grande qualité plastique a été récompensé par le grand prix du jury au dernier festival Premiers Plans d'Angers. Mais le réalisateur kazakh y a mis tant de choses, qu’on se perd parfois dans ses multiples pistes.
Les leçons d'harmonie, au titre si bien choisi (le film traite de la destinée et est bien réussi esthétiquement), est une belle découverte. La grande force du film est sa mise en scène remarquable. Le film est d'une beauté stupéfiante grâce aux choix des plans, de la photographie, du jeu des lumières que cela soit sur les paysages désolés ou sur les intérieurs. La ferme est filmée d'une façon judicieuse, les longs plans séquence sont d'une grande beauté. Et puis, il y a cette maison abandonnées avec la lumière qui transperce le toit, telle une église. Emir Baigazin est très à son aise dans les scènes oniriques, poétiques et surréalistes (le mouton sur l'eau) ou drôle (la guillotine, la danse de la fille voilée). Le cinéaste est aussi un très bon directeur d'acteurs dans des personnages très bien écrits. Le génial adolescent Timur Aidazbekov mériterait tous les prix d'interprétations par la force qu'il donne à un personnage mutique et qui se questionne sur la mort par ses expériences sur les animaux (sans rien de glauque ou de sadisme gratuit). Un seul défaut du film et qui l'empêche pour moi d'être plus qu'un bon film, un scénario un peu répétitif à son milieu. On aurait voulu que l'histoire sorte un peu de l'univers mental de violence rentrée et parfois répétitive (filmée hors champ et avec finesse) pour aller vers le personnage de la fille voilée. Le film reste une belle réflexion sur la violence atavique, l'engagement religieux, le destin et une vision d'une société faillible. A voir.
Découvrons le Kazakhstan à travers cette sordide histoire de racket et de harcèlement au collège. Les acteurs sont épatants. L'ambiance délétère qui monte et la tension prennent aux tripes. Et les scènes de torture d'animaux, comme des jeunes prisonniers, mettent mal à l'aise. L'absence de morale finale est inhabituelle.
Ce film est un pur chef-d'oeuvre, à la beauté âpre comme la steppe kazakh. On suit avec émotion un adolescent fragile, sensible et introverti qui découvre, effaré, la brutalité du monde à travers la sauvagerie de ses condisciples et la nécessité d'égorger des moutons pour se nourrir. Il cherche, en se tenant à l'écart et à travers d'obsessionnels rituels de purification, à ne pas se laisser contaminer et à sauvegarder son harmonie intérieure. Il ne parviendra toutefois pas à rester jusqu'au bout un simple spectateur. SUPERBE !
Film très fort qui commence comme un documentaire sur la vie à la campagne au Kazakhstan, puis qui devient un tableau sombre des pires pratiques au collège. Le film est en mode thriller, le cycle devient infernal et il doit cesser. L'absence totale de musique renforce paradoxalement les images et le pouvoir de suggestion. L'image et les cadrages sont magnifiques. Certaines ellipses permettent de montrer moins de violence Le casting est parfait, la crédibilité totale et la tension monte. Film aussi implacable que "Le grand cahier" sorti la semaine dernière. Le constraste entre notre jeune héros et ses copains est saisissant. J'ai beaucoup aimé ce film, cela va sans dire.
Ce thriller inquiétant sur fond de réflexion sur la violence dans la société et sur les théories de l'évolution est un film noir, acerbe et glaçant, austère mais poétique qui bénéficie d'une excellente mise en scène.
Lors de notre première rencontre avec le héros du film, on se dit tout de suite que derrière son coté un peu gauche, introverti, se cache un caractère déterminé, froid et implacable. La (trop ?) longue énumération de ces déboires au sein d’un collège corrompu et malsain, mènera inévitablement à la vengeance de ce personnage trop intelligent pour être une simple victime. La fatale répression qui suivra parviendra-t-elle à briser se caractère endurci par le vent froid des steppes ?
Ce film semblait être le grand favori du 31° Festival d'Annonay et pourtant, il n'a rien obtenu. Trop difficile ? Trop épuré ? Peut-être... En tout cas, nous l'avons vu deux fois, ce qui nous a permis de l'apprécier différemment. Ce film est dur, par moments hermétique mais terriblement réaliste sur le monde de l'adolescence où l'on singe celui des adultes avec toute la cruauté dont sont capables ces jeunes victimes du renoncement de ceux qui devraient être là pour les protéger et se révèlent particulièrement nuls. Aslan, le héros de l'histoire, nous fait souffrir par son mutisme mais il ne trouve pas d'adulte pour l'écouter et le drame que l'on pressent arrive. Le film montre aussi toute la violence de la prison et toute la veulerie de ceux qui sont censés faire appliquer la loi tout en s'en moquant à chaque instant.
Un film venu du Kazakhstan : voilà qui ressemble à un OVNI, du moins pour nous, spectateurs habitués à des "produits" le plus souvent made in Europe ou made in USA. Et lorsque le jeune réalisateur Emir Baigazin est venu nous présenter son premier long-métrage au Festival Premiers Plans d'Angers, nous ne pouvions que manifester un grand intérêt qui bientôt allait se doubler d'une merveilleuse surprise. Certes le film n'est pas de tout repos. La violence y est omniprésente et le spectateur se voit infliger des images d'une cruauté parfois insoutenable. Mais quelle leçon...de beauté et d'harmonie ! Aslan n'a que 13 ans. Elevé à la rude par une grand-mère qui vit dans la pauvreté, il se distingue à l'école par un sens aigu de l'observation et une passion pour les sciences. Seulement voilà : la mafia rôde, amatrice de rackets, de chantages et de règlements de comptes, et les collégiens qui y sont tous confrontés doivent s'adapter plus ou moins à ce système odieux. Un chef de gang, Bolat, va faire d'Aslan une victime privilégiée de ses provocations et de ses humiliations à répétition. Jusqu'au moment où... Le film ne recule devant aucun acte de violence. Mais pour dépeindre une société où la cruauté - tant vis-à-vis des humains que vis-à-vis des animaux - est de règle, Emir Baigazin choisit la violence des images. Le parti pris est peut-être discutable, d'autant que l'ironie du réalisateur se traduit par un esthétisme sans faille où la pureté est de mise. Certains pourront s'en émouvoir. Quel lien entre ces images parfaites et ce monde sans pitié ? Or c'est précisément cette distance entre ce qu'on peut sommairement appeler la forme et le fond qui crée le malaise et éblouit le spectateur. Merveille d'intelligence et d'ironie, ce film est l'occasion de révéler un tout jeune garçon, Timur Aidarbekov, qui incarne à la perfection cet adolescent timide et maniaque qui finit par prendre sa revanche, mais qui sera rattrapé par un système répressif aussi violent que le monde de mafieux auquel il se sera confronté.