Night Run, le troisième film consécutif de Jaume Collet-Serra conjointement avec la star sexagénaire de l’action, Liam Neeson, ne surprendra personne. Dans un premier temps, il s’agit tout bonnement d’un polar d’action comme l’industrie du cinéma en produit par douzaines, quand bien même quelques-uns, dont celui-ci, nous gratifient de quelques innovations mineures. Mais par-dessus tout, il s’agit d’un énième pamphlet axé sur la maîtrise de toutes les catastrophes et causes perdues par un personnage joué par Liam Neeson, incarnant perpétuellement un dur à cuire rangé des voitures, au passé lourd de remords mais aux talents meurtriers d’une rare vivacité. En gros, nous connaissons la musique sur le bout des doigts, au même titre que les expressions ravagées mais préconçues de la star, dans son nouveau costume de héros dans la tempête, bravant les aléas de l’âge et toutes formes de déprédations physiques. Oui, malgré des années d’alcoolisme notoire, il s’agit par définition d’un ivrogne peu ragoûtant, la force, l’endurance et la musculature ne font pas défaut lorsqu’il s’agit de sauver le fiston.
Dans son genre, Night Run, accessoirement un succès plus ou moins notable au Box-Office francophone en ce début d’année, n’est guère très emballant. Pour autant, Liam Neeson n’étant pas seul au front, les apparitions d’Ed Harris, en plein cabotinage, ou encore de Joel Kinnaman, amène un peu de variété, offrant des personnalités en mesure de rivaliser un tant soit peu avec le grand et ténébreux irlandais. Les personnages secondaires ne sont pour autant jamais mis sur un quelconque pied d’égalité avec le héros, lui servant simplement de motifs à ses actions, toutes plus ou moins improbables vu de personnage décrit au début du récit. Polar, certes, mais film d’action avant tout, comme le fussent Sans identité et Non-Stop, deux films dans la même veine, les séquences de bastonnade, de poursuite et de fusillades s’enchaînent. Alors que le final s’avère le moins bon morceau de bravoure du vieux héros, une poursuite motorisée dans les rues New-Yorkaises ou encore la séquence de descente de police dans la cité nous font entrevoir le fait que Jaume Collet-Serra n’est pas forcément maladroit.
Filmant New-York avec une certaine grâce passagère, la nuit, sous la pluie, le réalisateur n’est pas mauvais lorsqu’il s’agit de dynamiser ses séquences d’action. Imprégnée d’une violence d’apparence authentique, les règlements de comptes entre les protagonistes sont correctes, certes, mais font montre, pourtant, d’un défaut. Le directeur de la photographie, pour l’occasion, ne semble pas à la hauteur, accentuant inutilement les contrastes, ne maîtrisant que partiellement les éclairages et commettant par-ci par-là quelques bourdes au niveau des reflets lumineux. Qu’importe donc la haute définition d’usage aujourd’hui, Night Run semble ne pas s’adapter à cette technologie indispensable, se voulant un film d’une autre époque sur le plan artistique comme d’inspiration, soit les années 80 et l’école du justicier dans la ville.
Sans surprise, sans audace, le cinéaste latin nous livre une troisième partition attendue, saupoudrée de quelques bonnes idées qui ne suffisent pourtant pas à sortir son film du stéréotype. Enchaînant les poncifs du genre, chez toutes sortes de metteurs en scène, le pire étant Olivier Mégaton, Liam Neeson est la seule constante dans toute cette affaire, le pilier inébranlable d’une série de film qui tournent en rond depuis maintenant quelque temps. Les amateurs apprécieront, les autres en resteront froids. Avis aux intéressés, s’il y en a encore qui visionnent ce type de film pour tout autre chose que par dépit ou curiosité. 07/20