Le biopic, chez moi, c’est pas fantastique… Alors quand, en plus, on vient sur le terrain du plaidoyer facile (parce que oui, pour ceux qui ne savaient pas, le racisme, c’est pas bien), je l’avoue mes réticences doublent. Mais bon… Même si, comme ma note l’atteste, je n’ai pas été conquis par ce « Chocolat », je dois bien avouer que, par rapport à l’idée que je m’en suis fait lors des premières minutes, au final ce long-métrage là s’en sort plutôt bien. Parce que oui, pour ceux qui s’y risqueraient – sachez le – il va falloir se coltiner un combo de caricatures académiques pour commencer ! Images bucoliques, musique zéméckisienne à base de clarinettes, photographie très « ah la Belle époque ! » : on a TOUT ! Autant vous le dire : il va falloir s’accrocher. On sent que du côté de Roschdy Zem on s’est dit : « puisqu’après tout le biopic est l’incarnation du cinéma académique américain, alors pour la forme, on va tout faire à la sauce académique américaine ! » Alors déjà faut aimer ça, mais encore faut-il aussi l’accepter dans les conventions de la culture française. Alors après, à voir ce film sur le long terme, pourquoi pas. On ne pourra pas retirer à l’ami Roschdy qu’il sait tenir sa caméra. C’est propre. Bien monté. Professionnel. Aucune audace, mais aucune fausse note non plus. Ne reste plus à la mécanique archi-connue et ultra-conformiste du film de se dérouler jusqu’au bout… Et quand il n’y a aucune surprise, pour moi, le spectacle se fait très vite long… Mais très long… Et c’est dommage que ce soit d’ailleurs si long, parce que franchement, me concernant, si le film avait su zapper les quelques scènes obligatoires du bon vieux schéma « ascension – perte des repères – chute » (notamment au début et à la fin), ce film aurait pu passer beaucoup mieux. Parce que bon, l’air de rien, « Chocolat » dispose quand même d’un atout majeur : son duo d’acteurs. Encore une fois, Omar Sy transfigure totalement son personnage. Il lui donne de la chair comme ce n’est pas permis. Mais avec peu, il arrive à faire beaucoup. Ce mec est vraiment génial. Et pour le coup, face à la lui, son partenaire n’a pas à rougir. Je ne connaissais pas James Thierret, mais je trouve que le gars a su habiter son personnage très justement alors que c’était loin d’être évident. Alors du coup, pour qui n’est pas trop choqué par les lourdeurs et les longueurs de telles conventions de récit, parfois ça passe, et ça peut même des fois passer plutôt très bien (le passage d’Othello, pour ma part, j’ai trouvé ça assez chouette). Alors après, le discours est connue, la démarche ne surprendra – je pense – personne. Certains diront que c’est utile. Moi j’aurais plutôt tendance à dire que ce film ne sera vu que par des gens qui trouvent ça utile, d’où le quid de la vraie utilité ? Moi, en tout cas, m’assener un tel discours basique et convenu, je ne trouve pas ça utile du tout me concernant. Heureusement que, pour le coup, il ne sache pas se faire trop gros sabots car sinon il aurait pu vraiment gâcher tout le reste. Il aurait pu gâcher la belle composition du duo d’acteurs. Il aurait pu gâcher la propreté de la réalisation de Roschdy Zem. Donc, de mon point de vue, ce film est à prendre comme tous les précédents films de son auteur. Ils sont consensuels, moralisateurs et académiques… mais ils ne sont pas totalement dénués de sincérité et de bons moments non plus. Donc pourquoi pas, pour peu qu’on s’estime le public visé…