Je vais être honnête : la haute couture ne m'intéresse absolument pas, je n'étais donc nullement le cœur de cible du film. Du coup, j'ai envie d'être un peu plus indulgent... mais pas trop quand même. Ba oui, je ne peux m'empêcher de penser que si l'on traite vraiment bien un sujet, on réussit un minimum à intéresser le spectateur a priori indifférent : « Rush » sur la Formule 1 ou « Foxcatcher » sur la lutte en sont de bons exemples. Ici, rien, ou presque. Il est évident que Jalil Lespert a pris grand soin de l'image, de la lumière et bien sûr des costumes, donnant à son œuvre l'élégance nécessaire au biopic. Mais bon... Quid des enjeux, des personnages, de l'époque ? Certes la Guerre d'Algérie est évoquée, et puis ? Beaucoup de seconds rôles importants dans le milieu de la culture à peine effleurés, quand bien même n'était-il pas encore ce qu'ils sont devenus, on aurait aimé en savoir plus. Le film est froid, souvent ennuyeux, écrasé par un académisme ne laissant rien dépasser. Au moins la relation Saint Laurent - Bergé n'est-elle pas trop édulcorée, décrivant bien le rôle et les aspirations de chacun dans le processus créatif, avec ce qui en découle de conflits et de souffrance dans le quotidien du couple, à l'image
des nombreuses infidélités du premier, dont on n'aurait pas imaginé le goût pour la dépravation
... Autre point positif : le personnage et la performance de Charlotte Le Bon, de loin la protagoniste la plus attachante et intéressante de l'œuvre, dont
la disparition en milieu de récit, aussi logique soit-elle
, marque d'ailleurs une nette baisse d'intérêt quant à la suite. Bref, si « Yves Saint Laurent » peut s'appuyer sur quelques qualités, il échoue toutefois à rendre fascinant son héros et le milieu qu'il a révolutionné, me laissant quasiment de marbre 105 minutes durant, l'impeccable interprétation (notamment de Pierre Niney, même s'il faut prendre le temps de s'habituer au phrasé si particulier d'YSL) n'enlevant rien à l'impression de platitude, voire de vacuité pour une personne étrangère à la question. Vous voilà prévenus.