Il y a beaucoup de choses à dire de ce film, certainement parce qu'il fait l'objet de nombreuses sources d'inspiration et qu'il représente la revanche de Clouzot après l'occupation, le film remporta en effet le prix du meilleur réalisateur au festival de Venise et jouit d'un casting éblouissant et d'un scénario hors-pair.
Je commencerai par faire analyser le personnage du commissaire Antoine joué par l'innimitable Louis Jouvet, on pourrait se permettre les ressemblances frappantes avec Colombo, cela serait fort possible que les américains aient puisé l'inspiration de leur enquêteur fétiche de ce film, je remarque 3 points communs:
1- son allure:
L.Jouvet revêt en effet un vieux costume poussiéreux et trompeur sur sa profession :
Delair - "Oh vous êtes policier ?"
Jouvet - "Oui m'dame."
Delair - "Oh mais entrez donc, je vous avez pris pour un passeur d'aspirateur !"
2- Les deux enquêteurs génèrent la même approche directe et soudaine du sujet.
3- Le troisièmement renvoi au premièrement, c'est que les 2 hommes imposent la même image innofensif au premier regard pour les autres personnages.
Pour finir sur ce point, je vais préciser que comme toutes ressemblances, il y a forcément différences, quant à ces dernières, il y en a deux majeures :
1- Le fait que Louis Jouvet soit plus brutal et dur que Colombo comme le prouve l'histoire du permis de conduire ou la mise en garde à vue de Bernard Blier.
2- A la différence de Jouvet qui se trompe plusieurs fois de pistes, Colombo, lui, réussi toujours du premier coup.
Il est cependant possible que Quai des Orfèvres n'ait pas inspiré Colombo, je ne fais que remarquer et retranscrir mes observations.
Par ailleurs, je vous offre une seconde de mes analyses, mais cette fois j'en suis certains, ce film a inspiré Claude Miller et Michel Audiard pour le cultissime Garde à Vue : On remarque que Michel Serrault porte le même nom que Bernard Blier, alias Martinaux, et qu'il est soumis à la même situation, une garde à vue où il est fortement suspecté, et cela même le jour de l'an ! (Dans Quai des Orfèvres, c'est Noël, mais bon, c'est la période des fêtes). Il y a bien aucun doutes là dessus !
Outre ceci, il est bon de faire remarquer que le film de Clouzot est en avance sur son époque pour deux raisons, la première c'est qu'il présente un enfant noir adopté et aimé par Louis Jouvet, et la seconde, très évidente, c'est la relation de femme à femme explicite à l'image. Le personnage de Simone Renant est en effet très amoureux de Jenny Lamour (Suzy Delair), on le remarque bien à la séance photo où elle caresse rapidement la jambe de la star du cabaret ou lorsqu'elle essaie de la disuader de rencontrer le vieux vicieux Brignon, ou encore lorsqu'elle voit Blier et Delair s'embrasser dans leur chambre, mais tout est confirmé par Louis Jouvet, seul à s'être aperçu de cette attirance particulière : "Vous m'êtes particulièrement sympathique mlle Dora, vous savez pourquoi ?... Vous êtes un type dans mon genre, avec les femmes vous n'aurez jamais de chance."
Et maintenant, finis mes petites analyses ! Elles suffisent à me convaincre que Quai des Orfèvres est un véritable chef d'oeuvre du cinéma français, Louis Jouvet est IMPRESSIONANT, Suzy Delair est FANTASTIQUE, Bernard Blier est PARFAIT, et Simone Renant est EXCELLENTE. Les dialogues de Clouzot et Ferry sont irrésistibles et quelques fois cinglants au possible, la réalisation est MERVEILLEUSE, les musiques sont totalements entraînantes, et on a q'une hâte, le revoir ! Encore une fois merci, MONSIEUR le MAÎTRE Henry-Georges Clouzot pour ce plaisir exquis de cinéma.