Avis sur Les Amours interdites d'une religieuse

Amato est un réalisateur très très inégal, avec de vrais foirages et puis des choses que je trouve personnellement pas mal faites. Les Amours interdites d’une religieuse, sous son tire pompeux, est un métrage à l’intérêt discutable qui s’avère finalement moyen pour un métrage du réalisateur, c’est-à-dire pas calamiteux mais pas enthousiasmant pour autant.
Dans les bons points je mets en premier lieu la bande son. Elle est réussie, c’est sûr, et elle baigne certains passages du film d’une étonnante douceur éthérée, c’est plaisant, surtout lors de certaines scènes érotiques. En cela, la scène qui ouvre pratiquement le film est un moment qui met dans une dynamique positive.
Car en effet, visuellement le film n’est pas moche. La photographie un peu vaporeuse est loin d’être vilaine, les décors sont honorables, l’ambiance froide des extérieurs, automnale apporte un côté un peu glacé au film qui ne m’a pas déplu. C’est relativement artisanal, notamment avec les effets de lumières bleus-violacés dans la dernière partie, mais il y a un peu de recherche, et si d’Amato n’est pas très enthousiasmant en terme de mise en scène, il offre quelques bonnes scènes sensuelles et érotiques (voire un poil plus hard parfois). Dommage qu’il ne soit pas régulier néanmoins, sur la fin il privilégie la quantité à la qualité, et ça sent le bâclé, ce qui tranche avec la superbe première scène et d’autres bons moments de la première partie.
L’histoire ne casse pas des briques. Couvent, érotisme, amours saphiques, et fantastique ! Car oui, si le film se veut érotique, il se veut aussi fantastique, avec exorcisme ! Le mélange prend malheureusement assez mal. On sent que cette partie ne s’imbrique pas au reste, et qu’elle est là on ne sait trop pourquoi d’ailleurs, peut-être pour surfer sur la vague L’Exorciste et rameuter quelques spectateurs ! Donc il ne vaut mieux pas espérer de ce côté-là, le film est avant tout du softcore (parfois un peu plus hard) qui enchaine des scènes érotiques entrecoupées de situations et de dialogues dispensables. L’histoire reste très convenue et pas des plus vraisemblables !
Cote casting pas besoin de chercher les vedettes ! Deux actrices principales qui ne vont guère sortir du soft ou du hard avec Paola Senatore et Marina Hedman, et pour le reste des têtes disparates qui ont parfois émergées dans des séries B et Z italiennes sans le sou. L’interprétation reste dans l’ensemble sans intérêt, même si les actrices assurent dans les scènes érotiques, c’est déjà cela.
Au final d’Amato signe un film érotique ici. Inutile de se le cacher, ce n’est pas grand-chose d’autre, et je ne crois pas que d’Amato soit dans son élément le plus maitrisé. Il est souvent bien plus à l’aise dans l’horreur. Néanmoins, ce film reste propre sur la forme, il remplit à peu près le cahier des charges là où on l’attend le plus. Reste que l’histoire avec son fantastique au rabais, ses acteurs trop faibles, et la mise en scène inégale de d’Amato font que le film parait parfois ennuyeux et pas terrible. 2

Joe D'Amato a surtout oeuvré dans les films érotiques et pornographiques et parfois il s'est laissé aller à d'autres genres comme ici un film qui s'inscrit plus ou moins dans la nunsploitation ; Les Amours interdites d'une religieuse se veut licencieux sur l'intérieur d'un couvent avec une jeune fille dont la libido ne sied pas à un tel lieu de recueillement mais malgré que ce soit joliment réalisé l'ensemble ennuie rapidement. Seules quelques jolies filles nues éveillent notre attention mais pour le reste D'Amato livre un film sans intérêt.