Conseillé par un ami cinéphile, « La Rue chaude » apparaît vraiment aujourd'hui comme un pur produit de son époque. De la morale, des dilemmes amoureux, des personnages pris au piège par la vilenie de leur milieu, une ambiance poisseuse... Bienvenue dans les 60's à travers un scénario parfois convenu, que ce soit dans certaines situations ou le déroulement ne proposant que peu de surprises, sans être totalement prévisible non plus. Le (relatif) plaisir est ailleurs : d'abord de la mise en scène, sans génie mais très maîtrisée, très cohérente d'Edward Dmytryk (hormis un petit loupé sonore à un moment!), pouvant également s'appuyer sur un beau noir et blanc ainsi qu'un solide montage. Mais aussi des dialogues, sachant parfois être assez intenses, durs, presque provocants. Enfin, même si cela pose un sérieux problème de crédibilité (toutes ces femmes folles de Laurence Harvey, un peu trop, non?), niveau casting (féminin), c'est du très lourd : Jane Fonda à 25 ans et déjà d'une vibrante sensualité, Anne Baxter, touchante en improbable barmaid à fort accent sud-américain, et surtout Barbara Stanwyck, dans un rôle qui aurait pu sombrer dans la caricature, mais auquel l'écriture apporte une réelle ambiguïté et l'actrice beaucoup de classe pour parvenir à quelque chose d'un peu forcé, mais plutôt intéressant. En prime, un nouveau générique splendide signé Saul Bass, magnifié par la musique d'Elmer Bernstein : deux immenses artistes... Ces quelques éléments permettent de rendre l'entreprise plutôt convenable, bien qu'assez démodée à bien des égards, notamment dans son regard sur les maisons closes, les relations amoureuses, une certaine vision de la société américaine... Maintenant, c'est donc aussi le reflet d'une décennie, même si l'on a déjà vu regard plus subtil et nuancé sur la période, rendant l'intérêt quelque peu inégal. Pour sa culture personnelle.