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lolohap
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4,5
Publiée le 22 novembre 2015
IMPRESSIOINNANT. A VOIR. Pas vu à sa sortie car je craignais qu'il soit trop "gore", qu'il montre l'insoutenable pour le plaisir de voir souffrir des gens .... Grosse erreur, la violence est dans les attitudes et les récits complètement hallucinants de ces anciens bourreaux. On voit vraiment ce qu'est un état policé avec des milice privée qui font regné la terreur et une mafia qui rackette toute l'économie. C'était il y a 50 ans et c'est encore le véritable far-west avec ces gros bonnets déjantés qui ont fait leur fortune et leur gloire en massacrant des milliers d'innocents. Si il c'était s'agit d'un film, on n'aurai crié au fou et quitté le film au bout de 10 minutes, tellement l'histoire est complètement hallucinante. En fait, on reste ahuri et estomaché jusqu'au bout car on a du mal à croire que cela soit possible, tellement ces bourreaux semblent en dehors de la réalité. Il y a un sentiment de malaise qui vous prend et vous oblige à aller jusqu'au bout. Parfois, le délire et les situations sont tellement loufoques qu'on est obligé de sourire, puis on se ravise par décence pour les victimes. A VOIR pour comprendre de ce qu'est capable l'Humain : Tuer ses voisins sans aucun état d'âme. C'est simplement un boulot plus rémunérateur et très valorisant!!.
Act of Killing est un miracle, il ne faut pas avoir peur des mots. Quelque chose d'halluciné et de formellement beau qui fait irruption dans le paysage médiatique, mais également politique. On ne sait pas ce qu'il y a de plus terrible dans ces images, car il faudrait parvenir à établir une graduation dans l'horreur. Est-ce ces horribles meurtriers indonésiens qui veulent montrer dans un film tourné à leur gloire qu'ils ont œuvré pour la paix, que les milliers et milliers de "communistes" qu'ils ont torturés et exécutés devraient les remercier, car l'Indonésie et libre et prospère aujourd'hui. Est-ce cette horrible alliance entre gangstérisme et affairisme qui caractérise la classe politique indonésienne, au point qu'un vice premier ministre exalte une assemblée de bandits endimanchés en rappelant qu'ils permettent au pays d'aller de l'avant. Ou est-ce cette fin, terrible, quand un des bourreaux s'essaye au repentir devant la caméra en se forçant à vomir sur le lieu où il a assassiné avec raffinement un millier de personnes. On a reproché à Joshua Oppenheimer de piéger le spectateur dans un système (Libération), mais non, il s'agit bien d'un documentaire de la plus grande neutralité qui soit, mais un documentaire donnant à voir l'événement de l'extérieur et de l'intérieur, ç-à-d dans un double mouvement allant de notre regard à celui des protagonistes. Le décalage moral qui en découle nous laisse alors totalement abasourdi. Quelles seront les suites politiques d'un tel travail qui aurait de quoi envoyer l'ensemble du gouvernement indonésien devant la Cour pénale ? Il n'y en aura pas, et ce sera peut-être la dernière révélation, involontaire celle-ci, de Act of Killing. Le film a obtenu deux Prix au festival de Berlin (du public et du jury œcuménique), un à l’Académie du cinéma danois, a provoqué un électrochoc aux festivals de Copenhague et Toronto, pourtant il n’a été diffusé que dans une poignée de salles (dont les 3 ou 4 en France) en dépit de la qualité de ses producteurs Werner Herzog et Errol Morris. Véritable « patate chaude », Act of Killing semble avoir provoqué une grande indécision dans les réseaux de diffusion. Une bonne part de la critique elle-même semble être passée complètement à côté en préférant attaquer le procédé du film plutôt que son contenu. Tout de même, je ne résiste pas au plaisir de relayer la réaction d’une journaliste allemande, Jessica Kiang, après une projection au festival de Berlin : « Putain de merde ! Jamais vu ça ! »)
En 1965, le général Suharto a pris le pouvoir en Indonésie en matant violemment la rebellion communiste. Employés dans des milices paramilitaires, les auteurs de ces crimes de masse n'ont jamais été inquiétés. Même après l'avènement de la démocratie, l'Indonésie continue à les protéger. Ces septuagnénaires ne sont pas rongés par le remords. Au contraire : ils cabotinent devant la caméra, tout farots de rejouer leurs crimes sadiques (les victimes étaient égorgées avec un fil de fer). Le documentaire de Joshua Oppenheimer ne laisse d'inquiéter sur l'état de l'Indonésie. Non seulement les crimes de 1965 y restent impunis, mais la milice fascisante Pancasila, dont le réalisateur interviewe le chef et filme les rassemblements, affiche sans voile un nationalisme xénophobe qui n'a rien à envier aux chemises brunes hitlériennes. Plus profondément, c'est la nature humaine et l'origine du Mal que ce documentaire fascinant interroge. Les fanfaronnades de ces "héros" sont si obscènes - et l'histoire indonésienne pour nous si lointaine - que le soupçon d'un canular plane sur le premier tiers du film. Mais bien vite, hélas, ce soupçon est levé. La réalité des exactions commises près de 45 ans plus tôt ne fait d'autant moins de doute que leurs auteurs les revendiquent fièrement. L'absence bravache de tout remords rend ces monstres à la fois plus odieux et plus "normaux". Témoignage si besoin en était que la "banalité du Mal" ne connaît pas de frontières.
L'idée du film est simple. Joshua Oppenheimer propose à d'ancien tortionnaires exécutants de rejouer les scènes d'exécutions des millions de communistes, pour la plupart d'origine chinoise, pour un film. Presque 40 ans après les faits, tout est encore intact et on a l'impression de vivre à nouveau le génocide. Pas d'un point de vue voyeuriste où on enquille les morts mais d'un point de vue psychologique, en mettant à nu les mécanismes de chacun de ces tortionnaires. Si certains réalisent, presque 40 ans plus tard, l'horreur de leurs actes, d'autres nient ou révèlent une âme totalement pourrie. Ce film, ce documentaire, the act of killing, est une pièce rare, unique, humainement, socialement, sociologiquement. Un objet qu'il faut manier avec précaution, totalement explosif, et d'une puissance invraisemblable. Jamais, peut-être, un documentaire n'a-t-il aussi bien porté son nom, n'a-t-il aussi bien documenté sur des évènements d'il y a 40 ans. Mais il éclaire avec la même force, ceux d'aujourd'hui, parce que lorsqu'on a mis à nu le mécanisme d'une pensée de masse, d'une pensée individuelle partagée par beaucoup d'hommes, on approche un peu plus d'une forme de vérité.
Il est de ces films qui secouent au point tel que le spectateur semblait être quelqu'un d'autre avant de les voir. Des œuvres non pas réalisées pour combler des attentes ou satisfaire un public. Des projets qui sont avant tout préparé, mis en chantier et réalisé afin de raconter une histoire, et la faire partager au plus grande nombre avec la plus grande humilité possible. L'auteur de "The act of killing" ne le savait certainement pas avant de concrétiser son projet, mais son film est bel et bien de cette trempe. Plus qu'un documentaire sur un épisode très douloureux de l'histoire Indonésienne (et donc l'Histoire tout court), "The act of killing" est un film courageux, incroyable, basé sur un concept hallucinant dont l'auteur n'a pu se défaire une fois sur place. En toute sincérité, je ne peux pas vraiment en dire plus au risque de gâcher. C'est un film à voir, une véritable expérience de cinéma, de spectateur, un film sur le monde, sur l'humanité et son absurdité. Une histoire vraie à connaître, et à méditer.
Je défie quiconque de sortir indemne de ce film qui montre une vérité crue et dérangeante. Un film qui est plus qu'un documentaire. Le réalisateur a eu un véritable courage et nous offre une oeuvre bouleversante qui peut, à l'instar de son protagoniste, nous remuer les tripes. Bravo.
On se croirait dans Pulp Fiction, nous sommes face à la réalité historique et à ses stigmates protubérants. L'histoire de l'Indonésie, du communisme, doctrine clivante ayant causé la mort de dizaines de millions d'individus n'en finit pas de déjouer les monstrations documentaires et idéologiques. Cette purge de 1965 du PKI contre le parti communiste au moment où celui-ci pouvait arriver au Pouvoir se donne à revivre dans une théâtralisation haute en couleur et hyperonymique, réalisée avec autant de félonie que d'intrépidité. A conseiller.
Exceptionnel document sur les bourreaux. Mieux encore : sur le plus bas du plus bas niveau imaginable du vivant, celui atteint au sein même de l'espèce où certains aiment à se croire « au sommet de l'évolution ». Un niveau où les descendants des martyrs tremblent encore et se taisent 45 ans plus tard. Un niveau où des individus et des groupes fermés aux autres, réduits et monstrueusement déformés et dépravés ont tout détruit autour d'eux et en sont fiers, si fiers qu'ils veulent témoigner et montrer pour la postérité, n'hésitant pas à se mettre en scène pour tout déballer des horreurs commises et de leurs fantasmes tantôt obscènes tantôt immatures. Le vertige s'accentue quand on voit la parenté, la collusion et la ressemblance des dominants d'aujourd'hui avec les bourreaux d'hier. N'importe quelle séquence du film permet de se rendre compte de l'abîme où est tombé l'Indonésie à partir de 1965, à partir du coup d'Etat de Suharto : le système mis en place à l'époque est toujours en place. C'est toujours un fascisme de la pire espèce. Une dégénérescence accomplie.
Le film se concentre sur les anciens bourreaux et sur ceux qui, à l'évidence, n'aspirent qu'à le devenir, mais n'oublions surtout pas le contexte, les coulisses historiques de la monstruosité et ceux qui ont guidé son action.
Plus importance force agissante : la machine de guerre du lobby capitaliste – la mégamachine - en lutte contre les communismes totalitaires et, surtout, pour imposer la globalisation en éliminant tous les hommes, toutes les collectifs aspirant à la justice et à la paix. Avant le Chili, avant l'Argentine, l'ambassade des Etats-Unis livrait déjà des listes de « communistes » aux commandos de la mort – essentiellement des truands devenus les meilleurs amis du nouveau régime. Communistes, c'est à dire tous ceux qui avaient eu l'audace de manifester une résistance à la menace totalitaire et prédatrice, ou simplement une espérance, ou dont, tout bonnement, un gangster local convoitait les terres ou le commerce. Mondialisation capitaliste... Localement, en Indonésie, comme à l'échelle planétaire, c'était la poursuite du vol et de la destruction des biens communs – les communaux, une guerre de nombreux siècles devenue un effort mondial depuis 1945.
Au moins 1 000 000 de personnes massacrées (2 000 000 dit l'un) ? La néo-colonisation des peuples autochtones privés de toute reconnaissance, de tout droit, l'éviction – souvent l'élimination - des petits paysans, la destruction frénétique des écosystèmes les plus diversifiés – les meilleurs fruits de l'évolution, l'ouverture en grand au capitalisme le plus ravageur : les mines, les coupes rases des forêts, les plantations, etc.
Puis le génocide au Timor Oriental (1975-1999) déclenché au lendemain du feu vert de Ford et Kissinger. Et la néo-colonisation génocidaire en Papouasie Occidentale (depuis 1952), mais aussi à Aceh, au nord de Sumatra où ont sévi les tueurs que l'ont voit parader...
...Tout ensemble, c'est une partie du cauchemar mondial dont le développement avait fait se lever la nouvelle gauche alternative. Mouvement lui-même balayé par les mêmes forces réactionnaires. Avec les cupides et les rudimentaires, le pire n'est jamais loin, surtout quand la plupart sont démobilisés (comme aujourd'hui). planetaryecology
Il y a un milliard de raisons que ce film annoncé chef-d'oeuvre n'en soit pas un. Il y a encore plus de raison de s'emballer sur un coup d’esbroufe bien préparée qui nous retournera le cerveau deux heures avant d'être lavé par l'oubli et la consommation cinoche. Niet. Ce film est une supercherie car il a fait croire à des assassins en masse qu'il allait les faire stars et ils y ont cru, et se sont livré plus qu'ils ne l'auraient fait dans un documentaire grave et sérieux. Mais c'est une...tuerie (jeu de mot vulgaire compte tenu du contexte). L’appellation chef-d'oeuvre n'est pas contestable. Le personnage principal est hanté par ses mains rouges d'hémoglobine humaine, comme un héros shakespearien, et comme là-bas le vernis occidental ne recouvre pas l'aspect Tiers-Monde, il est cette âme déchirée, classique malgré lui, que le film va monter devant les portes de la catharsis, le happy end, pour mieux le faire chuter dans les flammes de l'enfer de sa propre conscience, pas avec les regrets aiguisés de la la culpabilité, ce serait trop simple, mais vers l'humiliation de la déchéance morale et psychique. La guillotine de cette justice morale nommé conscience avec ses bases universels sur le bon et le mal, va lui charcuter les neurones à défaut de sa nuque. Au-delà de notre star, c'est le portrait corrompu de tout un pays qui est mis sur pellicule. Ici si Cahuzac a fait du ramdam, allez-voir The act of killing. Par exemple, c'est équivalent à la cosa nostra vraiment au gouvernement sans la marionnette Berlusconi pour s'interposer devant le peuple, ou plutôt c'est l'empire USA qui agite les fils de la chimère Union Européenne pour dénationaliser/régionaliser les peuples sans Sarkhollande UMPS pour s'interposer devant nous. C'est impressionnant.Réel uppercut. Farce grotesque de tortionnaires sans foi ni loi, adoptant la pause en posant en prières musulmanes entre deux rackets au souvenir ému de viols commis passés, ah jeunesse quand tu nous tiens...Ils ont des physiques particulièrement pourris révélant pour beaucoup les turpitudes de leurs esprits, brutes épaisses indonésiennes efféminés... Sauf notre Anwar Congo national, pourtant mince, avec sa démarche de danseur et sa peau foncée dont on se moque. Il est assez beau pour que les dernières scènes de l'effet miroir l'inscrive dans l'histoire du cinéma à défaut des belles pages de celle son pays comme il l'a cru si longtemps. A un moment un des gangsters institutionnalisé, dans un sursaut de lucidité, après une déception à propos d'une ruse malsaine qui profita à des corrompus plus malins que lui, évoque l'esprit qui règne sur les gens, tous, n'agissant, ne bougeant corps et paroles que pour l'argent, se souriant en communauté comme la mer sur des ailerons voraces, mais mangés au fond par la haine que cela charrie, et dit à peu près que c'est vide et brillant comme à la télé, on a des âmes de télé : pas mieux. Même si ça passe loin de chez vous, ou qu'il vous faille pirater internet, mon Dieu, voyez ce film. Çà consolide l'instinct de survie plus qu'une grande frayeur ou un stage commando.
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4,5
Publiée le 9 octobre 2021
Le documentariste Joshua Oppenheimer avait initialement l'intention de réaliser un film sur les enfants des personnes assassinées par la dictature militaire indonésienne dans le cadre d'une purge communiste en 1965. Mais comme les gens ne voulaient pas coopérer en raison de la menace de représailles de la part d'une milice anticommuniste qui est toujours au pouvoir dans le pays aujourd'hui il s'est tourné vers les meurtriers eux-mêmes les laissant raconter leur histoire comme ils le souhaitaient. Ils décident de faire un film en utilisant une combinaison de genres populaires. Le résultat est un film profondément dérangeant sur des hommes qui sont considérés comme des héros naturels pour leurs actes et qui se délectent de leur statut de tueurs de sang-froid. Ce qui donne au film son impact émotionnel c'est d'observer ce qui arrive au personnage principal lorsqu'on lui donne les moyens de réaliser ses fantasmes sur lui-même et sur ses collègues assassins. Dans certaines scènes du film dans le film il joue une victime d'interrogatoire qui est battue étranglée, égorgée, etc. La fiction devient un peu trop réelle pour lui et il commence à s'effondrer lorsqu'il ressent un soupçon de ce que ses victimes ont ressenti. J'espère que ce film encouragera les gens à se pencher davantage sur cette époque et à apprendre des choses sur notre monde fou. Moi quand je vois ça j'ai l'impression que je suis un personnage dans le mauvais rêve de quelqu'un d'autre...
On ne sort pas indemne du visionnage de ce film qui n'est ni un documentaire, ni un docudrame. Un document absolument bouleversant et dérangeant qui donnerait du fil à retordre au TPI de la Haye mais qui questionne, surtout, la conscience du spectateur, car l'on ne sais pas très bien où se situe la frontière entre le réel -le vécu- et la fiction -l'interpreté- . La remise en question -réel ou supposée- du tortionnaire, au fur et à mesure du film, traite le côté humain, s'il en peut rester un dans ce tourbillon de violence. Ce qui est profondément inquiétant c'est la participation et la reconnaissance officiel du régime en place en Indonésie, du génocide des appelés "communistes" (comprendre par là: chinois, anti régime, communistes, etc. etc). L'on arrive même à la nausée ( comme le protagoniste) et pas précisément à cause de la mise en scène trash et sanguinolente du film tourné dans le film. À voir absolument en attendant et en souhaitant que soit présenté comme pièce conviction devant le tribunal de la Haye.
Un documentaire atypique, dérangeant qui montre l'insupportable de façon burlesque. Excellente idée du film dans le film, psychanalyse un peu glauque d'un des "héros", des grands moments d'humour noir pour nous montrer la face la plus horrible de l'"humanité" ... Un film qui bouleverse et interroge sur l'impunité de ces hommes très liés au pouvoir en Indonésie ... Quelques longueurs néanmoins.
film surréaliste et qui laisse un malaise. regarder des criminels qui mettent en scène leurs assassinats sans aucune crainte ni remords ne peut nous laisser que perplexe sur la capacité humaine à perpétrer les pires génocides. Comment impunément exterminer un million de personnes sans la bienveillance d'une communauté internationale qui a protéger ainsi ses intérêts politique et économique. Comment ne pas s'étonner que des ligues factieuses se constituent sur de telles idéologies. Ce film nous rafraîchit la mémoire en nous montrant que la bête immonde n'est pas morte.
Bien que connaissant le sujet de première main pour avoir milité pour l'auto-détermination de Timor-Est, puis (brièvement) pour encourager la démocratisation de l'Indonésie au début des années 2000, je n'ai rien à ajouter aux autres critiques qui ont parfaitement jugé ce film. C'est vrai qu'il y a quelques longueurs, mais je pense qu'elles étaient inévitables puisque Joshua Oppenheimer "colle" aux desiderata de ses héros gangsters, et c'était clairement important pour la dynamique du film de montrer en alternance, d'une part l'horreur de ces personnages et de leur absence (?) de remords, d'autre part leur côté grotesque touchant parfois au kitsch. Un travail stupéfiant et audacieux: il fallait oser prendre le parti du docu-fiction dans le contexte d'un massacre de masse, et laisser les bourreaux faire leur propre procès avec enthousiasme! C'est cette revendication forcenée de leurs crimes (typique de l'Indonésie) qui est la plus troublante. Mais se lancer là-dedans n'est pas anodin, comme s'en aperçoit le "héros", Anwar Congo. A partir de la moitié du film, ses remords enfouis remontent à la surface et on le voit entamer, à son insu, un vrai travail analytique à la sauce locale, avec transe et exorcismes assortis, aidé par son compagnon de tortures et d'assassinats qui, lui, semble rester spectateur. Contrairement à d'autres critiques et à Oppenheimer lui-même, j'ose croire que le film ne montre que le début de ce travail. Et finalement, le plus mystérieux dans ce film est d'avoir réussi à y mêler l'horreur avec une certaine beauté et même une certaine poésie, qui coexistent au message politique. C'est ce qui en fait, à mon avis, un chef d'œuvre.
Documentaire hallucinant ! Un choc. On y voit des gangsters se vanter de leurs crimes sur les plateaux TV, des politiciens au pouvoir dire qu'il faut qu'il y ait des gangsters dans leur pays...On se demande comment le pays a pu en arriver là et on se dit que l'Indonésie a touché le fond...En fait, la plupart des gangsters sont des fanatiques anti-communistes, certainement endoctrinés par la propagande anti-communiste américaine (rappelons qu'une fois de plus, les Etats-Unis n'ont pas hésité à soutenir un coup d'état pour mettre en place à la tête d'un pays un dictateur, provoquant au passage entre 500 000 et 3 millions de civils assassinés). Ce film traite aussi du choc psychologique qu'engendre l'acte de tuer, et, les remords qu'il produit. Même si le film manque de rythme et en agacera beaucoup à cause de sa lenteur, il est à ne pas manquer !