Il y a 50 ans un chanteur français au père belge chantait « Noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir ». C’est exactement l’impression que l’on ressent à la vision de Les Ardennes, premier long métrage du réalisateur belge Robin Pront. Belge d’expression flamande, rajouterons nous, afin de mieux situer son cinéma qui le rapproche plus de "Bullhead" de Michael R. Roskam que des films des frères Dardenne. En fait, "Les Ardennes" se partage en deux parties très différentes : la première partie, tournée dans la banlieue d’Anvers, raconte le retour vers la liberté, après quatre années de prison, de Kenny, un être violent condamné pour un cambriolage ayant mal tourné. Un bon point pour lui, toutefois : lors de son procès, il s’est tu sur la participation de son jeune frère Dave à ce cambriolage. Durant ces quatre années d’emprisonnement, ce jeune frère a mûri, il a arrêté de boire, il a trouvé un travail. Cela, Kenny va bien être obligé de l’accepter. Mais il y a plus grave : Dave s’est mis en couple avec Sylvie, celle qui était la petite amie de Kenny, et Sylvie, qui fait tout pour se sortir de la drogue, est enceinte. Comment l’annoncer à Kenny ? Pour commencer, essayer de l’amener, lui aussi, à « se ranger des voitures » est une bonne idée, mais on sait bien que la prison améliore rarement les individus. Cette première partie, qui mélange cinéma social et étude des rapports entre deux frères, dans la veine du "Brothers" de la danoise Susanne Bier, fait l’objet de nombreux plans séquence très bien travaillés. La deuxième partie glisse vers le thriller, avec transport de corps dans un coffre et rencontre avec des individus inquiétants pour qui la violence tient lieu de conversation. C’est là, au bout d’une heure, dans les forêts des Ardennes, que le film commence à vraiment s’agiter et que la caméra à l’épaule prend possession de l’image, sans pour autant donner la nausée aux spectateurs.