Pour pousser les spectateurs à entrer dans une salle projetant "Les Ardennes", l'affiche convoque les frères Coen, Danny Boyle et Quentin Tarantino qui, pour les nombreux initiés, laissant sous entendre un cocktail d'action, de musique tonitruante, d'humour froid mais aussi gore, bref de la testostérone belge. On aurait pu rajouter les frères Dardenne mais cela aurait donné une touche trop sérieuse à l'ensemble voire un rapprochement trop simpliste. Pourtant, dans la première moitié du film, le réalisme de la mise en scène et des personnages, ce déterminisme social qui apparaît comme inéluctable porte bien l'empreinte des deux frères. Robin Pront, pose le sujet avec efficacité, comme une tragédie que l'on pressent, avec une femme au milieu, aimée de deux frères mais vivant avec le cadet sans que l'aîné, sortant de prison, le sache. A l'écran, la tension devient palpable, intense, en grande partie grâce aux deux acteurs principaux, impressionnants et le film, malgré une bande son électro tonitruante, s'engage sur les rails d'un cinéma réaliste et psychologique. Mais cette lutte fratricide va prendre un virage serré vers le thriller dur, déjanté et gore en se déplaçant vers cette pourtant paisible région des Ardennes. Tout s'accélère, se cristallise dans un climax mêlant effectivement des clins d'oeil aux cinéastes cités plus haut. Pour certains le film démarre enfin... Aah, de la violence, des voitures qui dérapent, des coups de feu, de l'humour très noir, du gore, un travelo, des autruches... On ne s'ennuie pas mais, pour moi, trop c'est trop! La dichotomie trop voyante, voire pesante entre les deux parties, scinde ce film en deux et le rend bancal. Le réalisme social du début disparaît pour un thriller goguenard, un brin surréaliste, accumulant les effets de style et de genre, noyant dans le sang et la boue et pour moi dans le presque grotesque, toute la justesse des ses intentions initiales.
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