C'est une histoire de frères qui se déchirent, une histoire comme il en existe des milliers, depuis la Bible jusqu'à Shakespeare. Difficile de faire original quand on tape dans ce sujet. A défaut de briller par son inventivité, "Les Ardennes" préfère faire dans l'efficace. Ici, il s'agit donc de Dave et Kenneth, deux voyous élevés dans un contexte social difficile. Issue de secours facile, la criminalité leur semblait bien. Mais un cambriolage a mal tourné et voilà que Kenneth est envoyé en prison. Sylvie, sa petite amie d'alors ne lui donne plus de nouvelles. Et pour cause, celle-ci est désormais en couple avec Dave et a décroché de la drogue. Cet équilibre précaire bascule donc quand Kenneth sort de prison. Quatre ans ont passé mais il veut reprendre les choses avec Sylvie et Dave n'ose pas lui avouer la nature de sa relation avec elle. Les retrouvailles sont tendues... Premier long-métrage de Robin Pront, "Les Ardennes" est basé sur une pièce de théâtre écrite par Jeroen Perceval, co-scénariste du film et interprète de Dave. Dès les premiers plans, Pront fait naître une tension renforcée par la musique assourdissante venant illustrer le bouillonnement intérieur de ses personnages. Qu'il verse dans le drame social, le triangle amoureux ou le thriller pur et dur, la tension est là, omniprésente. Il faut dire que Kevin Janssens, incarnant Kenneth, est une vraie boule de nerfs, une bombe qui menace de sauter à tout moment. Entre Dave et Kenneth, Sylvie est incarnée par Veerle Baetens, la révélation d'"Alabama Monroe", trouvant là un rôle touchant, celui d'une femme qui ne rêve que d'une vie banale alors que Kenneth fait tout pour la tirer vers le bas. "Les Ardennes" ne manque pourtant pas défauts, en témoigne sa mise en scène un brin tapageuse et une écriture qui n'embrasse pas complètement toutes les possibilités que le récit lui offre. Cela dit, le film a une véritable authenticité et déborde d'énergie. La première partie, presque un drame social, voit Dave et Sylvie faire face au retour de Kenneth tandis que celui-ci lutte contre sa nature tandis que la deuxième partie verse dans le thriller pur et dur avec un penchant pour la violence sèche et un peu d'absurdité. Si le film prend des allures de thriller pour mieux s'orienter vers un genre, il faut saluer avant tout son envie de faire dans le social : le milieu dans lequel Kenneth et Dave ont grandi ne laisse que peu d'espoir pour une vie meilleure. C'est un monde où les patrons sont des losers, enchaînant cigarettes sur cigarettes en regardant du foot à la télé, un monde où une femme doit servir des boissons à moitié nue pour gagner sa vie et où l'homme est plus facilement poussé vers la criminalité. Un monde impitoyable, parfaitement retranscrit dans la violence qui ronge "Les Ardennes" et qui ne pardonne pas.