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QBN
31 abonnés
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4,0
Publiée le 12 septembre 2014
Film testament. Intimidant. Expérience de 3h. Difficile à cerner. Face à quelque chose de plus grand que nous. Densité du propos. Saturation de l'image. Période du moyen âge sur une planète familière. Scientifiques humains censés chaperonner cet embryon misérable de civilisation. Boue, crachat, morve, excrément, obscénité, tripes à l'air, odeur nauséabonde, violence. Déambulation suffocante durant 3h parmi la fiente. Parmi la souillure d'un peuple ignare et ignorant. Où les dieux humains sont censés les guider vers la lumière.
Il Est Difficile d’Être Un Dieu est un film complètement fou, certainement le film le plus fou de ce début 2015, et probablement au-delà. Voilà un film, testament de son réalisateur mort quelques temps après le clap de fin, qui explose tous les codes cinématographiques en vigueur, pour livrer une partition artistique comme peu d’œuvres peuvent prétendre le faire. Il Est Difficile d’Être Un Dieu inquiétera quelques-uns des cinéphiles parmi les plus frileux, inquiets à l’idée d’un film à ce point à la marge et poussant si loin l’idée de création artistique. S’il est vrai qu’aujourd’hui le cinéma est devenu un média de masse (certaines sorties ont un nombre de salles parfois indécent), il devrait rester plus que tout un art et pour qu’il y ait art, il doit y avoir création et pour qu’il y ait création, il doit y avoir de nouveaux codes.
Il est très difficile de donner une note à ce film. A la fois excellent par son inventivité et le fait qu'il nous tient en haleine pendant trois heures, et nul car il manque un embryon d'histoire permettant de ménager un certain suspens. Il ne faut pas craindre le crad et le glauque tout au long du film; parfois c'est "too much" et cela ne rajoute rien à l'intérêt du film, mais peut rebuter pas mal de monde. En tout cas, je ne connais pas le livre, dont le film est inspiré, mais quand il n'y a pas de scénario le film peut commencer et s'arrêter quand le metteur en scène le décide, sans aucune contrainte. Le noir et blanc permet au film d'être plus soft et la façon de filmer contribue à augmenter l'étrangeté et l'aspect déglingue de ce film. Si certains pensent à Jérôme Bosh, je pense plus à Pasolini (pour l'aspect crad) et Kusturica (notamment Underground pour l'aspect décalé).
Un des premiers films en CINEMA 5D ... tellement dégoulinant de boue, de crachats, de vomi, d'urine et de viandes suspendues... qu'on a l'impression d'avoir l'odeur sur nous tout au long du film. Quand même trois heures de baffes et d'insultes pour parsemer le tout... et pourtant difficile de dire que le film est nul ... on peut quand même saluer le travail des acteurs et de la réalisation pour ce film mal odorant adapté d'un roman de sciences fiction des années 60.
Si nous lisons le synopsis tel quel on pourrait s'attendre à quelques effets spéciaux et pourtant nous plongeons directement dans un univers médiéval semblable à celui qui fut sur Terre et où l' invention de l’Hygiène de base reste à découvrir.
A noter que Alexeï Guerman qui est décédé quelques mois avant la sortie du film, a voulu filmé en noir et blanc car « les souvenirs n'ont pas de couleur » et puis d'un autre côté ça participe peut être aussi à rendre le film moins dégueulasse à l’écran? D’ ailleurs j'y pense... mais... si on avait voulu réaliser un documentaire en immersion dans un village au XXII eme siècle on aurait pas fait mieux dans le genre. Car au final on a aussi un peu l'impression de voir un épisode de "j'irais dormir chez vous " version moyenâgeuse avec tout ce que cela implique niveau salubrité (avec certainement un peu d'exagération
Il faut une certaine dose de patience et la curiosité pour aller au bout de ce film. J'ai faillit décroché à la 20 eme minute mais j'ai finalement tenu en serrant les dents ;->
À l'instar du Leviathan de Verena Paravel et Lucian Castaing-Taylor l'année dernière, Il est difficile d'être un dieu de Guerman tente, entre cruauté et distanciation, de refonder la place du spectateur dans la relation qu'il entretient avec un film. Au-delà de ses images d'une beauté sans compromission et d'une animalité se faisant de plus en plus rare - et donc infiniment précieuse-, l'ultime film du cinéaste russe est une œuvre profondément déceptive : alors que le fil narratif reste impitoyablement linéaire, la réalisation fait subir au temps et à l'espace des distorsions telles qu'elle ouvre des brèches à des dimensions insoupçonnées à l'intérieur même des séquences. Comme si Guerman avait fait que chaque photogramme du film atteigne le statut d'image mentale, rendant le sens général quasiment subliminal, et qu'il s'adresse directement à l'inconscient du spectateur.
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1,0
Publiée le 23 mars 2021
Comme beaucoup de leurs romans Il est difficile d'être un dieu de Arcadi et Boris Strougatski suit la même idée simple. Les auteurs se concentrent sur un personnage humain et sa lutte lorsque ses principes et ses croyances sont mis à l'épreuve et entrent en conflit avec la réalité environnante souvent très inhabituelle ou tout simplement étrangère. Les auteurs tentent d'étudier comment cette lutte oblige le personnage à grandir à faire un choix et à séparer ses propres principes fondamentaux des autres couches superficielles et surimposées du conditionnement social. En d'autres termes un personnage humain est le point central et le premier plan de cette histoire. Le film de Alexeï Guerman est tout le contraire. Il dépeint avec une cruauté graphique en noir et blanc et laisse tout le reste derrière lui. Je n'ai pas réussi à me connecter avec ce film à quelque niveau que ce soit. Ce n'est de toute façon qu'un objet artificiel fabriqué de toutes pièces. Le film aurait était plus approprié avec le titre Il est difficile d'être un réalisateur...
Fresque-expérience testamentaire virtuose. Chef-d’œuvre cinématographique inclassable, unique. Il est difficile d’être un dieu, film somme, œuvre testament d’Alexeï Guerman, relève de la pure création artistique bousculant les codes cinématographiques en vigueur. Réponse nihiliste et désespérée au chef-d’œuvre d’Andreï Tarkovski, Andreï Roublev, Il est difficile d’être un dieu forme une fresque ambitieuse et virtuose, une expérience filmée tant fascinante qu’exigeante qui s’appuie sur une réalisation et une mise en scène à la précision et au perfectionnisme infinis et prodigieux. Un monument démesuré du 7ème art où tout est superlatif. Plus de détails sur notre blog ciné :
On ne peut pas plaire à tout le monde, mais tout vaut le coup d'oeil ! A voir sans se poser de questions, sans attente, juste se délecter de ce monde dans lequel on nous entraîne et qui nous dépasse et nous faire rire ! sisi !
Euh,par quoi commencer tant ce long long-métrage de près de trois heures au scénario abscons est déconcertant.Un film foutraque qui respire la merde,la fange et autres fluides corporels peu ragoutants, une immersion dans un monde parallèle totalitaire dominé par la barbarie,bref,une œuvre unique en son genre qui a nécessité 12 ans à son auteur Alexeï Guerman,un des plus grands cinéastes russes auprès des Tarkovski et Sokhourov .Amateurs de blockbusters, passez votre chemin et vite!!!
il faut vraiment connaitre le livre et ses thematiques pour suivre le film elliptique pour un spectateur occidental, evident pour un russe, car le livre est tres connu la bas. en gros, une experience scientifique : comme les ethnologues vivre pour l etudier dans une civilisation d une autre planete sans interferer sur son deroulement. par derriere, plusieurs themes: la critique du diamat , le materialisme dialectique version stalinienne, une reflexion sur les utopies et la revolution ( meme si on change de regime , ca recommencera), une reflexion sur le bien et le mal . quand on connait le livre, on suit aussi les details de l histoire, parce qu il y en a une , tres forte en fait, mais quand on ne connait pas, je reconnais que c est dur et abscons. bon, le film comme ses enjeux , cest tres russe, violent, realiste, avec une humanite pas montree sous son meilleur jour... mais c est un film extraordinaire esthetiquement et filmiquement , je ne reviens pas sur les autres critiques sur cet aspect des choses, avec des references à Brueghel, Bosch, Durer et autres peintres de la periode . il est evident que ca derange, surtout dans notre monde actuel tres lisse ( ma generation a probablement ete plus habituee a un cinema plus derangeant, que ce soit avec Pasolini ou Tsarkovsky) : mais ce n est pas uniquement une question de cinema. nous vivons dans un monde tres protegé loin des fracas du monde et de la guerre. German, comme les russes et beaucoup d autres humains qui vivent sous les bombes savent que la guerre c est sale et brutal. et peut etre ne sommes nous plus capable de supporter cette realité .
Pardon mais je n'ai pas aimé ! Je m'attendais à un film hypnotique, surréaliste et poétique dans la lignée du style des frères Strougatski, auteurs du roman. Mais de l'univers si subtil de ces auteurs de génie injustement méconnus, le réalisateur n'a extrait que la crasse et le néant, autant dire une amputation en bonne et due forme ! Passable. Question adaptation de romans de ces écrivains, Stalker est plus réussi.
Poisseux, hermétique, incompréhensible, paradoxal mais aussi particulièrement clairvoyant, Hard to be a god est un film qui se dévoile dans son deuxième visionnage ce qui est, il faut bien le reconnaître, particulièrement difficile au vu de l'expérience qu'il fait subir à son spectateur.
Et pourtant ce film est un miroir de la Russie tellement radical et puissant, qu'il serai dommage de ne pas prendre le temps de voir ce qu'il nous décrit et nous raconte. Tout y dit dès les premiers plans, l'unique voix off introductive donnant toutes les clefs de compréhension avant de nous submerger dans la mélasse terrible que vit actuellement la Russie.
"Ce n'est pas la terre. C'est une autre planète, identique, 800 ans de retard..." "... Et la château gris locaux rappelaient le début de la Renaissance..." "Mais la Renaissance ne c'est pas produite ici. Juste une réaction à quelque chose cela ne s'est presque pas produit..." "ça a commencé par détruire l'université, de la façon de penser. Et une chasse aux penseurs, les sages, rat de bibliothèque et des artisans talentueux. Certains ont fui vers l'Irukan voisin. C'était mieux là-bas"
Je pourrai continuer mais, c'est bien de la pauvre Russie que l'on parle, traîné dans la boue, la fiente, diriger par un homme érigé en dieu qui joue de la flûte au sonorité de jazz qui ouvre et ferme le film, entouré d'hommes à son service traité comme des animaux. Intouchable, in-tuable, qui entraîne son monde dans une quête qui ne mène nulle part, ni pour lui, ni pour son peuple.
Les personnages regardent la caméra régulièrement, comme pour interroger le spectateur devant ce spectacle grotesque et terrible, le spectacle d'un peuple traîné dans la boue, d'un gâchis comme nulle autre dans cet univers. à l'image de cet homme qui range un semblant de jeu d'échec au début, la Russie se prépare à subir Poutine, un film toujours plus d'actualité aujourd'hui qui ressemble à un appel à l'aide devant un arcaisme subit qui détruit tout à commencer par ses propres enfants.
Un propos magnifiquement bien déguisé et pourtant si courageux dans un tel pays, qui fait de "hard to be a god" une œuvre aussi puissante que terrible.