Critique du film The Brigand of Kandahar (introuvable dans le répertoire Allociné...)
The Brigand of Kandahar, dernière collaboration entre le studio anglais de la Hammer et celui, américain, de la Columbia, souffre de la prestation médiocre d’acteurs de seconde zone, tantôt blafards tantôt exubérants – mention spéciale à Oliver Reed, insupportable mentor puis antagoniste dont le surjeu, avec ricanement omniprésent et gros yeux, révèle par opposition la fadeur de Ronald Lewis. De plus, l’intrigue enchaîne les clichés sans parvenir à les habiller d’une forme envoûtante, alors même que l’orientalisme est convoqué par le personnage féminin de Ratina : nous anticipons chaque retournement de situation, empêchant toute surprise de poindre.
En revanche, malgré ces défauts importants, plusieurs détails réhaussent l’intérêt pris devant cette production de genre : d’abord le goût pour l’aventure, servi par des séquences de combat qui atteignent non sans quelques accrocs – un cheval et son cavalier tombent, ce que tente de divulguer le montage, la respiration visible de soldats pourtant exécutés etc. – un registre épique soutenu par le recours à de nombreux figurants pour représenter les camps ennemis. La clausule conçoit une chevauchée digne des westerns non sans efficacité. Ensuite, le réalisateur John Gilling s’intéresse aux couleurs, notamment à l’opposition entre le rouge de l’uniforme anglais et le blanc de la tunique indienne : une très belle idée de mise en scène tient au camouflage des belligérants dans un maquis rocailleux et à leur sortie coordonnée, soit l’irruption de dizaines de voiles blancs ou de combinaisons rouges sur fond vert (végétation) et orange-marron (terre). Ce parti pris esthétique revient à plusieurs reprises et confère au long métrage une ambition plastique appréciable, qui complète l’amour de la Hammer pour les difformités physiques – voir l’irruption du soldat anglais défiguré que Eli Khan martyrise à coups de fouet. Enfin, le film recourt à l’hindoustani, langue indoeuropéenne parlée ici par les rebelles indiens, en veillant à ce que les acteurs, pour la plupart anglais, soignent sa diction. Une authenticité verbale surgit alors au sein d’une production artificielle tournée pour l’essentiel en studio, et qui ne restera pas dans les annales ni du film historique ni de la maison de production Hammer.