Un groupe terroriste kidnappe le fils de la Ministre de la Défense dans le but d’obtenir un dossier classé secret défense. La Ministre n’a d’autre solution que de faire appel à Jack, un ancien membre des forces spéciales.
Ce film d’action « 100% bigouden » vaut assurément le coup d’œil ne serait-ce que pour découvrir l’acteur Jacques Stival « le Rambo breton », de son vrai nom "Jacky Bouedo" (allez savoir pourquoi il a choisi "Stival", faut-il y déceler un lien avec Steven Seagal ?). Ce type est tellement WTF qu’il a même eu droit un documentaire à sa gloire : Tu doutes, tu perds (2016) de Dominique Baumard. Toujours est-il que Jacques Stival n’a rien à voir ni de près ni de loin avec le milieu du 7ème Art. Le bonhomme est agriculteur et s’est fait connaître grâce à un record mondial et pas n’importe lequel, celui d’avoir réalisé un exploit agricole en restant éveillé au volant d'un attelage de 31 tonnes en effectuant un labour durant 36 heures ! Après plusieurs années aux volants de ses tracteurs, il décide de se lancer dans sa passion qu’est le cinéma d’action et s’improvise acteur & producteur.
Après le court-métrage Le Missionnaire (2011) de Fabrice Colson où il incarnait... un missionnaire, Jacques Stival passe à l’étape suivante, en produisant L'Échange (2014), un film d’action de 75min intégralement tourné en Bretagne pour un budget infinitésimal de 25 k€ (Stival aime raconter à qui veut l’entendre que ça lui aurait coûté près de 2 millions) et quasi intégralement financé par Stival lui-même. Principalement tourné à Guingamp & Belle-Isle-en-Terre en Côtes-d'Armor (et notamment dans l'ancienne usine "Papeteries Vallée", transformée en repaire soviétique), Stival étant originaire de Bretagne, il n’a pas eu trop de mal à avoir l’aide du conseil général pour obtenir quelques facilités, à savoir des lieux de tournage, voir même une 2x2 voies (le temps d’une matinée) pour tourner la séquence de l’hélicoptère sur l’autoroute.
Mais le film est surtout connu non pas pour ses qualités scénaristiques ou artistiques, mais plutôt pour ses déboires judiciaires et l’absence de talent de Stival. En effet, le film n’est jamais sorti en salle en dehors d’une AvP sur Paris en 2013, bon nombre de factures restent impayées, idem pour les salaires des techniciens ayant travaillés sur le film. Sans oublier la société de production de Stival & Natacha Amal (son épouse de l’époque) qui a fait faillite et les nombreux procès depuis la fin du tournage en 2011. Jacques Stival de son côté mérite que l’on s’attarde sur son non-jeu, car ce dernier, dépourvu d’une once de talent, grimé en Rambo du pauvre, a au moins le mérite de nous donner le sourire lorsqu’on le voit s’échiner à donner vie à son personnage.
On ne va pas se mentir, le film est très largement pompé sur le film de Ted Kotcheff, Stival nous rejoue quelques beaux moments interprétés par Sylvester Stallone et comme s’il fallait en rajouter d’avantage, même la B.O (belle composition il faut bien l’admettre) ressemble à s’y méprendre au main theme de Rambo. La réalisation de son côté est, reconnaissons-le, plutôt bien torchée (les réalisateurs en étaient à leur premier long-métrage et vu l’absence de budget et de talent à leurs côtés, ils ont réellement fait avec les moyens du bord). Si l’on pourra toujours leur reprocher l’utilisation abusive de l’effet shaky cam, pour ce qui est du reste, ils s’en sortent plutôt bien. A noter aussi que, grâce au bagout de Stival et malgré l’absence de budget, ils ont tout de même bénéficié de moyens assez colossaux, entre les prises de vues aériennes, l’hélicoptère, la séquence de l’autoroute ou encore les nombreuses explosions (qui, pour la petite anecdote dévoilée par un des réalisateurs, était coordonnée non pas par un artificier du cinéma mais par un type en charge de faire péter de la dynamite dans une carrière !).
Au final, ce petit film d’action breton & testostéroné s’avère être mauvais de par ses interprétations mais sauvé par une réalisation soignée et convaincante (25 k€ pour 30 jours de tournage, je vous mets au défi de faire mieux). Cependant, on n’est pas sûr de vouloir continuer de voir Jacques Stival campé des ersatz de Rambo, peut-être devrait-il continuer à conduire des moissonneuses-batteuses ?
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