Quand le générique de fin apparaît sur l’écran, on se dit qu’on n’a pas perdu son temps devant le dernier film de Jolie, parce qu’indéniablement, c’est un bon film très maîtrisé. Son récit se décompose en trois partie, la première partie du film alterne le présent (les combats aériens) avec le passé (l’enfance, le sport, les JO de Berlin). Même si ce n’est pas le moment le plus intense de son récit, c’est plutôt bien scénarisé et la scène d’ouverture de combat aérien est même assez bluffante. Immédiatement, son héros est attachant : dés les premières scènes d’enfance, on sent de la tendresse dans sa façon de filmer l’ascension sportive et humaine du jeune Louie. La deuxième partie, à mon sens la plus forte et le plus intense, c’est celle de la survie au milieu de l’océan, les scènes sont éprouvantes mais on est scotché sur notre siège devant cette esquif minuscule qui dérive, devant ses hommes qui meurent d’insolation, de faim et de soif à un point qu’on a du mal à imaginer. L’intensité dramatique de cette deuxième partie est portée à son maximum et çà fonctionne à plein sur le spectateur. La troisième partie, le plus longue, celle que la captivité et la relation malsaine, étrange, sadique qui se noue entre Zamperini et Watanabe, est pour moi celle qui fait baisser le film d’un ton. Elle est (volontairement) interminable, comme ont du sembler interminables ces derniers mois de guerre à Louie. C’est un enchainement de scènes d’humiliation et de résistance, et la réalisatrice montre dans cette dernière partie quelques faiblesses. La réalisation d’Angélina Jolie, n’est pas exempte de défauts, principalement dans cette longue dernière partie : enchainements un peu communs, effets de manche déjà vus, voire même usés jusqu’à la corde (le regard et le sourire entre le jeune américain et le jeune japonais dans le stade olympique, on sait immédiatement où elle va nous emmener !), longueurs assez déplaisantes sur les scènes de violence. Elle prend le parti d’axer son récit sur la relation sadique qui « unit » Watanabe et Zamperini, sans que l’on ne comprenne jamais les vraies motivations du japonais, sans que l’on sache réellement si c’est ce regard et ce sourire du début que Watanabe fera payer et pourquoi. J’ajoute que son Watanabe est étrangement efféminé et que cela donne une impression bizarre, pour ne pas dire plus. Elle cède aussi à quelques scènes « christiques » qui plaisent surement plus au public américain qu’à moi (la scène du gros morceau de bois, çà fait très « chemin de croix »). Mais ce sont les défauts d’une réalisatrice qui se cherche encore un peu mais qui promet beaucoup car à côté de cela, il a plein de bonnes idées : de jolis plans, un récit malgré tout très maîtrisé, un rythme qui baisse rarement (on ne s’ennuis pas et çà dure 2h20 quand même !) une photographie soignée et un très bon casting. C’est un rôle en or pour Jack O’Connel qui porte sur ses épaules l’intégralité des 2h20 de film, il campe un personnage attachant et réussi à faire passer énormément de choses dans son interprétation. Cela doit être particulièrement difficile de jouer un rôle pareil, interpréter un homme (encore vivant au moment du tournage, décédé depuis) d’un tel courage dans des situations pareilles. Cela doit être physiquement une épreuve aussi pour un jeune acteur : chapeau à lui ! A ses côtés, le reste du casting est très bon mais il n’y a pas véritablement de second rôle à part Watanabe. L’acteur japonais Miyavi est terrifiant de sadisme, tout en étant élégant et raffiné, son interprétation fait froid dans le dos, ce qui prouve qu’il a parfaitement tenu son rôle.